Madeleine Édmonde STRAUSS née GEISMAR
Extrait d’acte de naissance avec comme premier prénom Madeleine, et comme second Édmonde, à défaut de photographie. Crédit : PAVCC, SHD, Caen.
Biographie réalisée par Sigrid GAUMEL, Agrégée de Géographie
Nous avons essayé ici de retracer l’histoire personnelle de Madeleine Édmonde Strauss née Geismar. Nous invitons le lecteur à consulter également les biographies de Léon Norbert Strauss, de Lydie Strauss née Zitko, de Rosalie Marie Geismar née Bogusch, et de Juliette Jeanne Bogusch sur le site de l’association Convoi 77[1]. Ces 5 personnes, d’une même famille juive ayant vécu à Colmar (Haut-Rhin), ont toutes été déportées à Auschwitz-Birkenau, par le convoi 77, le 31 juillet 1944.
La petite enfance de Madeleine à Colmar sous l’empire allemand (1911-1914)
Madeleine Édmonde Geismar naît le 24 avril 1911 à Colmar au 35 Bärengasse[2] (35 rue de l’Ours). Elle est la fille unique de Rosalie Marie Geismar née Bogusch le 23 février 1881 au 14 Neue Strasse à Hanovre, en Allemagne[3] et de Marcel Geismar, né le 23 septembre 1878 à Turckheim au 89 Judengasse (89 rue des Juifs)[4]. Ses parents, cousins, se sont mariés le 08 août 1910 à Colmar[5]. Son père, Marcel Geismar, exerce la profession de marchand[6]. Depuis le traité de Francfort (10 mai 1871), l’Alsace et la Moselle sont annexées de fait par l’Allemagne, et font partie du Reichsland Elsass-Lothringen, ainsi Colmar se trouve en Allemagne.
Le grand-père maternel de Madeleine, Jakob Bogusch, né en 1852 en Russie à Grajewo[7] (Nord-Est de la Pologne actuelle), décède le 24 octobre 1912 à Colmar au 17 Nordstrasse[8] (17 rue du Nord) à l’âge de 60 ans. Nous n’avons pas retrouvé la trace de sa tombe au cimetière israélite de Colmar, ni dans aucun cimetière juif en Alsace[9]. Nous supposons que la tombe de Jakob Bogusch au cimetière israélite de Colmar a été détruite[10].
Après le décès de Jakob, Rosalie et Marcel ainsi que leur fille Madeleine, âgée de 1 an et 6 mois, viennent habiter chez Mélanie Bogusch née Geismar et Juliette Bogusch, à Colmar au 17 Nordstrasse[11] (17 rue du Nord). Mélanie Bogusch née Geismar le 04 juin 1853 à Turckheim[12] est la grand-mère maternelle de Madeleine, veuve de Jakob. Juliette Bogusch, née le 17 janvier 1885 à Gunsbach[13], est la tante de Madeleine, et la sœur cadette de Rosalie.
Madeleine est reconnue pupille de la nation après la Première Guerre mondiale (1914-1918)
Le père de Madeleine s’engage dans l’armée allemande
A l’orée de la Première Guerre mondiale, Marcel Geismar doit revêtir l’uniforme militaire allemand. Il fait partie des 380 000 Alsaciens-Mosellans mobilisés, dont 4400 Israélites[14]. Marcel Geismar est rattaché, en tant que soldat, au 65e régiment d’infanterie et à un bataillon de lanceur de mines (Wehrmann der Minen werferabteilung)[15].
Souffrant de blessures par grenades, Marcel Geismar est soigné à l’Hôpital militaire allemand (Kriegslazarett) de Jarny (situé actuellement en Meurthe-et-Moselle)[16]. Cet hôpital est aménagé par les Allemands dans les locaux de l’actuel collège Alfred Mézières, où sont soignés de très nombreux blessés venant du front. Avec une salle d’optique, un cabinet dentaire et plusieurs salles d’opérations, cet hôpital devient un lieu essentiel de l’arrière front allemand.
Marcel Geismar y décède à 38 ans le 07 avril 1917 des suites de ses blessures et d’une insuffisance cardiaque[17]. Son nom est mentionné dans le livre des noms mis à disposition au carré militaire allemand 1914-1918 de Colmar[18], ainsi que sur la plaque apposée sur la façade de la synagogue de Colmar, et sur la stèle au cimetière israélite de Wintzenheim. Sa tombe est située au cimetière israélite de Colmar.
Une famille endeuillée et réintégrée dans la nationalité française
Après la Première Guerre mondiale, l’Alsace-Moselle est restituée à la France par le Traité de Versailles du 28 juin 1919.
Comme tous les Alsaciens-Mosellans, Madeleine, Mélanie, Rosalie et Juliette ont attendu la signature du traité de Versailles, puis la publication, en 1920, d’un décret d’application pour entreprendre des démarches afin d’être « réintégrées dans la nationalité française »[19]. La réintégration n’intervient définitivement qu’après validation d’un formulaire de renseignements soumis à l’aval des nouvelles autorités. Ces actes ont été ensuite inscrits dans des registres de réintégration ouverts dans chaque commune[20]. Mélanie, Rosalie et Juliette sont naturalisées Françaises par jugement du 28 juillet 1920[21].
