1927 - 1944 | Miejsce urodzenia: | Miejsce aresztowania: | Miejsce zamieszkania:

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Simone GUEMPIK, 1927 – 1944

 

Bonjour, nous, les élèves de 3ème 2 du Collège les Blés d’Or, situé à Bailly-Romainvilliers dans le département de Seine-et-Marne, avons engagé notre classe avec nos professeurs de français et d’histoire, dans le projet du Convoi 77. Nous souhaitons participer à un devoir de mémoire en essayant de rendre hommage à trois personnes de ce convoi.

Nous avons choisi de mêler autobiographie fictive et partie narrative en gras pour rendre vie à ces trois disparus que nous avons choisis en classe. Tout d’abord, le regard des garçons s’est porté sur Salomon Israël en fonction de son âge, 17 ans lors de sa déportation, car nous nous sentions proches de lui et nous nous sommes aperçus qu’il avait été déporté avec sa mère, Sarah Israël. Nous avons donc étudié la mère et le fils. Les filles ont, elles, choisi Simonne Guempik pour la même raison.

       

Pour écrire la biographie, nous avons utilisé comme sources des documents fournis par l’association Convoi 77, nous avons aussi utilisé les archives de l’état civil de Paris. Nous avons aussi puisé nos informations dans les archives du site internet du Mémorial de la Shoah, ou encore celui de Yad Vashem. La lecture du Journal d’Hélène Berr nous a beaucoup aidé ainsi que l’autobiographie de Ginette Kolinka ou d’Henri Borlant ou de Simone Veil ou d’Ida Grinspan. Nous avons aussi visionné une interview de Marceline Loridan, « Ma vie balagan ». En effectuant nos recherches, nous avons eu la chance de découvrir une nièce de Simonne, Arielle Guempik, avec laquelle nous avons fait une visioconférence et elle nous a gentiment fourni les photos qu’elle avait encore en sa possession. Toutes ces sources nous ont permis d’en savoir plus sur les personnes étudiées pour les faire revivre et ne pas les oublier. Nous avons trouvé deux orthographes pour Simonne, avec un seul n à la française ou avec deux n à la russe. Nous avons choisi de ne conserver qu’une seule orthographe.

 

 

Chers lecteurs,

 

Je m’appelle Simone et voici ma biographie, mon histoire, ma vie. Je promets de vous dire la vérité et rien que la vérité et que je n’inventerai rien. Je vais rester moi-même pour que l’on voit la personne que je suis. Je ne vous oblige pas à lire, mais si vous faites le choix de rester, ce sera pour moi le moyen de me montrer telle que je suis et la manière dont je vis en tant que juive française.

 

Tout d’abord, comme je vous l’ai dit au début, mon nom est Simone, Simone Guempik. Je suis née le 22 février 1927 à Paris dans le 20ème arrondissement, au 123 Boulevard de Port-Royal. Je suis une jeune fille comme les autres, je vais à l’école et je veux faire des études. J’habite au 6 rue Félix Terrier dans le 20ème arrondissement de Paris. C’est un quartier assez pauvre mais je ne m’en plains pas.

 

Ce document est un certificat de naissance, on y apprend le nom de ses parents Hereik Leib Guempik et Sarah Klemberg. Elle est née le 22 février 1927 à 5 heures du matin, boulevard de Port Royal à Paris. Son père est né à Kamenetz en Ukraine en 1891, ville cédée aux Russes en 1921. Il exerce la profession de tailleur. Sa mère est née à Smokretch en Russie en 1895 et elle est sans profession, mère au foyer. Ils sont domiciliés au 140 rue de Ménilmontant dans le 20ème arrondissement.

 

Cette photographie représente le quartier Félix Terrier dans le 20ème arrondissement de Paris. Nous connaissons cette nouvelle adresse par les recensements de 1936 et le certificat de domicile fait en 1951. Nous remarquons que c’est un quartier neuf, voie ouverte en 1929, un quartier populaire. Ce qui correspond à ce que nous savons de la vie de Simone. 

