Juliette BOGUSCH

1885 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: , , , ,

Juliette Jeanne BOGUSCH

Photo crédit Mémorial de la Shoah

Biographie réalisée par Sigrid GAUMEL, Agrégée de Géographie

 

 

 

 

Nous avons essayé ici de retracer l’histoire personnelle de Juliette Jeanne Bogusch. Nous invitons le lecteur à consulter également les biographies de Rosalie Marie Geismar née Bogusch, de Madeleine Edmonde Strauss née Geismar, de Léon Norbert Strauss, et de Lydie Strauss née Zitko sur le site de l’association Convoi 77[1]. Ces 5 personnes d’une même famille juive ayant vécu à Colmar (Haut-Rhin), ont toutes été déportées à Auschwitz-Birkenau, par le convoi 77, le 31 juillet 1944.

 

Juliette sous l’empire allemand (1885-1914)

 

Une enfance à Gunsbach (1885 – 1897 ?) en Alsace

Juliette Jeanne Bogusch est née le 17 janvier 1885 à Gunsbach[2], village de la vallée de Munster (Haut-Rhin), de l’union de Jakob Bogusch[3] né en 1852 en Russie à Grajewo[4] (Nord-Est de la Pologne actuelle), commerçant, et de Mélanie Bogusch née Geismar le 04 juin 1853 à Turckheim[5] (Haut-Rhin).  Mélanie est la cadette de 10 enfants nés de l’union de Madeleine[6] Geismar née Metzger (née le 18 janvier 1811 à Muttersholtz)[7], sans profession, et de Marc Geismar (né vers 1803 à Turckheim), boucher, domiciliés à Turckheim.

Juliette a deux sœurs aînées, Rosalie Marie Bogusch, née le 23 février 1881 à Hanovre, en Allemagne, au 14 Neue Strasse[8], et Henriette Bogusch née le 13 janvier 1884 à Gunsbach[9] et décédée le 20 janvier 1884 à Gunsbach[10].

La famille réside à Gunsbach depuis 1883 environ. Depuis le traité de Francfort (10 mai 1871), l’Alsace et la Moselle sont annexées de fait par l’Allemagne, et font partie du Reichsland Elsass-Lothringen, ainsi Gunsbach se trouve en Allemagne.

D’autres membres de la famille vivent à Gunsbach : Joseph Geismar, né le 29 octobre 1843 à Turckheim[11], frère de Mélanie, époux de Veronika Geismar née Dreyfus, commerçant, qui décède à Gunsbach le 05 février 1889[12] à 45 ans ; et Madeleine Geismar née Metzger, mère de Mélanie, veuve de Marc Geismar, qui décède à Gunsbach le 26 janvier 1892[13] à l’âge de 81 ans.

Jakob, Mélanie, Rosalie et Juliette habitent à Gunsbach de façon avérée de 1884 à 1895. Nous ne savons pas précisément quand la famille quitte Gunsbach[14] pour Colmar, en raison d’une incohérence entre les fiches domiciliaires : la fiche domiciliaire de Juliette Bogusch mentionne son arrivée à Colmar le 14 octobre 1895[15], alors que celle de Jakob Bogusch mentionne son installation à Colmar le 14 octobre 1897[16]. L’an 1897 nous paraît plus plausible[17]. Le nom de Jakob Bogusch apparaît dans l’annuaire de la ville de Colmar de l’an 1898[18].

 

L’installation durable à Colmar (à partir de 1897 ?)

Jakob et Mélanie Bogusch, accompagnés de leurs deux filles, Rosalie (16 ans) et Juliette (12 ans), semblent donc s’installer à Colmar le 14 octobre 1897. De 1897 à 1902, en 5 ans, ils vont déménager 4 fois, tout en restant dans le quartier du centre-ville de Colmar et à proximité de la synagogue[19] : du 14 octobre 1897 au 5 décembre 1897, ils habitent au 1 Nordstrasse (1 rue du Nord),  du 06 décembre 1897 au 1er avril 1902, ils s’installent au 13 Nordstrasse (13 rue du Nord), le 1er avril 1902 au 10 décembre 1902, ils vivent  au 29 Vaubanstrasse (29 rue Vauban), et enfin le 11 décembre 1902, ils aménagent au 27 Vaubanstrasse (27 rue Vauban).

La sœur aînée de Juliette, Rosalie, âgée de 29 ans, se marie le 08 août 1910 à Colmar à Marcel Geismar[20], son cousin, âgé de 31 ans exerçant la profession de marchand[21]. Marcel Geismar est né le 23 septembre 1878 à Turckheim au 89 Judengasse (89 rue des Juifs)[22]. Il est le cadet de 13 enfants nés de l’union de Salomon Geismar, commerçant et Pauline Geismar née Mauss. De l’union de Rosalie et de Marcel Geismar naît Madeleine Edmonde Geismar le 24 avril 1911 à Colmar au 35 Bärengasse[23] (35 rue de l’Ours).