A la mort de son époux Marcel, Rosalie se retrouve seule avec sa fille Madeleine, âgée de 6 ans. Après la guerre, Rosalie et Madeleine habitent avec Juliette, sœur de Rosalie, et avec Mélanie Bogusch, mère de Rosalie et grand-mère de Madeleine, à Colmar au 17 rue du Nord[22].
Madeleine est admise au nombre des pupilles de la Nation par jugement du tribunal de Première Instance de Colmar le 11 mars 1925[23]. En vertu d’une loi du 27 juillet 1917 modifiée par une loi du 26 octobre 1922, la France adopte les orphelins dont le père (ou le soutien de famille) a été tué pendant la Première Guerre mondiale. Un décret du 3 juillet 1923 rend les lois applicables en Alsace et en Moselle aux enfants de nationalité française. Madeleine, en tant que pupille de la Nation, a donc droit à la protection, au soutien matériel et moral de l’Etat pour son éducation jusqu’à sa majorité. Malheureusement, nous ne disposons pas du dossier personnel de Madeleine Geismar, en tant que mineure adoptée par la Nation. Le dossier n’est pas présent aux archives départementales du Haut-Rhin, il a probablement été détruit ou perdu[24].
Madeleine fonde une famille à Colmar pendant l’entre-deux-guerres
La grand-mère de Madeleine, Mélanie, décède à Colmar, 17 rue du Nord, le 18 janvier 1930[25] à l’âge de 76 ans. Sa tombe se trouve au cimetière israélite de Colmar. La tante de Madeleine, Juliette, quitte Colmar pour Mulhouse le 03 mars 1930[26].
Madeleine, âgée de 23 ans, se marie le 26 septembre 1934 à Colmar[27] avec Léon Norbert Strauss (sans contrat de mariage). Léon Norbert Strauss est né le 24 novembre 1907 à Obernai au 12 Marktgasse (12 rue du Marché)[28]. Il a un frère cadet, Jean Strauss, né le 09 octobre 1910 à Obernai au 12 Marktgasse[29]. Léon et Jean sont les fils de Henri Strauss né le 20 décembre 1880 à Obernai[30], directeur de Banque[31], et de Jeanne Strauss née Klein. Léon a les cheveux bruns, les yeux gris-bleu, le front haut et le visage rond, il mesure 1m75[32].
Léon Strauss semble avoir vécu, dès l’âge de 17 ans, avec la famille Bogusch (le 10 novembre 1924, il habite au 17 rue du Nord à Colmar)[33] ; il a ensuite effectué son service militaire à Mulhouse en 1928, puis, le 28 octobre 1929, il est revenu s’installer à Colmar chez les Bogusch. Le 1er août 1933, il loge au 4 rue Henner à Colmar.
Après leur mariage, Madeleine et Léon Strauss habitent à Colmar au 17 rue du Nord (2e étage)[34] avec la mère de Madeleine, Rosalie. Madeleine est employée de bureau, secrétaire au syndicat médical de Colmar ; Léon est employé de commerce chez Lehmann cuirs en 1936[35]. Le recensement de 1936 mentionne que Madeleine, Léon et Rosalie sont de nationalité française et savent parler le français. Léon dispose d’un degré d’instruction élevé (niveau 5), du brevet d’aptitude musicale et du brevet pour conduire des automobiles[36].
Madeleine et Léon Strauss ont une fille, Lydie, cependant Lydie n’est pas leur fille naturelle. Lydie Zitko est née le 14 novembre 1936 à Wiesbaden en Allemagne[37], ville distante d’environ 40 km de Francfort-sur-le-Main, où est domiciliée, Otto Strasse (rue Otto), Lisbeth[38] Zitko née Kohn, la mère de Lydie. Le père de Lydie, Gust(av) Zitko, marchand itinérant, sans adresse fixe, semble absent lors de l’accouchement : la déclaration de naissance de Lydie n’a en effet pas été réalisée par son père, mais par le directeur des bureaux de l’hôpital de la ville de Wiesbaden, hôpital sis au 62 Schwalbacher Strasse (62 rue Schwalbacher). L’acte de naissance de Lydie mentionne une annotation en bas à droite : 15/5 1927 Belgrad, Jugosl.. Lydie et/ou son père sont-ils de nationalité yougoslave ?
Lydie aurait été accueillie par le NID de Strasbourg[39], probablement une association ou un service public d’assistance recueillant, en vue d’adoption, des enfants orphelins ou abandonnés. Nous n’avons pas trouvé l’acte de légitimation d’adoption de Lydie Zitko[40], et ignorons la date précise d’installation de Lydie chez Madeleine et Léon Strauss.
A la fin des années 1930, l’antisémitisme progresse en France. La population, qui subit la crise économique mondiale, les affrontements politiques et les scandales politico-financiers à l’époque du Front Populaire, se retourne contre les juifs. En Alsace, les organisations et les partis d’extrême-droite appellent à boycotter les commerces juifs et diffusent tracts et journaux antisémites[41]. Après la signature des accords de Munich (30 septembre 1938), les juifs sont accusés de pousser la France à la guerre, afin de défendre les juifs allemands. Des groupes antisémites s’attaquent, à Strasbourg et à Mulhouse notamment, à des entreprises juives, brisant les vitres, saccageant et pillant les magasins et blessant leurs occupants.
Début avril 1938, Madeleine, son époux Léon, sa mère Rosalie Geismar, ainsi que Lydie (?), s’installent au 8 rue Erckmann-Chatrian à Colmar[42] (or, d’après l’annuaire de la ville de Colmar de 1938, ils habiteraient toujours au 17 rue du Nord à Colmar ; de plus, ils ne figurent plus dans l’annuaire de Colmar de 1939).