 

     

Je suis d’origine ukrainienne car c’est là-bas que mes parents sont nés. Mon père s’appelle Heirch Leib et est né le 10 mai 1891, ma mère s’appelle Sarah et est née le 13 avril 1899. Avant de venir avec ma mère en France, mon père était déjà venu une première fois en France en 1907. Il était accompagné de deux frères, Salomon et Yankel et de leur mère Bassia Bodner. De nombreuses violences contre les Juifs avaient lieu en Ukraine et c’est pour cette raison qu’ils avaient choisi de quitter le pays. Ils ont vécu à Paris dans des foyers dans le quartier de la Bastille. En 1909, il retourne chercher sa femme Sarah en Russie, mes grands-parents maternels étant contre cette union, mon père a alors enlevé ma mère. Ils perdent leur acte de mariage pendant le voyage, ce qui explique pourquoi ils se remarient à Paris. Il a par la suite participé à la guerre 14-18 aux côtés des Français et notamment à la Bataille de Verdun. En 1924, ils ont obtenu la naturalisation française pour eux et leurs quatre premiers enfants nés à Paris, ce qui prouve leur choix définitif de vivre en France. Il était intégré et naturalisé. Il aimait la France qu’il définissait comme la terre des libertés et se sentait en totale sécurité.

Sur le site de Yad Vashme, on trouve des cartes pour chaque déporté, mentionnant leur lieu de naissance, de résidence et de mort. Voici celle de Hersch Guempik

 

       

La naturalisation en 1924 et la carte d’électeur du père en 1933 prouvent que lui et sa famille voulait être les mieux intégrés possible

 

 

En 1939, mes parents sont à la tête d’une famille nombreuse, nous sommes 12 enfants, 5 garçons, Henri 23 ans, René 20 ans, Albert 17 ans, Claude 7 ans, Boris 5 ans et 7 filles Fanny 25 ans, Adèle 19 ans, Lucienne 14 ans, Ida 11 ans, Rose 9 ans, Danielle, 1 an et moi-même j’ai 12 ans. Mes parents ont perdu une enfant en 1924, Marcelle morte alors qu’elle n’était âgée que de quelques mois. Sa mort a beaucoup affecté la famille.

 

La personne dont je suis la plus proche est Ida, ma petite sœur. Certains sont déjà mariés et ont quitté le domicile. A la maison, je partage ma chambre avec mes sœurs. Mes frères eux aussi partagent une chambre, et les plus petits dorment encore dans la chambre des parents. Notre appartement compte 4 pièces. Nous n’avons pas beaucoup d’argent, mais je suis optimiste et me contente de ce que nous possédons. Mon père est démarcheur, Henri est livreur, René est maroquinier, Fanny est sténotypiste et Adèle est modiste. Dans ce quartier populaire, on compte beaucoup de Juifs. Tout le monde se connaît dans l’immeuble, donc nous sommes solidaires les uns avec les autres, et aussi avec les nouveaux arrivants immigrés. Notre famille s’est recomposée à Paris. Nos oncles, tantes et cousins habitent également dans le même arrondissement donc nous nous côtoyons souvent. Seul mon oncle Salomon a décidé de partir s’installer aux Etats-Unis en 1915.

 

 

Voici un premier arbre généalogique pour comprendre que les grands-parents paternels de Simone sont Faitel et Bassia (celle qui est venue avec Heirch en France). Ils ont eu 4 enfants : Yankel, Dina, Salomon et Heirch. Seul Salomon a survécu à la Shoah. Et Heirch et Sarah ont eu 13 enfants. Grâce à Arielle, nous connaissons l’existence de quelques enfants de la 3è génération.

 

 

Sur cette photo, on voit la fratrie dans la cour de notre immeuble :de droite à gauche debout, Simone, Albert et Hilda, de droite à gauche assis, Rose, Boris et Claude

 

 

Nous avons ici une photo de Fanny et Henri avec Heirch

 

Et pour finir, ici se trouvent les deux parents de cette fratrie, Heirch et Sarah, ainsi que René (à la droite, Henri au centre et Fanny à l’extrémité)

 

Faire des photos était signe qu’ils étaient intégrés car ils voulaient être acceptés comme de bons français et ils étaient habillés de façon classique sans signes distinctifs de leur religion ou de leur origine.