Juliette reste célibataire, et habite avec ses parents à Colmar[24]. Du 11 décembre 1902 au 12 mars 1912, ils sont installés au 27 Vaubanstrasse (27 rue Vauban), puis le 13 mars 1912, ils aménagent au 17 Nordstrasse (17 rue du Nord).

Le père de Juliette, Jakob, décède le 24 octobre 1912 à Colmar au 17 Nordstrasse[25] à l’âge de 60 ans. Nous n’avons pas retrouvé la trace de sa tombe au cimetière israélite de Colmar, ni dans aucun cimetière juif en Alsace[26]. Nous supposons que la tombe de Jakob Bogusch au cimetière israélite de Colmar a été détruite[27].  Après le décès de Jakob, Rosalie, son mari Marcel Geismar et leur fille Madeleine, viennent habiter avec Mélanie et Juliette Bogusch (âgée de 27 ans) au 17 Nordstrasse[28].

 

La Première Guerre mondiale (1914-1918) et ses conséquences familiales

 

L’engagement dans l’armée allemande du beau-frère de Juliette

A l’orée de la Première Guerre mondiale, Marcel Geismar, beau-frère de Juliette, doit revêtir l’uniforme militaire allemand. Il fait partie des 380 000 Alsaciens-Mosellans mobilisés, dont 4400 Israélites[29]. Marcel Geismar est rattaché, en tant que soldat, au 65e régiment d’infanterie et à un bataillon de lanceur de mines (Wehrmann der Minen werferabteilung)[30].

Souffrant de blessures par grenades, Marcel Geismar est soigné à l’Hôpital militaire allemand (Kriegslazarett) de Jarny (situé actuellement en Meurthe-et-Moselle)[31]. Cet hôpital est aménagé par les Allemands dans les locaux de l’actuel collège Alfred Mézières, où sont soignés de très nombreux blessés venant du front. Avec une salle d’optique, un cabinet dentaire et plusieurs salles d’opérations, cet hôpital devient un lieu essentiel de l’arrière front allemand.

Marcel Geismar y décède à 38 ans le 07 avril 1917 des suites de ses blessures et d’une insuffisance cardiaque[32]. Son nom est mentionné dans le livre des noms mis à disposition au carré militaire allemand 1914-1918 de Colmar[33], ainsi que sur la plaque apposée sur la façade de la synagogue de Colmar et sur la stèle, au cimetière israélite de Wintzenheim. Sa tombe est située au cimetière israélite de Colmar.

 

Juliette réintégrée dans la nationalité française

Après la Première Guerre mondiale, l’Alsace-Moselle est restituée à la France par le Traité de Versailles du 28 juin 1919.

Comme tous les Alsaciens-Mosellans, Juliette, Rosalie, Mélanie, et Madeleine ont attendu la signature du traité de Versailles, puis la publication, en 1920, d’un décret d’application pour entreprendre des démarches afin d’être « réintégrées dans la nationalité française »[34]. La réintégration n’intervient définitivement qu’après validation d’un formulaire de renseignements soumis à l’aval des nouvelles autorités. Ces actes ont été ensuite inscrits dans des registres de réintégration ouverts dans chaque commune[35]. Juliette, Rosalie et Mélanie sont naturalisées Françaises par jugement du 28 juillet 1920[36].

A la mort de son époux Marcel, Rosalie se retrouve seule avec sa fille Madeleine, âgée de 6 ans. Après la guerre, Rosalie et Madeleine habitent avec Juliette et Mélanie Bogusch, mère de Rosalie et grand-mère de Madeleine, à Colmar, 17 rue du Nord[37]. Juliette exerce la profession de vendeuse[38] ; en 1925, âgée de 40 ans, elle est directrice aux Galeries Alsaciennes[39], un magasin de merceries et de mode situé en plein cœur de Colmar, au 15-21 rue des Clefs, dont les propriétaires sont Weyl et Bloch[40]. Ce magasin n’existe plus actuellement.

 

Juliette s’installe à Mulhouse pendant l’entre-deux-guerres

La mère de Juliette, Mélanie, décède à Colmar, 17 rue du Nord, le 18 janvier 1930[41] à l’âge de 76 ans. Sa tombe  se trouve au cimetière israélite de Colmar.

Juliette, âgée de 45 ans, quitte Colmar pour Mulhouse le 03 mars 1930[42]. Nous pouvons supposer qu’elle déménage pour des raisons professionnelles ; à Colmar, Juliette était directrice aux Galeries Alsaciennes, or à partir de 1932, ce magasin n’est plus mentionné dans les annuaires de la ville de Colmar (ce magasin a-t-il fermé à Colmar ?). Juliette exerce l’activité de gérante à Mulhouse et, plusieurs fois, change d’adresse à Mulhouse : du 03 mars 1930 au 25 avril 1930, elle réside au 31 rue des 3 Rois[43]  ; du 25 avril 1930 au 04 avril 1940, au 17 rue de la Sinne. Le recensement de 1936 ne mentionne cependant pas la présence de Juliette Bogusch à Mulhouse, au 17 rue de la Sinne[44].