L’entrée en guerre et la fuite à Cannes puis au Cannet (Alpes-Maritimes) (1940)
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, environ 25 000 Juifs vivent en Alsace, et il y aurait eu, en janvier 1940, 6000 combattants juifs dans l’armée française[43]. Parmi eux, le mari de Madeleine, Léon Strauss, est rappelé à l’activité le 23 août 1939 et affecté au 28e régiment d’infanterie de forteresse (RIF) installé sur la ligne Maginot du Rhin, dans le secteur fortifié de Colmar[44].
Le 1er septembre 1939, l’armée allemande envahit la Pologne. Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. Tous les villages alsaciens (et mosellans) situés près de la frontière allemande, ainsi que la ville de Strasbourg, doivent être évacués par les habitants. La zone ainsi évacuée constitue le « Front d’Alsace » qui demeure fort calme durant 8 mois. Pendant cette « drôle de guerre », les soldats, comme Léon Strauss, restent dans leurs casemates de la ligne Maginot, attendent les ordres, trouvent des occupations.
Madeleine, Lydie et sans doute Rosalie ont fui l’Alsace le 1er septembre 1939 et se réfugient dans les Vosges à Eloyes (à environ 80 km à l’Ouest de Colmar). Elles semblent revenir, le 15 janvier 1940, à Colmar au 8 rue Erckmann-Chatrian[45].
Le 6 avril 1940, Madeleine, accompagnée de sa mère Rosalie[46], de sa tante Juliette Bogusch[47], et de sa fille Lydie, fuient l’Alsace et trouvent refuge à Cannes (Alpes-Maritimes). Elles habitent au 14bis rue d’Antibes à Cannes[48] [49].
Le 10 mai 1940, l’armée allemande lance son offensive et envahit les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, contournant la ligne Maginot. Le 14 mai 1940, des chars allemands entrent en France près de Sedan, et un mois plus tard, le 14 juin 1940, Paris est occupé par la Wehrmacht. Le 28e RIF occupant le secteur fortifié de Wolfgantzen (au Nord-Ouest de Neuf-Brisach), et dont Léon Strauss fait partie, est attaqué le 15 juin 1940 lors de l’offensive allemande sur le Rhin. Le régiment se replie sur ordre à partir du 17 juin 1940 vers les Vosges, où les deux bataillons sont finalement capturés les 21 et 22 juin 1940[50]. Léon Strauss est fait prisonnier des Allemands sur la ligne Maginot, mais il réussit à s’échapper et à rejoindre sa famille, probablement à Cannes[51].
La famille déménage ensuite au Cannet, commune voisine de Cannes (nous ne connaissons pas la date de déménagement au Cannet). Madeleine, Léon, Lydie, Juliette et Rosalie habitent, alors, la Villa Le Bosquet au 6 rue de Madrid au Cannet[52], une belle villa avec un vaste jardin, et ce jusqu’au 25 juin 1944.
L’armistice, signé le 22 juin 1940 avec l’Allemagne, et le 24 juin 1940 avec l’Italie, entre en vigueur le 25 juin 1940. Le territoire français est divisé en deux zones : la zone occupée par les Allemands au Nord, et la zone dite « libre » au Sud dirigée par le gouvernement de Vichy. L’Alsace-Moselle est annexée de fait et rattachée au Reich nazi, l’armée allemande occupe ce territoire et y installe son administration. Dès le 13 juillet 1940, le Gauleiter Wagner, chef de l’administration civile en Alsace, décide d’expulser les juifs restés en Alsace, et de confisquer tous leurs biens, intérêts et droits au profit du Reich[53].
Plus de 3000 juifs sont ainsi expulsés vers la zone non-occupée. En 3 jours, les nazis ont fait de l’Alsace une région judenrein. Les nazis ont également voulu effacer toute trace de la présence juive en Alsace (destruction ou endommagement de nombreuses synagogues – notamment à Strasbourg et à Mulhouse, saccage de cimetières israélites notamment à Colmar).
La vie sous le régime de Vichy (22 juin 1940-8 novembre 1942), et sous l’occupation italienne (9 novembre 1942- 8 septembre 1943)
Après la signature de l’armistice par la France (22 juin 1940), le département des Alpes-Maritimes se situe en zone Sud, zone où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy. Le gouvernement du maréchal Pétain fait preuve d’un antisémitisme racial, et proclame, dès l’automne 1940, l’existence d’une « race juive ». Le 3 octobre 1940, il promulgue la loi portant sur le « Statut des Juifs », et le 2 juin 1941, il ordonne un recensement sur tout le territoire et promulgue un deuxième statut des juifs. Jusqu’à la fin 1942, l’Etat français adopte et publie plus d’une centaine de textes juridiques visant les juifs[54]. Il participe aussi activement à la déportation des juifs étrangers. Les juifs alsaciens de nationalité française sont soumis au statut des juifs du 3 octobre 1940, toutefois, le gouvernement de Vichy n’a pas imposé le port de l’étoile jaune en zone libre.