 

Au début de la guerre en septembre 1939, notre famille est confiante car nous croyons en l’armée française. De plus, nous sommes tous français et mon père est un ancien combattant. Mon père se sentait réellement intégré au pays. Même s’il est un émigré, à ses yeux, la France est son pays de cœur. Il est donc particulièrement lié à celle-ci. René et Henri sont mobilisés et nous sommes un peu inquiets pour eux. En juin 1940, avec la défaite, les choses ont commencé à changer pour nous, l’arrivée des Allemands nous a fait peur car mes parents connaissent leur antisémitisme. A Paris, ils sont partout et je les croise en allant à l’école. On apprend très rapidement que René a été fait prisonnier. En octobre, les nouvelles lois du statut des Juifs sont impitoyables pour nous, des affiches fleurissent contre les Juifs et beaucoup de nos voisins perdent leur travail. L’atmosphère n’est plus la même.

De nombreuses brimades et interdictions apparaissent, nous avons dû rendre notre radio, nous séparer de notre seul vélo, nous sommes contraints de respecter des horaires particuliers pour faire nos courses, de plus en plus, nous sommes traités comme des indésirables. Albert décide de s’engager dans la résistance, il ne supporte pas la façon dont nous sommes considérés et il veut se battre. Mes parents font le choix de se séparer des petits pour les cacher et les mettre à la campagne en zone libre. L’ambiance à la maison est de plus en plus tendue, ma mère est très triste.

 

Cette photo date de 1944, elle représente les deux groupes de résistance, les FTP de la compagnie Saint-Just dans laquelle s’est engagé Albert, le frère de Simonne et la compagnie Guy Moquet en août 1944 à la Libération

 

Mon père est très affecté de la situation, lui qui avait confiance dans la France, il se sent trahi. Il est humilié d’avoir un tampon « Juif » sur sa carte d’identité et il craint les rafles qui ont commencé au printemps 1941. Certains voisins disparaissent, seuls les hommes semblent concernés. A partir de 1942, nous devons porter une étoile jaune cousue sur nos vêtements, l’humiliation est totale. Notre tante Dina a fait le choix de quitter Paris pour s’installer à Nantes mais nous apprenons qu’elle vient d’être arrêtée en octobre 1942 et nous n’avons plus de nouvelles d’elle. Au début 1943, notre oncle Yankel se fait arrêter à son tour avec sa femme Rebecca et eux aussi disparaissent. L’étau se resserre et nous nous sentons de plus en plus en danger. Du haut de mes quinze ans, je vois bien qu’on veut se débarrasser de nous les Juifs. Des voisins ont aussi disparu. On parle de nous faire travailler à l’Est. Mais ce départ vers l’inconnu nous inquiète. Qu’avons-nous vraiment fait ? Nous n’avons plus de nouvelles de notre famille et le courrier ne passe plus.

En décembre 1943, mon père ainsi que mes deux sœurs, Ida et Fanny sont arrêtés à la maison, des policiers cherchent à retrouver Albert mon frère résistant. Albert persuadé que c’est le concierge qui les a dénoncés va plastifier sa loge. Je suis anéantie. Comment allons-nous faire pour vivre ainsi sans Papa et Ida qui était mon double ?

Ma mère décide alors d’aller vivre à Montreuil chez ma sœur Adèle pour échapper à une éventuelle nouvelle arrestation. Je continue à faire des aller-retours entre les deux domiciles. J’essaie de me rendre utile pour ma famille.

Ma mère réussit à rester à Paris et à garder l’appartement malgré l’aryanisation des logements et malgré les faits de résistance de la famille. Adèle est démonstratrice en parfumerie et elle a un petit ami dont elle est très amoureuse, il s’appelait Pierre Marlon mais lui aussi est résistant. 