Madeleine, la nièce de Juliette, se marie le 26 septembre 1934 à Colmar[45] avec Léon Norbert Strauss (sans contrat de mariage). Léon Norbert Strauss est né le 24 novembre 1907 à Obernai au 12 Marktgasse (12, rue du Marché)[46]. Après leur mariage, Madeleine et Léon Strauss habitent à Colmar au 17 rue du Nord (2e étage)[47] avec la mère de Madeleine, Rosalie. Madeleine est employée de bureau, secrétaire au syndicat médical de Colmar ; Léon est employé de commerce chez Lehmann cuirs en 1936[48]. Le recensement de 1936 mentionne que Madeleine, Léon et Rosalie sont de nationalité française et savent parler le français. Léon dispose d’un degré d’instruction élevé (niveau 5), du brevet d’aptitude musicale et du brevet pour conduire des automobiles[49].

Madeleine et Léon Strauss ont une fille, Lydie, cependant Lydie n’est pas leur fille naturelle. Lydie, née Zitko le 14 novembre 1936 à Wiesbaden en Allemagne[50], aurait été accueillie par le NID de Strasbourg[51], probablement une association ou un service public d’assistance recueillant, en vue d’adoption, des enfants orphelins ou abandonnés. Nous n’avons pas trouvé l’acte de légitimation d’adoption de Lydie Zitko[52], et ignorons la date précise d’installation de Lydie chez Madeleine et Léon Strauss.

A la fin des années 1930, l’antisémitisme progresse en France. La population, qui subit la crise économique mondiale, les affrontements politiques et les scandales politico-financiers à l’époque du Front Populaire, se retourne contre les juifs. En Alsace, les organisations et les partis d’extrême-droite appellent à boycotter les commerces juifs et diffusent tracts et journaux antisémites[53].  Après la signature des accords de Munich (30 septembre 1938), les juifs sont accusés de pousser la France à la guerre, afin de défendre les juifs allemands. Des groupes antisémites s’attaquent, à Strasbourg et à Mulhouse notamment, à des entreprises juives, brisant les vitres, saccageant et pillant les magasins et blessant leurs occupants.

Début avril 1938, Rosalie Geismar, Madeleine et Léon Strauss, ainsi que Lydie (?), s’installent au 8 rue Erckmann-Chatrian à Colmar[54] (or, d’après l’annuaire de la ville de Colmar de 1938, ils habiteraient toujours au 17 rue du Nord à Colmar ; de plus, ils ne figurent plus dans l’annuaire de Colmar de 1939). De même, Juliette Bogusch, qui a déménagé depuis 1930 à Mulhouse, continue d’être mentionnée dans les annuaires de Colmar de 1932, 1933, 1934, 1936, 1937 et 1938.

 

L’entrée en guerre et la fuite à Cannes puis au Cannet (Alpes-Maritimes) (1940)

 Le 1er septembre 1939, l’armée allemande envahit la Pologne. Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.

A Mulhouse, Juliette Bogusch, âgée de 55 ans, déménage le 4 avril 1940 et s’installe, pour 2 jours, au 13 rue Ernest Meininger . Le 6 avril 1940, Juliette[55], accompagnée de sa sœur Rosalie[56], de sa nièce Madeleine et de Lydie fuient l’Alsace et trouvent refuge à Cannes (Alpes-Maritimes). Elles habitent au 14bis rue d’Antibes à Cannes[57] [58].

Léon Strauss, rappelé à l’activité le 23 août 1939, est affecté au 28e régiment d’infanterie de forteresse (RIF), installé sur la ligne Maginot du Rhin et occupant le secteur fortifié de Wolfgantzen (au Nord-Ouest de Neuf-Brisach, Haut-Rhin). Il est fait prisonnier des Allemands, les deux bataillons du 28e RIF étant capturés les 21 et 22 juin 1940[59]. Léon réussit à s’échapper et à rejoindre sa famille, probablement à Cannes[60].

La famille déménage ensuite au Cannet, commune voisine de Cannes (nous ne connaissons pas la date de déménagement au Cannet). Juliette, Rosalie, Madeleine, Léon et Lydie habitent, alors, la Villa Le Bosquet au 6 rue de Madrid au Cannet[61], une belle villa avec un vaste jardin, et ce jusqu’au 25 juin 1944.

L’armistice, signé le 22 juin 1940 avec l’Allemagne, et le 24 juin 1940 avec l’Italie, entre en vigueur le 25 juin 1940. Le territoire français est divisé en deux zones : la zone occupée par les Allemands au Nord, et la zone dite « libre » au Sud dirigée par le gouvernement de Vichy. L’Alsace-Moselle est annexée de fait et rattachée au Reich nazi, l’armée allemande occupe ce territoire et y installe son administration. Dès le 13 juillet 1940, le Gauleiter Wagner, chef de l’administration civile en Alsace, décide d’expulser les juifs restés en Alsace, et de confisquer tous leurs biens, intérêts et droits au profit du Reich[62].