En réaction au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), les Allemands décident, aussitôt, d’envahir et de militariser la zone libre, laissant aux Italiens les départements situés à l’Est du Rhône, dont notamment les Alpes-Maritimes où vit la famille Geismar-Bogusch-Strauss. Dans les départements sous leur contrôle, les Italiens se montrent bienveillants envers les Juifs : il n’y a pratiquement plus d’arrestations, ils s’opposent même par la force aux directives allemandes et françaises, ils font ainsi pression sur les préfets de Vichy pour qu’ils ne fassent pas appliquer la mention « juif » sur les papiers d’identité[55]. La famille Geismar-Bogusch-Strauss a probablement bénéficié de la clémence italienne. Lydie Strauss, âgée de 6 ans en 1942, a, sans doute, été scolarisée dans une école au Cannet[56].
L’occupation allemande (à partir du 9 septembre 1943), l’arrestation et la déportation (31 juillet 1944)
Tout change avec l’armistice de l’Italie et l’arrivée des Allemands le 8 septembre 1943. Les Alpes-Maritimes, occupées par les Allemands jusqu’en août 1944, cessent d’être une zone refuge pour les juifs. Le SS Aloïs Brunner, Obersturmbannführer, s’installe à Nice le 10 septembre 1943 et dirige un commando spécial chargé d’organiser la chasse systématique de tous les juifs de la Côte d’Azur[57]. Leur quartier général, situé à l’Hôtel Excelsior, près de la gare de Nice, sert à rassembler et à héberger des juifs destinés à la déportation. Des dénonciateurs rémunérés et des « physionomistes » secondent les unités de la Gestapo, ils sillonnent les rues, ratissent les hôtels. Tous les hommes sont examinés, contraints de baisser leur pantalon et, s’ils sont circoncis, sont aussitôt arrêtés[58]. De l’arrivée de l’équipe Brunner à Nice, à son départ en décembre 1943, soit environ 80 jours, 2142 Juifs sont arrêtés et enregistrés à l’Hôtel Excelsior[59].
Le sort de Madeleine Strauss, Léon Strauss, Rosalie Geismar, Juliette Bogusch, et ainsi que de la petite Lydie âgée de 7 ans, a été décrit par le Docteur Kruger de Cannes[60], lors du procès le 7 juin 1945, devant le tribunal de Grasse, du dénonciateur de la famille Geismar-Bogusch-Strauss, un nommé Finck. Selon le rapport du Docteur Kruger, la famille a été arrêtée le 25 juin 1944 et a été emmenée à la villa Montfleury, le siège de la Gestapo à Cannes. Le 27 juin 1944, la famille a été transférée à l’hôtel Excelsior à Nice, et 15 jours plus tard, dirigée vers le camp de Drancy, situé à 4km de Paris en Seine-Saint-Denis.
Le camp de Drancy est un camp de transit, où sont concentrés les Juifs avant la déportation vers Auschwitz-Birkenau. A l’arrivée au camp de Drancy, l’administration française s’approprie toutes les possessions des internés, remplissant soigneusement une fiche pour chaque personne[61]. Un double des reçus des valeurs confisquées est établi par le service d’ordre juif. Le plus souvent, un seul reçu est réalisé pour une famille entière. Ainsi, Léon Strauss s’est vu confisquer 3158 francs par l’administration, comme l’atteste le reçu du 12 juillet 1944 signé du « chef de la police » juive du camp de Drancy[62].
Le 31 juillet 1944, Madeleine, sa mère Rosalie, sa tante Juliette, son époux Léon ainsi que sa fille Lydie ont été déportés de Drancy à Auschwitz-Birkenau avec le convoi 77, comme l’atteste la liste originale du convoi de déportation[63]. Ils sont arrivés à Auschwitz-Birkenau le 3 août 1944.
D’après le témoignage d’un déporté Broido ou Broydo Albert[64], compagnon de Léon Strauss jusqu’au camp d’Auschwitz, il est plus que probable que les trois femmes et Lydie, « étant pâles et souffrantes », aient été transférées immédiatement par camions aux chambres de gaz où elles ont été gazées et enfin brûlées[65]. La date de décès de Rosalie[66], Juliette[67], Madeleine[68] et Lydie[69] est le 3 août 1944.
Léon Strauss, arrivé à la gare d’Auschwitz, a marché à pied jusqu’au camp d’Auschwitz[70]. Déshabillé, tondu et tatoué sur le bras gauche (B88 et deux chiffres inconnus), Léon doit travailler pendant 2 mois au camp ; il est affecté au kommando de la réparation des rues et plus tard à la canalisation. Fin septembre, Léon Strauss a eu une infection aiguë du doigt et a dû se rendre à l’infirmerie du camp. Le 3 octobre 1944, Léon Strauss a été gazé à Birkenau puis brûlé au four crématoire. L’acte de décès de Léon Strauss mentionne « mort pour la France » suivant l’avis du ministère des anciens combattants en date du 28 novembre 1945, mention à laquelle tout déporté racial a droit de par la loi, et « mort en déportation » suivant l’avis du Ministre de la Défense en date du 29 septembre 2003[71].
Le vécu des proches de Madeleine : Jean et Henri Strauss
Jean Strauss, le frère de l’époux de Madeleine (Léon Strauss), réside au Sud du Brésil, dans le Rio Grande do Sul, à Porto Alegre dès le 24 janvier 1933. Du 16 juillet 1934 au 10 avril 1935, il habite en Argentine, à Buenos Aires, 345 rue Corrientes, puis, le 11 avril 1935, il s’installe définitivement au Brésil, à Porto Alegre[72].