 

Ce document est la fiche d’arrestation du père de Simonne. On voit dans son entête écrit : « Renseignement relatifs à l’arrestation et l’exécution, l’internement ou la déportation »

C’est la police française qui les a arrêtés lui (Heirch) avec Fanny et Ida à leur domicile sur dénonciation. Nous avons appris par la suite que c’était la gardienne de l’immeuble qui les avait dénoncés. Dans ces temps-là, dès que les gens apprenaient que d’autres étaient Juifs, ils n’avaient plus aucune solidarité. Ils dénonçaient les autres sans pitié. C’est donc de cette manière que le père de Simonne et deux de ses sœurs se firent arrêter. Deux personnes de la famille de Simonne ont témoigné avoir vu son père et ses sœurs se faire arrêter. Par la suite, ils seront déportés dans le convoi numéro 63 du 17 décembre 1943. Il n’y aura aucun survivant.

               

 

En juin 1942, les violences contre les Juifs ont commencé à prendre de l’ampleur. On sait grâce au journal d’Hélène Berr que les Juifs doivent porter l’étoile de David cousue sur leurs vêtements, ils ne peuvent aller dans des magasins qu’à une heure précise entre 15 et 16 heures, et ils étaient obligés de s’asseoir en seconde classe dans le bus ou le métro.

 

 

Le 18 juillet 1944, en rendant visite à ma mère, avec mes deux sœurs, Adèle et Lucienne, nous nous faisons arrêter dans la rue par les Brigades Spéciales de la préfecture de police. Je suis terrorisée mais soulagée d’être avec mes sœurs. Nous sommes emmenées au dépôt puis au commissariat le 22 juillet. On m’interroge longuement sur ce que je peux savoir de Pierre Marlin et de son réseau de résistance. Je quitte le commissariat désemparée le 26 juillet car je viens d’être séparée de mes sœurs, le bus m’emmène à Drancy.

 

                     

Nous savons que Simone se fait arrêter avec ses deux sœurs Adèle et Lucienne mais leur sort ne va pas être identique. Le 20 et 25 juillet Lucienne Gabay (nom d’épouse) est interrogée pour usage de faux, en effet elle a présenté une fausse carte d’identité. Il en est de même pour Adèle. Mais on peut se poser la question suivante : où sont-elles du 18 au 20 juillet ? Leur mère va être aussi arrêtée le 20 juillet à une heure du matin pour être interrogée également. Nous avons retrouvé sa déposition. Simone, elle-même n’est enregistrée au commissariat que le 22 juillet et elle en sort le 26 pour Drancy. Elle y est envoyée seule alors que ses sœurs sont incarcérées à la prison de la Roquette jusqu’en août 1944.

Ses sœurs ont-elles échappé à la déportation du fait de leurs nombreux interrogatoires ? Evitent-elles ainsi le dernier convoi du 31 juillet ? On les questionne notamment pour retrouver le petit ami d’Adèle, Pierre Marlin, résistant actif (on sait d’ailleurs qu’il sera arrêté peu de temps après : pour avoir fait de fausses cartes d’identité et pour détention d’armes à son domicile, il sera remis aux autorités pour être déporté. Il enverra une lettre pour donner de ses nouvelles mais il ne reviendra pas des camps. Adèle, jusqu’à la fin de sa vie, portera une photo de lui, même si elle a refait sa vie et a fondé une famille). On sait également que Sarah, essaie de faire libérer ses filles dès l’été 1944. Le hasard fait que Sarah est libérée le jour où Simonne part de Drancy pour Auschwitz.

 

 

Déposition de Sarah et ci-dessous documents de la police concernant l’arrestation de Simonne

 

             

 

 

 

Photos prises par la police en juillet 1944 des trois sœurs (Adèle en haut, Lucienne au milieu et Simone)

           

Le camp de Drancy est le symbole français de la déportation des Juifs, situé à quelques kilomètres de Paris, au cœur de la cité de la Muette prévue dans les années 1920 pour être un modèle d’urbanisme social et il peut se résumer à deux chiffres : 67 000, le nombre de juifs déportés (sur un total de 75 000) y ayant transité et 80 000, le nombre d’individus définis comme Juifs (selon les critères raciaux en vigueur) qui y ont séjourné entre quelques heures et les trois années d’activité du camp, entre l’été 1941 et l’été 1944. 