Plus de 3000 juifs sont ainsi expulsés vers la zone non-occupée. En 3 jours, les nazis ont fait de l’Alsace une région judenrein. Les nazis ont également voulu effacer toute trace de la présence juive en Alsace (destruction ou endommagement de nombreuses synagogues – notamment à Strasbourg et à Mulhouse, saccage de cimetières israélites notamment à Colmar).

 

La vie sous le régime de Vichy (22 juin 1940-8 novembre 1942), et sous l’occupation italienne (9 novembre 1942- 8 septembre 1943)

Après la signature de l’armistice par la France (22 juin 1940), le département des Alpes-Maritimes se situe en zone Sud, zone où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy. Le gouvernement du maréchal Pétain fait preuve d’un antisémitisme racial, et proclame, dès l’automne 1940, l’existence d’une « race juive ». Le 3 octobre 1940, il promulgue la loi portant sur le « Statut des Juifs », et le 2 juin 1941, il ordonne un recensement sur tout le territoire et promulgue un deuxième statut des juifs. Jusqu’à la fin 1942, l’Etat français adopte et publie plus d’une centaine de textes juridiques visant les juifs[63]. Il participe aussi activement à la déportation des juifs étrangers. Les juifs alsaciens de nationalité française sont soumis au statut des juifs du 3 octobre 1940, toutefois, le gouvernement de Vichy n’a pas imposé le port de l’étoile jaune en zone libre.

En réaction au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942), les Allemands décident, aussitôt, d’envahir et de militariser la zone libre, laissant aux Italiens les départements situés à l’Est du Rhône, dont notamment les Alpes-Maritimes où vit Juliette Bogusch et sa famille. Dans les départements sous leur contrôle, les Italiens se montrent bienveillants envers les Juifs : il n’y a pratiquement plus d’arrestations, ils s’opposent même par la force aux directives allemandes et françaises, ils font ainsi pression sur les préfets de Vichy pour qu’ils ne fassent pas appliquer la mention « juif » sur les papiers d’identité[64]. La famille Geismar-Bogusch-Strauss a probablement bénéficié de la clémence italienne. Lydie Strauss, âgée de 6 ans en 1942, a, sans doute, été scolarisée dans une école au Cannet[65].

 

L’occupation allemande (à partir du 9 septembre 1943), l’arrestation et la déportation (31 juillet 1944)

Tout change avec l’armistice de l’Italie et l’arrivée des Allemands le 8 septembre 1943. Les Alpes-Maritimes, occupées par les Allemands jusqu’en août 1944, cessent d’être une zone refuge pour les juifs. Le SS Aloïs Brunner, Obersturmbannführer, s’installe à Nice le 10 septembre 1943 et dirige un commando spécial chargé d’organiser la chasse systématique de tous les juifs de la Côte d’Azur[66]. Leur quartier général, situé à l’Hôtel Excelsior, près de la gare de Nice, sert à rassembler et à héberger des juifs destinés à la déportation. Des dénonciateurs rémunérés et des « physionomistes » secondent les unités de la Gestapo, ils sillonnent les rues, ratissent les hôtels. Tous les hommes sont examinés, contraints de baisser leur pantalon et, s’ils sont circoncis, sont aussitôt arrêtés[67]. De l’arrivée de l’équipe Brunner à Nice, à son départ en décembre 1943, soit environ 80 jours, 2142 Juifs sont arrêtés et enregistrés à l’Hôtel Excelsior[68].

Le sort de Juliette Bogusch, Rosalie Geismar, Madeleine et Léon Strauss ainsi que de la petite Lydie âgée de 7 ans, a été décrit par le Docteur Kruger de Cannes[69], lors du procès le 7 juin 1945, devant le tribunal de Grasse, du dénonciateur de la famille Geismar-Bogusch-Strauss, un nommé Finck. Selon le rapport du Docteur Kruger, la famille a été arrêtée le 25 juin 1944 et a été emmenée à la villa Montfleury, le siège de la Gestapo à Cannes. Le 27 juin 1944, la famille a été transférée à l’hôtel Excelsior à Nice, et 15 jours plus tard, dirigée vers le camp de Drancy, situé à 4km de Paris en Seine-Saint-Denis.

Le camp de Drancy est un camp de transit, où sont concentrés les Juifs avant la déportation vers Auschwitz-Birkenau. A l’arrivée au camp de Drancy, l’administration française s’approprie toutes les possessions des internés, remplissant soigneusement une fiche pour chaque personne[70]. Un double des reçus des valeurs confisquées est établi par le service d’ordre juif. Le plus souvent, un seul reçu est réalisé pour une famille entière. Ainsi, Léon Strauss s’est vu confisquer 3158 francs par l’administration, comme l’atteste le reçu du 12 juillet 1944 signé du « chef de la police » juive du camp de Drancy[71].