Henri Strauss, père de Léon et de Jean Strauss, s’est réfugié au, 211 rue Francisco Ferrer, à Porto Alegre, chez son fils cadet Jean Strauss. Nous ne savons pas précisément quand Henri s’installe au Brésil (le premier document le mentionnant date du 21 mai 1945[73]). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fallait beaucoup d’argent et de patience pour obtenir les visas nécessaires pour gagner le Portugal, puis le Brésil : un visa de sortie français, des visas de transit espagnol et portugais, un visa d’entrée en Amérique, une somme minimale de 500 dollars[74].
Après la guerre, Henri Strauss entreprend de nombreuses démarches administratives : il écrit, le 21 mai 1945, au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés à Paris, afin d’obtenir des nouvelles de son fils, Léon, et de sa famille : « Comme je suis sans nouvelles de mon fils aîné depuis l’occupation totale de la France, je vous prie de bien vouloir avoir l’obligeance de me renseigner sur son sort et celui de sa famille » [75]. A cette date, Henri Strauss n’a connaissance que d’un télégramme envoyé par la Mairie du Cannet, en réponse à la demande de Jean Strauss : « Famille Léon Strauss déportée depuis mai 1944. Sans nouvelles depuis. ».
Henri Strauss établit une requête le 7 mai 1948 auprès du Tribunal Civil de Grasse (Alpes-Maritimes) et demande au Tribunal, par l’intermédiaire de ses avocats de Strasbourg Léon Rapp et Jules Weil, de déclarer les décès de Léon, Madeleine et Rosalie[76]. L’acte de décès de Juliette a déjà été établi auparavant. Il demande, en avril 1954, auprès du Consulat de France à Porto Alegre, l’attribution du titre de déporté politique pour son fils Léon[77]. Sa requête est acceptée le 19 mars 1955[78], et le Ministère des anciens combattants et victimes de la guerre lui délivre la carte de déporté politique n° 119915058 au nom de Léon Strauss[79]. En septembre 1955, il reçoit de la part du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre, le paiement d’un pécule d’un montant de 12 000 francs[80]. Ce pécule lui est versé en vertu du décret n°53-103 du 14 février 1953 et portant attribution d’un pécule aux ayants-cause des déportés ou internés politiques décédés pendant leur détention ou après leur rapatriement.
En 1959, Henri Strauss et son fils Jean Strauss, commerçant, marié à Marianne Cohn, sans profession, vivent au 134 rue Cabral à Porto Alegre (Brésil)[81], rue perpendiculaire à la rue Francisco Ferrer où Henri Strauss et son fils Jean habitaient auparavant. Ces rues sont situées entre le quartier Bom Fim et le quartier Branco, le quartier Bom Fim est connu comme le quartier où se sont installés les premiers membres de la communauté juive à Porto Alegre vers la fin des années 1920.
Jean Strauss est décédé le 21 janvier 1959 à Porto Alegre (Brésil), à l’âge de 48 ans[82]. Son père, Henri Strauss, est décédé le 6 juillet 1960 à 79 ans à bord de l’avion F.B.H.B.H. de la Compagnie Air France ligne 095 Paris – Sao Paulo (Brésil) via Dakar[83]. Il est enterré au cimetière israélite de Bordeaux[84].
Lieux de mémoire et projets mémoriels
Différents lieux de mémoire honorent les déportés. Sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah à Paris figurent notamment les noms de Strauss Edmée, de Strauss Léon, de Strauss Lydie, de Bogusch Juliette, et de Geismar Rosalie[85].
La stèle mémorielle du cimetière israélite de Colmar mentionne les noms et âges des déportés juifs ayant habité à Colmar, y figurent : Strauss-Geismar Madeleine (33 ans), Strauss Léon (38 ans), Strauss (Zitko) Lidy (8 ans), Bogusch Juliette (58 ans), et Geismar-Bogusch Rosa (60 ans). A Mulhouse, le monument mémoriel au cimetière israélite mentionne le nom de Bogusch Juliette (55 ans). Nous remarquons l’orthographe approximatif des prénoms, et l’âge variable des personnes mentionnées sur les monuments.
Au Cannet, une stèle a été érigée au jardin du Tivoli, au cœur de la ville, près du monument aux morts des guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, le 1er juillet 2011 à la mémoire des habitants juifs du Cannet déportés entre 1942 et 1944. Cette plaque mentionne les noms de Léon et Edmée Strauss et de leur fille Lydie (8 ans). Une fois encore, l’orthographe des prénoms et noms des personnes est approximatif : il s’agit bien de Madeleine Édmonde Strauss née Geismar et de Lydie Strauss née Zitko. De plus, les noms de Rosalie Geismar et de Juliette Bogusch ne figurent pas sur ce monument. Nous avons pris contact avec l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes), M. Wolman de l’association nous a assuré que les noms de Rosalie et de Juliette seront prochainement ajoutés sur une nouvelle plaque commémorative.
La mémoire de Madeleine Strauss née Geismar, de Léon Strauss, de Lydie Strauss née Zitko, et de Rosalie Geismar née Bogusch, pourrait être davantage honorée par l’installation de Stolpersteine devant le dernier domicile des déportés, c’est-à-dire au 8 rue Erckmann-Chatrian à Colmar.