 

 

Je suis enregistrée à Drancy sous le numéro 26 970, le 26 juillet 1944.

Je suis complètement perdue. Ce lieu est comme un grand labyrinthe avec des grands immeubles qui forment un U. A l’entrée, nous avons tous été fouillés. Je me sens humiliée et déboussolée.

Ce sont des soldats français qui sont présents dans le camp, durant les quatre jours que je passe à Drancy, je n’ai vu aucun soldat allemand.

 

 

Sur l’acte de victimes de guerre sont inscrits son identité, sa date de naissance, son adresse et la mention de déporté politique. Il est aussi écrit « Arrêtée par la police française le 18 Juillet 1944 et Déportée en Allemagne » et la mention « plus aucune nouvelle depuis ». Il est inscrit qu’elle est déportée politique mais elle a été déportée à cause de sa religion juive.

 

Sur l’acte de disparition, les circonstances de son arrestation sont décrites et en bas il est indiqué qu’elle est connue aux archives de la direction des renseignements généraux.

Il est aussi inscrit que sa mère, Mme Veuve Guempik, a été entendue le 9 avril 1945 au sujet de l’arrestation de sa fille et qu’elle est inconnue aux archives de la police et il semblerait qu’elle cherche à retrouver sa fille qui a disparu.

 

Le 31 juillet, des bus viennent nous chercher pour nous amener à la gare de Bobigny. Sur place, on nous fait monter de force dans des wagons à bestiaux sans distinction de sexes ou d’âges. Avant même le départ, c’est horrible dans le wagon car on est beaucoup trop nombreux, on n’a pas d’espace intime, on est serré les uns contre les autres. Rien n’est prévu pour manger ou boire. Après avoir fait monter tout le monde, les portes sont fermées. A l’intérieur, il fait relativement sombre. Quand la locomotive commence à avancer, des enfants se mettent à crier mais ils se sont vite arretés. De longues heures passent à l’intérieur de ce wagon, des personnes veulent uriner mais à l’intérieur du wagon il n’y a qu’un sceau pour tout le monde. Un jour entier passe dans ce wagon, et beaucoup de personnes se plaignent d’avoir trop chaud. Au fil du temps, j’entends moins de personnes parler, moins d’enfants pleurer, la seule occupation qu’on peut faire dans ce maudit wagon est prier. Certains évoquent le nom de Pitchipoï comme destination.

 

Ce document vient du bureau des anciens combattants et victimes de guerre, on peut lire que Simonne Guempik a été arrêtée pour motif racial le 18 juillet 1944 à Paris et qu’elle a été internée le 26 juillet 1944 à Drancy sous le numéro 26970, elle est déportée le 31 juillet 1944 pour le camp de concentration Auschwitz.

Le 3 août 1944, en sortant du wagon je découvre autour de moi un quai et plein de gens. Des personnes nous disent que si on est fatigué ou avec un enfant il faut se diriger vers des camions. Nous ne savons pas où nous sommes, il y a au loin de grandes cheminées et une grosse fumée noire s’en échappe et une odeur âcre nous prend à la gorge. A ce moment, je vois un petit enfant seul, je décide alors de le prendre dans mes bras pour le rassurer et c’est là qu’on me dirige vers un camion. On nous emmène un peu plus loin vers une forêt de bouleaux. Nous descendons vers une salle souterraine et là on nous demande de nous déshabiller pour nous doucher : je trouve cela très étrange et embarrassant car je ne connais pas les autres personnes et hommes et femmes sont mélangés. Je fais tant bien que mal bonne figure devant le petit pour ne pas l’inquiéter davantage. Des Allemands referment la porte derrière nous.

