Biographie d’Hanna LEVY, née TORRES
réalisée par dix élèves de 3e du collège Saint-Exupéry de Parentis-en-Born (Landes), encadrés par Mmes Croharé, Guédé, Laudignon et Mac Luckie (enseignantes)
I) La vie d’Hanna avant la guerre
Hanna, Antonia Levy est née le 5 mars 1866 à Bordeaux. Hanna était la fille de Abraham Torres et de Noémie Léon et elle appartenait à la communauté juive d’origine portugaise. Son père était employé de commerce et sa mère probablement mère au foyer. Elle s’est mariée le 11 août 1887 avec Joseph Levy (né le 26 novembre 1860), ce dernier était employé au chemin de fer et est mort le 25 novembre 1935. Le couple a eu trois enfants : Aaron en 1889 mais il est décédé à trois mois ; Abraham Raoul né en 1894 et mort en 1978, leur dernier enfant se nomme Salomon Abelard, né en 1899 et décédé en 1983. La famille a déménagé plusieurs fois tout en restant toujours à Bordeaux. Abraham est devenu sellier et il s’est marié en 1920 avec Thérèse Boizet. Salomon Abelard s’est marié en 1928 avec Anna Elisabeth Dupuy, il était charretier et savait donc monter à cheval. Les fils d’Hanna avaient tous les deux atteint un niveau d’étude 3, c’est-à-dire qu’ils avaient un niveau d’instruction primaire relativement élevé.
Hanna était sans profession, ce qui explique qu’elle ait laissé peu de traces d’elle, hormis à l’état civil.
II) La vie d’Hanna sous l’occupation allemande
Après la défaite de la France contre l’Allemagne, Hanna et ses proches vivaient dès lors en zone occupée. En vertu de l’ordonnance du 20 octobre 1940 sur le statut des Juifs, Hanna et Raoul ont dû se faire recenser. Ils font partie des premiers à le faire puisque leurs numéros d’ordre d’enregistrement sont 178 et 179. A partir de juin 1942, Hanna et ses fils ont dû porter l’insigne juif (l’étoile jaune). Raoul a essayé de convaincre les autorités allemandes que ses enfants n’étaient pas juifs car sa femme était catholique. Sa requête a été entendue par le Préfet de la Gironde : en mars 1943 ce dernier a ordonné que la femme de Raoul et leurs deux enfants soient radiés des registres des Israélites du 10 ème arrondissement de Bordeaux. Cette reconnaissance leur a épargné toutes les mesures discriminatoires qui s’abattaient alors sur les Juifs de France.
Alors que la politique de collaboration atteignait son paroxysme, Hanna et ses fils ont échappé à la Rafle du 10 Janvier 1944 durant laquelle quatre cent Juifs de l’agglomération bordelaise ont été arrêtés et parqués dans la Grande Synagogue de Bordeaux, transformée par les autorités nazies en prison.
Hanna habitait au 62 passage Birly lorsqu’elle a été arrêtée à son domicile, des témoins ont signalé sa disparition dans la nuit du 4 au 5 février 1944. Elle est internée dans le camp de Mérignac-Beaudésert à environ onze kilomètres de Bordeaux. Plus de mille deux cent personnes, françaises et étrangères, ont transité comme elle dans ce camp. Il s’agissait avant tout de résistants, d’internés politiques, de réfractaires au STO et de Juifs. Les détenus vivaient dans des baraquements ou des caravanes, supportant des conditions de vie précaires. Par la suite, elle est transférée à Drancy le 14 mai 1944 par le convoi 21 942, y a séjourné quelques mois avant de prendre le convoi 77 qui est parti le 31 juillet et est arrivé à Auschwitz le 5 août 1944, date officielle de son décès. Il est probable qu’Hanna soit morte durant le trajet, qui se déroulait dans des conditions inhumaines et donc difficilement supportables pour une personne de soixante-dix-huit ans. On peut aussi supposer qu’elle ait survécu à ce terrible trajet et qu’elle ait été gazée dès son arrivée dans le camp d’extermination en raison de son grand âge et de son caractère „improductif”.
Elle est reconnue déportée politique en 1953 grâce aux démarches engagées par son fils Raoul auprès des autorités françaises.