Remarques
Nous n’avons pas évoqué dans cet article le vécu de la famille du frère aîné de Marcel Geismar, Aron Lazare Geismar : 8 membres de la famille Geismar-Weil-Wolff, réfugiés dans le Limousin, à Eymoutiers (Haute-Vienne), ont été raflés le 6 avril 1944 par la division SS commandée par le Général Brehmer, incarcérés à la prison de Limoges, transférés au camp de Drancy le 12 avril 1944, puis déportés par le convoi 72 le 29 avril 1944. 7 d’entre eux y laissent la vie[86].
Le vécu de la famille de la sœur cadette de Henri Strauss, Rosette Neher née Strauss, est évoqué à travers des études biographiques de André Neher, fils cadet de Rosette et de Albert Neher. En septembre 1939, la famille Neher doit évacuer Strasbourg et se replie à Dannemarie (Sud-Ouest de Mulhouse). En juin 1940, la famille Neher, composée de 11 personnes (Rosette et Albert, leurs 4 enfants (Richard, André, Suzanne et Hélène), la femme de Richard, Julienne, le mari d’Hélène, Nathan Samuel et leurs 3 enfants), se réfugie dans le Limousin, à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), puis s’installe à Lanteuil (Corrèze). En avril 1944, elle échappe à la rafle de la division SS Brehmer. A l’automne 1944, la famille Neher s’installe à Lyon, Albert s’investit alors dans la maison d’enfants de l’OSE (œuvre de secours aux enfants), L’Hirondelle, située dans la banlieue de Lyon, dirigée par sa sœur Hélène et son beau-frère Nathan Samuel. Il se lie d’amitié avec Elie Wiesel, l’un des enfants recueillis. Après la Seconde Guerre mondiale, André Neher devient une figure de premier plan de la pensée juive en France ; philosophe et enseignant, il a notamment enseigné à l’université de Strasbourg, puis à l’université de Tel Aviv en Israël[87].
Remerciements
Je voudrais remercier Mme Nicole Hermann, belle-fille de Mme Mariette Hermann née Geismar, pour m’avoir permis de compléter les arbres généalogiques de la famille Geismar. Je remercie également M. Ivan Geismar, M. Jacques Geismar et son père.
Je remercie vivement M. Serge Jacubert et l’Association Convoi 77, pour m’avoir fourni de nombreux documents émanant du PAVCC, SHD (Caen).
Il me tient aussi à cœur de remercier Mme Michèle Merowka, Présidente de l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes, association dont le but est la pose de plaques commémoratives dans les établissements scolaires), et M. Roger Wolman qui m’ont fourni des renseignements quant aux archives disponibles à la mairie du Cannet, et des photographies.
Je remercie également M. Daniel Fuks, pour le partage de documents de travail, son aide et ses conseils.
Enfin, j’adresse mes remerciements à Mme Doris Kohl, archiviste aux archives municipales de Colmar pour son aide, ses conseils et les documents fournis, ainsi qu’à M. Olivier Holder, archiviste aux archives départementales du Haut-Rhin pour son aide et sa disponibilité. Merci enfin à M. Martin Gugg, Professeur d’Allemand, pour son aide linguistique.
Biographie achevée le 05 avril 2020.
Références
[1] L’orthographe des noms et prénoms des personnes change selon les documents de l’administration allemande (entre 1871 et 1918) et de l’administration française (après 1918), et selon les auteurs et sources des documents. Ainsi, concernant les documents de l’administration française, Madeleine Édmonde Geismar est parfois mentionnée comme Madeleine Edmée Geismar, Rosalie Marie Geismar épouse Bogusch comme Rosa Geismar- Bogusch ou Rose Geismar, Juliette Jeanne Bogusch comme Jeanne Juliette Bogusch ou Julie Bogusch, Lydie Strauss née Zitko comme Lidy Strauss.
[2] Acte de naissance de Madeleine Édmonde Geismar, Archives municipales de Colmar.
[3] Acte de naissance de Rosalie Bogusch, Stadtarchiv Hannover, disponible sur le site internet de Yad Vashem.
[4] Acte de naissance de Marcel Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1873-1882 Turckheim 5Mi 499/4.
[5] Acte de mariage de Rosalie Bogusch et de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.
[6] Mention de Geismar Marcel, Kaufmann. Adressbuch der Stadt Colmar, 1911/1912, Archives municipales de Colmar.
[7] D’après l’acte de décès de Jacques Bogusch, Archives municipales de Colmar.
[8] Acte de décès de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.
[9] D’après le site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine : http://judaisme.sdv.fr/. Le nom de Yentel Bogusch est mentionné au cimetière israélite de Colmar, mais nous n’avons pas réussi à établir un lien familial certain entre Yentel et Jakob Bogusch.
[10] Le cimetière israélite de Colmar est saccagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Les tombes arrachées par des tailleurs de pierre sont réutilisées pour le pavage des rues ou la construction de barrages antichars. D’après Mireille Biret, « Le sort des Juifs d’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale », Base Numérique du Patrimoine d’Alsace, Canopé, Académie de Strasbourg, 2011 (en ligne – http://crdp-strasbourg.fr).
[11] Mention de Geismar Marcel, Kaufmann, Nordstr. 17. Adressbuch der Stadt Colmar, 1913/1914, et 1914/1915, Archives municipales de Colmar.
[12] Acte de naissance de Mélanie Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1850-1862 Turckheim 5Mi 503/7.
[13] Acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1883-1892 Gunsbach 5Mi EC121 ; et acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives municipales de Gunsbach.