Le 31 juillet 1944, Juliette, sa sœur Rosalie, sa nièce Madeleine, Léon ainsi que sa petite-fille Lydie ont été déportés de Drancy à Auschwitz-Birkenau avec le convoi 77, comme l’atteste la liste originale du convoi de déportation[72].  Ils sont arrivés à Auschwitz-Birkenau le 3 août 1944.

D’après le témoignage d’un déporté Broido ou Broydo Albert[73], compagnon de Léon Strauss jusqu’au camp d’Auschwitz, il est plus que probable que les trois femmes et Lydie, « étant pâles et souffrantes », aient été transférées immédiatement par camions aux chambres de gaz où elles ont été gazées et enfin brûlées[74]. La date de décès de Rosalie[75], Juliette[76], Madeleine[77] et Lydie[78] est le 3 août 1944.

Léon Strauss, arrivé à la gare d’Auschwitz, a marché à pied jusqu’au camp d’Auschwitz[79]. Déshabillé, tondu et tatoué sur le bras gauche (B88 et deux chiffres inconnus), Léon doit travailler pendant 2 mois au camp ; il est affecté au kommando de la réparation des rues et plus tard à la canalisation. Fin septembre, Léon Strauss a eu une infection aiguë du doigt et a dû se rendre à l’infirmerie du camp. Le 3 octobre 1944, Léon Strauss a été gazé à Birkenau puis brûlé au four crématoire. L’acte de décès de Léon Strauss mentionne « mort pour la France » suivant l’avis du ministère des anciens combattants en date du 28 novembre 1945, mention à laquelle tout déporté racial a droit de par la loi, et « mort en déportation » suivant l’avis du Ministre de la Défense en date du 29 septembre 2003[80].

 

Lieux de mémoire et projets mémoriels

Différents lieux de mémoire honorent les déportés. Sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah à Paris figurent notamment les noms de Bogusch Juliette, de Geismar Rosalie, de Strauss Edmée, de Strauss Léon, et de Strauss Lydie[81].

La stèle mémorielle du cimetière israélite de Colmar mentionne les noms et âges des déportés juifs ayant habité à Colmar, y figurent : Bogusch Juliette (58 ans), Geismar-Bogusch Rosa (60 ans), Strauss Léon (38 ans), Strauss-Geismar Madeleine (33 ans) et Strauss (Zitko) Lidy (8 ans). A Mulhouse, le monument mémoriel au cimetière israélite mentionne le nom de Bogusch Juliette (55 ans). Nous remarquons – une fois de plus –  l’orthographe approximatif des prénoms, et l’âge variable des personnes mentionnées sur les monuments.

Au Cannet, une stèle a été érigée au jardin du Tivoli, au cœur de la ville, près du monument aux morts des guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, le 1er juillet 2011 à la mémoire des habitants juifs du Cannet déportés entre 1942 et 1944. Cette plaque mentionne les noms de Léon et Edmée Strauss et de leur fille Lydie (8 ans). Une fois encore, l’orthographe des prénoms et noms des personnes est approximatif : il s’agit bien de Madeleine Edmonde Strauss née Geismar et de Lydie Strauss née Zitko. De plus, les noms de Rosalie Geismar et de Juliette Bogusch ne figurent pas sur ce monument. Nous avons pris contact avec l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes), M. Wolman de l’association nous a assuré que les noms de Rosalie et de Juliette seront prochainement ajoutés sur une nouvelle plaque commémorative.

La mémoire de Juliette pourrait être davantage honorée par l’installation de Stolpersteine devant son dernier domicile[82], c’est-à-dire au 17 rue de la Sinne à Mulhouse.

 

Remarques 

Nous n’avons pas évoqué dans cet article le vécu de la famille du frère aîné de Marcel Geismar, Aron Lazare Geismar : 8 membres de la famille Geismar-Weil-Wolff, réfugiés dans le Limousin, à Eymoutiers (Haute-Vienne), ont été raflés le 6 avril 1944 par la division SS commandée par le Général Brehmer, incarcérés à la prison de Limoges, transférés au camp de Drancy le 12 avril 1944, puis déportés par le convoi 72 le 29 avril 1944. 7 d’entre eux y laissent la vie[83].

La photographie de Juliette Bogusch reproduite avec cette biographie provient du site internet du Mémorial de la Shoah de Paris, le Mémorial faisant partie des sponsors de l’association Convoi 77. Cote : 1915488.jpg. Yad Vashem.

 

Remerciements 

Je voudrais remercier Mme Nicole Hermann, belle-fille de Mme Mariette Hermann née Geismar, pour m’avoir permis de compléter les arbres généalogiques de la famille Geismar. Je remercie également M. Ivan Geismar, M. Jacques Geismar et son père.

