Lucienne BERNARD, 1922 – 1944
Qui sommes-nous ?
Nous sommes 6 élèves en classe de Terminale, du lycée Galilée à Combs-la-Ville, en Seine et Marne. Nous nous sommes engagées dans notre cours d’enseignement d’éducation morale et civique sur le projet « Convoi 77 ». Notre professeur d’histoire géographie, Mme Surget, nous a donné la mission de restituer les biographies de Georgette Bernard et de ses deux filles.
Pour mener à bien notre projet, nous avons eu la chance d’aller au Mémorial de la Shoah ainsi qu’au Panthéon. De plus, il est prévu que nous allions à Auschwitz si les conditions nous le permettent.
Les difficultés auxquelles nous avons été confrontées
Avant de vous proposer les biographies de Georgette Bernard et de ses deux filles Denise et Lucienne, nous avons jugé nécessaire de vous préciser les difficultés auxquelles nous avons été confrontées par manque de sources !
L’association Convoi 77 nous a fourni 13 documents très administratifs pour Georgette Bernard, 10 documents pour Lucienne et 9 documents pour Denise. Parmi ce peu de documents, nous avons eu la chance de trouver une attestation d’un déporté Chaïm Borycky certifiant que les trois femmes avaient été sélectionnées pour la chambre à gaz dès leur arrivée. Nous avons alors contacté la mairie de Hayange (lieu de naissance) et la mairie des Lilas (dernier domicile). Mais là aussi nous nous sommes heurtées à l’absence d’informations. La mairie des Lilas nous a donné le numéro de l’association des anciens combattants que nous avons contacté, mais en vain, nous n’avons jamais été rappelées.
Nous avons pu alors contacter, via notre enseignante, le chercheur Alexandre Doulut pour lui faire part de notre désarroi quant au manque d’informations concernant cette famille.
Il nous a expliqué que nous avions malheureusement peu de chances de trouver davantage de documents sur Georgette Bernard et ses deux filles. La raison évoquée c’est qu’il s’agit de déportées françaises qui ont été arrêtées par la police française, ce qui explique l’absence de traces archivistiques, car après la guerre celle-ci a détruit les dossiers des Juifs, constitués durant l’Occupation.
Nous avons aussi essayé de retrouver Gabrielle CAHEN qui habitait 7, rue du centre aux Lilas en 1946, et qui a fait les démarches auprès du Ministère des Anciens Combattants. Mais en vain, et là aussi (aux vues des documents envoyés par l’association Convoi 77), nous avons constaté que personne n’avait déposé de demande d’attribution du titre de déporté politique. Ce qui est rare d’après Mr Doulut et Me Surget.
Ces recherches (et absence de documents) nous ont bouleversées. Comment rendre des identités, des histoires familiales quand il n’y a pas de documents, comme si ces trois femmes n’avaient pas existé? Elles font partis du dernier convoi et n’auront que quelques lignes comme biographie. C’est terrible !
La biographie de Lucienne
Lucienne Bernard est la première fille de Georgette LEVY épouse BERNARD et de Lucien Lazard BERNARD. Elle a une sœur Denise qui née le 18 mars 1926 à Montigny-Lès-Metz.
Elle est née à Montigny-Lès-Metz[1], le 22 février 1922 et a la nationalité française.
Sa mère est née le 7 février 1890 à Hayange (57700) en Moselle. Son père est né à Augny (en Moselle) en 1880. Il est marchand de Bestiaux.
Ses parents se marient à Metz le 2 juin 1921.
Son père Lucien Lazard Bernard décède à Montigny-lès-Metz en 1940.
Sa veuve Georgette Bernard part avec ses deux filles en région parisienne rejoindre sa sœur Gabrielle Levy épouse CAHIN. La famille réside au Lilas, 7 rue du centre, en Seine-Saint-Denis.
Elle est arrêtée avec sa mère et sa sœur le 29 juillet 1944 et enfermée au camp de Drancy[2]. Elle est déportée le 31 juillet 1944, par le dernier convoi : le convoi 77[3] comme déportée raciale à Auschwitz[4] en Pologne.
Elle sera gazée à son arrivée avec sa mère et sa sœur Denise le 2 août 1944 comme en témoigne ce document manuscrit de Chaïm Borycky[5], déporté survivant du convoi 77
Une demande de non rentrée[6] est demandée par Gabrielle CAHIN, domiciliée au Lilas le 21 novembre 1946. Celle-ci est formulée le 26 novembre 1946. Sur le document il est notifié qu’il s’agit d’une déportée raciale Lorraine.
Gabrielle CAHIN obtient une réponse du ministère des anciens combattants et victimes de guerre le 24 juin 1949, confirmant la déclaration judiciaire de décès de Lucienne Bernard[7].
[1] Document fournit par l’Association Convoi 77
[2] Camp de Drancy : Drancy sert de camp d’internement et de regroupement des Juifs de France avant d’être envoyés dans les camps de concentrations et les centres de mise à mort. Près de 63000 d’entre eux seront déportés depuis Drancy.
[3] Convoi 77 est le dernier grand convoi (1306 déportés) ayant quitté Drancy pour Auschwitz le 31 juillet 1944.
[4] Auschwitz-Birkenau, est un grand camp de concentration et de centre de mise à mort en Pologne. Plus de 1,1 million de Juifs, seront assassinés à Auschwitz-Birkenau
[5] Israël Chaïm Borycki, né en 1902 reviendra du camp d’Auschwitz et fournira ce témoignage le 21 novembre 1946
[6] À partir de 1945, lorsqu’il s’est avéré que de nombreux déportés avaient « disparu », les familles ont été amenées à faire établir des certificats de disparition, qui ont été suivis, ensuite, de jugements déclaratifs de décès tenant lieu d’actes de décès.
Pour l’établissement de ces documents, arbitrairement, il fut décidé que le lieu de décès serait celui du camp d’internement où les futurs déportés avaient été détenus (Drancy, Pithiviers… ), et la date indiquée fut celle du départ du convoi. Ce qui n’est pas le cas ici.
[7] Avec la précision qu’elle est déclarée « par convention » décédée 5 jours après son départ de Drancy. Mais nous savons par Mr Boricky qu’elle est assassinée le 02 août 1944 dès son arrivée à Auschwitz.