[14] Philippe Landau, 1871-1918 Les citoyennetés à l’épreuve, in sous la dir. de Freddy Raphaël, Juifs d’Alsace au XXe siècle, ni ghettoïsation, ni assimilation, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2014.
[15] Acte de décès de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.
[16] Kévin Goeuriot, « Jarny pendant la Grande Guerre », Jarny Patrimoine, n° 8, Supplément Jarny Mag, juillet 2014.
[17] Acte de décès de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.
[18] Namenbuch, Deutscher Soldatenfriedhof 1914-1918 – Aufgestellt von der Deutschen Dienststelle (WAst) Berlin in Zusammenarbeit mit dem Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge.
[19] Bernard Wittmann, Une épuration ethnique à la française, Alsace-Moselle 1918-1922, Fouesnant, Yoran Embanner, 2016.
[20] Après 1945, pour des démarches administratives, Henri Strauss a dû apporter la preuve de la « possession d’état de la nationalité française » de Léon Strauss, de Juliette Bogusch (et probablement de Rosalie Geismar, de Madeleine Strauss). Nous disposons ainsi de la copie de l’extrait du registre des personnes réintégrées de plein droit dans la qualité de Français du 09 août 1920 pour Léon Strauss (copie conforme le 10 mars 1954) et d’un certificat de nationalité pour Juliette Bogusch (daté du 17 décembre 1947). Pôle des archives des victimes des conflits contemporains (PAVCC), Service historique de la Défense, Caen (documents obtenus par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[21] Fiches domiciliaires de Marcel Geismar et de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.
[22] Annuaires de la ville de Colmar de 1920, 1921, 1925, 1926, 1927, 1928, 1929 et de 1932, Archives municipales de Colmar.
[23] Jugement d’adoption de Madeleine Édmonde Geismar, Tribunal de Première Instance de Colmar, Archives départementales du Haut-Rhin, AL 97185.
[24] Cote consultée aux Archives départementales du Haut-Rhin : 17AL2/841.
[25] Acte de décès de Mélanie Bogusch née Geismar, Archives municipales de Colmar.
[26] Fiche domiciliaire de Juliette Bogusch, Archives municipales de Mulhouse.
[27] Acte de mariage de Madeleine Geismar et de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.
[28] Acte de naissance de Léon Strauss, Archives départementales du Bas-Rhin (en ligne), 4E348/55.
[29] Acte de naissance de Jean Strauss, Archives départementales du Bas-Rhin (en ligne), 4E348/55.
[30] Acte de naissance de Henri Strauss, Archives départementales du Bas-Rhin (en ligne), 4E348/39.
[31] Lettre du 7 mai 1948 des avocats Maîtres Léon Rapp et Jules Weil au Tribunal de Grasse. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[32] Ministère de la Guerre, subdivision de Sélestat, registre matricule, classe de 1927, 3e volume, n° matricule de Léon Strauss 1146, Archives départementales du Bas-Rhin, 806D20.
[33] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.
[34] Annuaires de la ville de Colmar de 1936, de 1937, et de 1938, Archives municipales de Colmar.
[35] Recensement de 1936 à Colmar, Archives départementales du Haut-Rhin.
[36] Ministère de la Guerre, subdivision de Sélestat, registre matricule, classe de 1927, 3e volume, n° matricule de Léon Strauss 1146, Archives départementales du Bas-Rhin, 806D20.
[37] Acte de naissance de Lydie Zitko, Archives municipales de Wiesbaden (Allemagne).
[38] Les prénoms des parents de Lydie Zitko sont approximatifs en raison du manque de lisibilité de l’acte de naissance de Lydie Zitko, Archives municipales de Wiesbaden (Allemagne).
[39] D’après la feuille de témoignage de Mme Mariette Hermann datée du 22.10.1991, disponible sur le site internet de Yad Vashem.
[40] Documents consultés : registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Première Instance de Colmar, registre d’inscription des affaires O, P, Q, Z de la 1e chambre de 1934 à août 1941, Archives départementales du Haut-Rhin, AL125082 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Saverne, répertoire alphabétique des affaires de la 1e chambre civile de 1903 à 1953, Archives départementales du Bas-Rhin, 2044W7 ; registres d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoires alphabétiques des affaires de la 1e chambre civile de 1932 à 1944, Archives départementales du Bas-Rhin, 811D7, 811D8, 811D9 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoire alphabétique des affaires de la 2e chambre civile de 1937 à 1939, Archives départementales du Bas-Rhin, 812D9 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoire alphabétique des affaires de la 3e chambre civile de 1933 à 1939, Archives départementales du Bas-Rhin, 813D31.
[41] Freddy Raphaël, Les Juifs d’Alsace et de Lorraine de 1870 à nos jours, Paris, Albin Michel, 2018.
[42] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.
[43] Jean Daltroff, « Paroles de combattants et de prisonniers de guerre 1939-1945 », in sous la dir. de Freddy Raphaël, Juifs d’Alsace au XXe siècle, ni ghettoïsation, ni assimilation, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2014.
[44] Ministère de la Guerre, subdivision de Sélestat, registre matricule, classe de 1927, 3e volume, n° matricule de Léon Strauss 1146, Archives départementales du Bas-Rhin, 806D20.
[45] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.
[46] Fiche domiciliaire de Rosalie Geismar, Archives municipales de Colmar.