Je remercie vivement M. Serge Jacubert et l’Association Convoi 77, pour m’avoir fourni de nombreux documents émanant du PAVCC, SHD (Caen).

Il me tient aussi à cœur de remercier Mme Michèle Merowka, Présidente de l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes, association dont le but est la pose de plaques commémoratives dans les établissements scolaires), et M. Roger Wolman qui m’ont fourni des renseignements quant aux archives disponibles à la mairie du Cannet, et des photographies.

Je remercie également M. Daniel Fuks, pour le partage de documents de travail, son aide et ses conseils.

Enfin, j’adresse mes remerciements à Mme Doris Kohl, archiviste aux archives municipales de Colmar pour son aide, ses conseils et les documents fournis, ainsi qu’à M. Olivier Holder, archiviste aux archives départementales du Haut-Rhin pour son aide et sa disponibilité. Merci enfin à M. Martin Gugg, Professeur d’Allemand, pour son aide linguistique.

 

 

Biographie achevée le 05 avril 2020.

 

Références

[1] L’orthographe des noms et prénoms des personnes change selon les documents de l’administration allemande (entre 1871 et 1918) et de l’administration française (après 1918), et selon les auteurs et sources des documents. Ainsi, concernant les documents de l’administration française, Madeleine Edmonde Geismar est parfois mentionnée comme Madeleine Edmée Geismar, Rosalie Marie Geismar épouse Bogusch comme Rosa Geismar- Bogusch ou Rose Geismar, Juliette Jeanne Bogusch comme Jeanne Juliette Bogusch ou Julie Bogusch, Lydie Strauss née Zitko comme Lidy Strauss.

[2] Acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1883-1892 Gunsbach 5Mi EC121 ; et acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives municipales de Gunsbach.

[3] Selon les documents, Jakob Bogusch est mentionné comme Jankiel Bogusch ou Jacob Bogusch ou Jacques Bogusch.

[4] D’après l’acte de décès de Jacques Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[5] Acte de naissance de Mélanie Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1850-1862 Turckheim 5Mi 503/7.

[6] Selon les documents, Madeleine est parfois mentionnée comme Minette ou Magdalena.

[7] Acte de naissance de Madeleine Metzger, Archives départementales du Bas-Rhin, 4 E 311/2 (en ligne).

[8] Acte de naissance de Rosalie Bogusch, Stadtarchiv Hannover, disponible sur le site internet de Yad Vashem.

[9] Acte de naissance de Henriette Bogusch, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1883-1892 Gunsbach 5Mi EC121.

[10] Acte de décès de Henriette Bogusch, Archives départementales du Haut-Rhin. D 1883-1889 Gunsbach 5Mi EC121.

[11] Acte de naissance de Joseph Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin (en ligne).

[12] Acte de décès de Joseph Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin. D 1883-1889 Gunsbach 2Mi EC121 ; et acte de décès de Joseph Geismar, Archives municipales de Gunsbach.

[13] Acte de décès de Minette [Magdalena] Geismar née Metzger, Archives départementales du Haut-Rhin. D 1890-1892 Gunsbach 2Mi EC122 ; et acte de décès de Minette [Magdalena] Geismar née Metzger, Archives municipales de Gunsbach.

[14] En 1906, la famille n’habite plus à Gunsbach, puisqu’elle n’est pas mentionnée dans le recensement de la population de Gunsbach en 1906, Familienbuch der Gemeinde Günsbach aufgestellt in Jahre 1906, Archives municipales de Gunsbach.

[15] Fiche domiciliaire de Juliette Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[16] Fiche domiciliaire de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[17] En raison de plusieurs erreurs sur la fiche de Juliette Bogusch  – le prénom (Julie au lieu de Juliette), le nom d’une rue (Luzelle ou lieu de Lucelle) – et d’oublis (nombreuses adresses successives à Colmar non mentionnées).

[18] Adressbuch der Stadt Colmar, 1898, Archives municipales de Colmar.

[19] Fiche domiciliaire de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[20] Acte de mariage de Rosalie Bogusch et de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.

[21] Mention de Geismar Marcel, Kaufmann. Adressbuch der Stadt Colmar, 1911/1912, Archives municipales de Colmar.

[22] Acte de naissance de Marcel Geismar, Archives départementales du Haut-Rhin. N 1873-1882 Turckheim 5Mi 499/4.

[23] Acte de naissance de Madeleine Edmonde Geismar, Archives municipales de Colmar.

[24] Fiche domiciliaire de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[25] Acte de décès de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[26] D’après le site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine : http://judaisme.sdv.fr/. Le nom de Yentel Bogusch est mentionné au cimetière israélite de Colmar, mais nous n’avons pas réussi à établir un lien familial certain entre Yentel et Jakob Bogusch.