           

Plusieurs documents témoignent de la mort de Simonne et certains sont contradictoires ce qui témoignent de la méconnaissance et du flou de cette époque : elle est déclarée morte à Drancy sur plusieurs documents puis à partir d’une loi de 1947 déclarée morte dans les 5 jours qui suivent le départ de son convoi soit le 5 aout 1944. Les archives de Birkenau –Auschwitz II sont incomplètes ou manquantes.

Sa mère entreprend des démarches administratives et des recherches pour retrouver sa fille dès son arrestation et malgré cela ses difficultés de maîtrise de la langue française, sur certains documents, on signe pour elle. En 1946, elle est reconnue morte car « non rentrée » et en 1954, elle est reconnue victime de guerre en tant que déportée raciale.

           

Les recherches sur Simone nous amènent à faire un bilan familial élargi : les petits cachés à la campagne sont récupérés sains et saufs mais on déplore plusieurs morts en plus de Simonne, comme en témoigne ce nouvel arbre généalogique élargi. Nous avons souhaité ainsi que les descendants de cette famille puissent se retrouver sur cet arbre. L’orthographe nous a parfois compliqué les recherches, quand Guempik devient Gempex par exemple. Impossible aussi de retrouver le frère prisonnier de guerre sur les listes de prisonniers, erreur de nom ?

Arielle Guempik, la fille d’un frère de Simonne, Albert, s’est déplacée à Jérusalem au Mémorial de Yad Vashem pour remplir des feuilles de témoignages. Ce sont des fiches disponibles dès l’entrée en plusieurs langues qui permettent aux visiteurs de témoigner de l’existence de telle ou telle personne connue mais disparue, comme une bouteille à la mer. C’est parfois le point de départ pour retrouver la destinée d’un « non rentré ». C’est en trouvant cette feuille de témoignage que nous sommes entrés en contact avec Arielle : nous avons pu échanger avec elle par mails et nous avons eu un entretien en Visio conférence.

Aujourd’hui, le nom de Simone reste gravé à jamais sur le mur des noms à Paris au Mémorial de la Shoah et sur la pierre tombale familiale.

 

 

 

           

Louise, Victoria, Margaux, Lauren, Louna , Aïdan et Jérémie.

 

  

 Arbre généalogique: 

Maurice
Yankel ( 1881-15/02/1943) Rebecca    Lippelman Léon
Fanny
Maurice
Dina (1886- 9/12/1942)     Avrum Herch Garber (9/07/1908) Wolf (Paul
Charles
Isaak (Jacques)
Léon
Marcelle
Faitel Guempik Bassia Bodner Salomon (1888- ?) Goldstein

Paule Schouster (13/7/1915 à Paris)

Ardine
Debbie Jordan Jenny Noah
Michelle
Neil
James
?
?
Fanny (1914-1943)  Joseph Wolf Jean-Pierre  Maguy
Bertrand (1962- )
Marianne
Henri (1916- 1992) Louise Milstejn Claude (1951- )
Herch-Leib (1891 – 1944)  Sarah Klemberg René ’ (1918-2000)  Fanny Jakubowiez //

Stéphanie 1979

 

 

Alexandra (1979- )

Adèle (dite Andrée) (1920- 2016) Jean-Marie Chrétien Didier adopté (1944)

Paulette

 

// ?

Mickael  Julie 6 enfants
Rebecca
Dora  Claude Chana Chaï
Ethan
Lola
Albert (1923 – 1988) Madeleine Welk  Arielle  (1962- )
Marcelle ( 1923-1925)
Lucienne (1925-2013)

Marcel Gabay 1943

Danielle
Josseline (1945- )
Simone
Nadège
Eric
Simonne (1928-1944)
Ida (1929-1943)
Rose (1930-2003)

Lucien Kuchmann

Serge
Joëlle
François
Frédéric
Claude (1932-2017) Francelyne Lajarrige Murielle (1964- ) Laurent
Boris (1934-2021) Claudine Heuze 1960 Nadine (1967- )  Charles Cavanaugh
Brian
Killian
Sarah
Danielle (1938-2020) Georges 1964 Géraldine (1973- ) Mayana

 

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