[47] Fiche domiciliaire de Juliette Bogusch, Archives municipales de Mulhouse.
[48] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.
[49] D’après M. Roger Wolman, le numéro 14bis rue d’Antibes n’existe pas ou plus actuellement (juin 2019). Les numéros 14 et 16 se succèdent.
[50] D’après le site internet : www.memorialgenweb.org.
[51] Lettre du 21 mai 1945 de Henri Strauss au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés à Paris. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[52] Actes de décès de Léon Norbert Strauss et de Madeleine Édmonde Geismar datés du 13.12.1948, ville du Cannet ; Acte de décès de Lydie Strauss daté du 03.05.2013, ville du Cannet ; Acte de décès de Rosalie Marie Bogusch daté du 06.01.1949, ville du Cannet ; lettre des avocats Maîtres Léon Rapp et Jules Weil du 06 octobre 1947 au Procureur de la République.
[53] En juillet 1940, les deux chefs de l’administration civile, Robert Wagner, en Alsace et Joseph Bürckel en Moselle, ont décidé de débarrasser l’Alsace-Moselle de tous les « éléments indésirables » indignes de peupler les terres germaniques : les juifs, les gitans, les criminels, les incurables, les Français et Welschisants devaient être expulsés vers la zone non occupée. Les juifs d’Alsace-Moselle ont eu de une à vingt-quatre heures pour préparer leur départ et ne pouvaient emporter qu’une valise de 20 à 30kg et une modeste somme d’argent. D’après Freddy Raphaël, Les Juifs d’Alsace et de Lorraine de 1870 à nos jours, Paris, Albin Michel, 2018.
[54] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).
[55] Jacques Semelin, La survie des juifs en France 1940-1944, Paris, CNRS Editions, 2018.
[56] D’après Mme Michèle Merowka, Présidente de l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes), nous ne pouvons pas savoir où Lydie Strauss était scolarisée, faute de registres dans les écoles du Cannet.
[57] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).
[58] Renée Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, CNRS Editions, 2018.
[59] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).
[60] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.
[61] Annette Wieviorka et Michel Laffitte, A l’intérieur du camp de Drancy, Paris, Perrin, 2015.
[62] Reçu de M. Strauss, carnet de fouilles de Drancy n°156, reçu n°6441, disponible sur le site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.
[63] Liste originale du convoi de déportation disponible sur le site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.
[64] Broido ou Broydo Albert est né en 1905. Arrêté le 27 juin 1944, déporté à Auschwitz-Birkenau, il est tatoué sur le bras gauche B 3705. Il est rentré de Buchenwald le 21 avril 1945. Demeure à Paris, 11 rue du Trésor en juin 1945 ; puis au 33 Bld. Saint-Martin en juillet 1947.
[65] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.
[66] Acte de décès de Rosalie Marie Bogusch daté du 06.01.1949, ville du Cannet.
[67] D’après l’annotation sur l’acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives municipales de Gunsbach. La ville du Cannet n’a pas établi, à ce jour, d’acte de décès de Juliette Bogusch.
[68] Acte de décès de Madeleine Édmonde Geismar daté du 13.12.1948, ville du Cannet.
[69] Acte de décès de Lydie Strauss daté du 03.05.2013, ville du Cannet.
[70] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.
[71] Acte de décès de Léon Norbert Strauss daté du 13.12.1948, ville du Cannet.
[72] Ministère de la Guerre, subdivision de Sélestat, registre matricule, classe de 1930, 4e volume, n° matricule de Jean Strauss 1610, Archives départementales du Bas-Rhin, 817D10.
[73] Lettre du 21 mai 1945 de Henri Strauss au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés à Paris. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[74] Jean-Louis Panicacci, « Les juifs et la question juive dans les Alpes-Maritimes de 1939 à 1945 », 85 p. (en ligne).
[75] Lettre du 21 mai 1945 de Henri Strauss au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés à Paris. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[76] Lettre du 7 mai 1948 des avocats Léon Rapp et Jules Weil au Tribunal civil de Grasse. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[77] Lettre du 10 avril 1954 de Pierre Martin, Consul de France à Porto Alegre, au Ministre des anciens combattants. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[78] Lettre du 19 mars 1955 du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre à Henri Strauss. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[79] Carte de déporté politique n°119915058 au nom de Léon Strauss. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[80] Fiche – du Ministère des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre – de paiement du pécule aux ayants-cause des déportés aux internés politiques décédés pendant leur détention ou après leur rapatriement, envoyée le 15 septembre 1955 à Henri Strauss. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).
[81] Copie de l’acte de décès de Jean Strauss, Ministère des Affaires étrangères, service central d’Etat civil.
[82] Copie de l’acte de décès de Jean Strauss, Ministère des Affaires étrangères, service central d’Etat civil.
[83] Acte de décès de Henri Strauss, commune de Mérignac (Gironde).
[84] Site internet du cimetière israélite de Bordeaux www.cimetiereisraelitebordeaux.com/.
[85] Inscription sur le Mur des Noms. Site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.
[86] Témoignage de Françoise Azoulay, fille de Jeanne Geismar, in. Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.
[87] Sandrine Szwarc, « André Neher, philosophe, exégète, enseignant (Obernai, Bas-Rhin, 22 octobre 1914 – Jérusalem, 23 octobre 1988) », Archives juives, vol. 42, 2009/2, p. 140-145. Mis en ligne sur Cairn.info.