[27] Le cimetière israélite de Colmar est saccagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Les tombes arrachées par des tailleurs de pierre sont réutilisées pour le pavage des rues ou la construction de barrages antichars. D’après Mireille Biret, « Le sort des Juifs d’Alsace pendant la Seconde Guerre mondiale », Base Numérique du Patrimoine d’Alsace, Canopé, Académie de Strasbourg, 2011  (en ligne – http://crdp-strasbourg.fr).

[28] Mention de Geismar Marcel, Kaufmann, Nordstr. 17. Adressbuch der Stadt Colmar, 1913/1914, et 1914/1915, Archives municipales de Colmar.

[29] Philippe Landau, 1871-1918 Les citoyennetés à l’épreuve, in sous la dir. de Freddy Raphaël, Juifs d’Alsace au XXe siècle, ni ghettoïsation, ni assimilation, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2014.

[30] Acte de décès de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.

[31] Kévin Goeuriot, « Jarny pendant la Grande Guerre », Jarny Patrimoine, n° 8, Supplément Jarny Mag, juillet 2014.

[32] Acte de décès de Marcel Geismar, Archives municipales de Colmar.

[33] Namenbuch, Deutscher Soldatenfriedhof 1914-1918 – Aufgestellt von der Deutschen Dienststelle (WAst) Berlin in Zusammenarbeit mit dem Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge.

[34] Bernard Wittmann, Une épuration ethnique à la française, Alsace-Moselle 1918-1922, Fouesnant, Yoran Embanner, 2016.

[35] Après 1945, pour des démarches administratives, Henri Strauss a dû apporter la preuve de la « possession d’état de la nationalité française » de Léon Strauss, de Juliette Bogusch (et probablement de Rosalie Geismar, de Madeleine Strauss). Nous disposons ainsi de la copie de l’extrait du registre des personnes réintégrées de plein droit dans la qualité de Français du 09 août 1920 pour Léon Strauss (copie conforme le 10 mars 1954) et d’un certificat de nationalité pour Juliette Bogusch (daté du 17 décembre 1947). Pôle des archives des victimes des conflits contemporains (PAVCC), Service historique de la Défense, Caen (documents obtenus par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).

[36] Fiches domiciliaires de Marcel Geismar et de Jakob Bogusch, Archives municipales de Colmar.

[37] Annuaires de la ville de Colmar de 1920, 1921, 1925, 1926, 1927, 1928, 1929 et de 1932, Archives municipales de Colmar.

[38] Annuaire de la ville de Colmar de 1920, Archives municipales de Colmar.

[39] Et non directrice d’école comme mentionné dans l’ouvrage suivant : Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.

[40] Annuaires de la ville de Colmar de 1925, 1926, 1927 et de 1929, Archives municipales de Colmar.

[41] Acte de décès de Mélanie Bogusch née Geismar, Archives municipales de Colmar.

[42] Fiche domiciliaire de Juliette Bogusch, Archives municipales de Mulhouse.

[43] Les deux fiches domiciliaires de Juliette Bogusch à Colmar et à Mulhouse comportent des indications différentes. La fiche de Colmar indique que Juliette Bogusch aurait déménagé le 03 mars 1930 au 1 bis de la Luzelle (vraisemblablement Lucelle), alors que la fiche de Mulhouse mentionne un déménagement le 03 mars 1930 au 31 rue des 3 Rois. En réalité, il s’agit du même immeuble situé au coin des deux rues.

[44] Recensement de 1936 à Mulhouse, Archives départementales du Haut-Rhin.

[45] Acte de mariage de Madeleine Geismar et de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.

[46] Acte de naissance de Léon Strauss, Archives départementales du Bas-Rhin (en ligne), 4E348/55.

[47] Annuaires de la ville de Colmar de 1936, de 1937 et de 1938, Archives municipales de Colmar.

[48] Recensement de 1936 à Colmar, Archives départementales du Haut-Rhin.

[49] Ministère de la Guerre, subdivision de Sélestat, registre matricule, classe de 1927,  3e volume, n° matricule de Léon Strauss 1146, Archives départementales du Bas-Rhin, 806D20.

[50] Acte de naissance de Lydie Zitko, Archives municipales de Wiesbaden (Allemagne).

[51] D’après la feuille de témoignage de Mme Mariette Hermann datée du 22.10.1991, disponible sur le site internet de Yad Vashem.

[52] Documents consultés : registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Première Instance de Colmar, registre d’inscription des affaires O, P, Q, Z de la 1e chambre de 1934 à août 1941, Archives départementales du Haut-Rhin, AL125082 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Saverne, répertoire alphabétique des affaires de la 1e chambre civile de 1903 à 1953, Archives départementales du Bas-Rhin, 2044W7 ; registres d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoires alphabétiques des affaires de la 1e chambre civile de 1932 à 1944, Archives départementales du Bas-Rhin, 811D7, 811D8, 811D9 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoire alphabétique des affaires de la 2e chambre civile de 1937 à 1939, Archives départementales du Bas-Rhin, 812D9 ; registre d’inscription des actes soumis à l’enregistrement au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, répertoire alphabétique des affaires de la 3e chambre civile de 1933 à 1939, Archives départementales du Bas-Rhin, 813D31.

[53] Freddy Raphaël, Les Juifs d’Alsace et de Lorraine de 1870 à nos jours, Paris, Albin Michel, 2018.

[54] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.

[55] Fiche domiciliaire de Juliette Bogusch, Archives municipales de Mulhouse.

[56] Fiche domiciliaire de Rosalie Geismar, Archives municipales de Colmar.

[57] Fiche domiciliaire de Léon Strauss, Archives municipales de Colmar.

[58] D’après M. Roger Wolman, le numéro 14bis rue d’Antibes n’existe pas ou plus actuellement (juin 2019). Les numéros 14 et 16 se succèdent.

[59] D’après le site internet : www.memorialgenweb.org.

[60] Lettre du 21 mai 1945 de Henri Strauss au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés à Paris. PAVCC, SHD, Caen (document obtenu par l’intermédiaire de l’association Convoi 77).

[61] Actes de décès de Léon Norbert Strauss et de Madeleine Edmonde Geismar datés du 13.12.1948, ville du Cannet ; Acte de décès de Lydie Strauss daté du 03.05.2013, ville du Cannet ; Acte de décès de Rosalie Marie Bogusch daté du 06.01.1949, ville du Cannet ; lettre des avocats Maîtres Léon Rapp et Jules Weil du 06 octobre 1947 au Procureur de la République.

[62] En juillet 1940, les deux chefs de l’administration civile, Robert Wagner, en Alsace et Joseph Bürckel en Moselle, ont décidé de débarrasser l’Alsace-Moselle de tous les « éléments indésirables » indignes de peupler les terres germaniques : les juifs, les gitans, les criminels, les incurables, les Français et Welschisants devaient être expulsés vers la zone non occupée. Les juifs d’Alsace-Moselle ont eu de une à vingt-quatre heures pour préparer leur départ et ne pouvaient emporter qu’une valise de 20 à 30kg et une modeste somme d’argent. D’après Freddy Raphaël, Les Juifs d’Alsace et de Lorraine de 1870 à nos jours, Paris, Albin Michel, 2018.

[63] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).

[64] Jacques Semelin, La survie des juifs en France 1940-1944, Paris, CNRS Editions, 2018.

[65] D’après Mme Michèle Merowka, Présidente de l’AMEJDAM (Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes), nous ne pouvons pas savoir où Lydie Strauss était scolarisée, faute de registres dans les écoles du Cannet.

[66] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).

[67] Renée Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, CNRS Editions, 2018.

[68] Jean Kleinmann, « Les politiques antisémites dans les Alpes-Maritimes de 1938 à 1944 », Cahiers de la Méditerranée, 74, 2007 (en ligne).

[69] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.

[70] Annette Wieviorka et Michel Laffitte, A l’intérieur du camp de Drancy, Paris, Perrin, 2015.

[71] Reçu de M. Strauss, carnet de fouilles de Drancy n°156, reçu n°6441, disponible sur le site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.

[72] Liste originale du convoi de déportation disponible sur le site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.

[73] Broido ou Broydo Albert est né en 1905. Arrêté le 27 juin 1944, déporté à Auschwitz-Birkenau, il est tatoué sur le bras gauche B 3705. Il est rentré de Buchenwald le 21 avril 1945. Demeure à Paris, 11 rue du Trésor en juin 1945 ; puis au 33 Bld. Saint-Martin en juillet 1947.

[74] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.

[75] Acte de décès de Rosalie Marie Bogusch daté du 06.01.1949, ville du Cannet.

[76] D’après l’annotation sur l’acte de naissance de Juliette Jeanne Bogusch, Archives municipales de Gunsbach. La ville du Cannet n’a pas établi, à ce jour, d’acte de décès de Juliette Bogusch.

[77] Acte de décès de Madeleine Edmonde Geismar daté du 13.12.1948, ville du Cannet.

[78] Acte de décès de Lydie Strauss daté du 03.05.2013, ville du Cannet.

[79] Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.

[80] Acte de décès de Léon Norbert Strauss daté du 13.12.1948, ville du Cannet.

[81] Inscription sur le Mur des Noms. Site internet du Mémorial de la Shoah de Paris.

[82] Concernant Juliette Bogusch, il ne semble pas pertinent de poser une Stolperstein au 13 rue Ernest Meininger à Mulhouse (Juliette y aurait vécu 2 jours).

[83] Témoignage de Françoise Azoulay, fille de Jeanne Geismar, in. Jacky Dreyfus et Daniel Fuks, Le Mémorial des Juifs du Haut-Rhin, Martyrs de la Shoah, Strasbourg, Jérôme Do Bentzinger, 2006.

Contributeur(s)

Sigrid GAUMEL, Agrégée de Géographie
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