Biographie de Jacques GUGENHEIM
Jacques Gugenheim est né le 8 octobre 1907 à Quatzenheim en Alsace allemande, aujourd’hui dans le Bas-Rhin. Il est le fils du rabbin (plus tard grand rabbin) Max Gugenheim (1877-1968) et de sa cousine Marta Meier née à Baden en Suisse, et décédée en 1920, juste avant sa bar mitsva. Il est l’aîné de 4 enfants : Alice (1908-1965) – épouse d’Achille Blum –, de Blanche – épouse de Noé Gottlieb – et d’Ernest (1916-1977) – époux de Claude-Annie Dalsace – et futur grand rabbin, directeur du Séminaire israélite de France et vice-président du Beth Din de Paris.
Jacques Gugenheim descend en ligne directe de générations de rabbins remontant au début du 18e siècle en Alsace (1). Il est élève du Collège de Bouxwiller (Bas-Rhin) jusqu’au baccalauréat. A partir de 1929, il est instituteur (2) à l’école primaire israélite d’Ingwiller (Bas-Rhin).
Jacques Gugenheim est incorporé en octobre 1932 au 150e régiment d’infanterie. Nommé caporal, il passe au 23e régiment d’infanterie. Il est démobilisé le 5 octobre 1933. Il est domicilié 25 rue des Serruriers à Strasbourg (Bas-Rhin), quand il est rappelé le 26/08/39 et affecté au Centre Mobilisateur du Train en gare de Peltre (Moselle). Fait prisonnier en un lieu et à une date inconnus, il est démobilisé à Bitray (Indre) le 1er juillet 1942 (3).
Célibataire, il rejoint ses parents repliés à Vichy (Allier) où son père, rabbin avant-guerre à Bouxwiller a été nommé par le Consistoire. La famille Gugenheim est domiciliée 104 rue Nationale à Vichy.
Le 16 février 1944, Jacques est arrêté à Paris. On ignore la raison de sa présence en zone occupée.
Il est inculpé « d’usage de faux en matière de carte d’identité française (loi du 27/10/1940 article 71), et de déclaration tardive de qualité juive (loi du 2/6/1941) ». Il est alors interné à la prison de La Santé à Paris.
Selon le registre d’écrou du Centre Pénitentiaire du Haut-Clos de Troyes, il est condamné en février 1944 à 6 mois de prison par le Tribunal Correctionnel de la Seine (10e Chambre) pour infraction aux lois du 27/10/40 et du 10/1941. Il est transféré le 12 mai 1944 au Centre Pénitentiaire du Haut Clos à Troyes (Aube). Il fait partie des détenus envoyés pour travailler dans le cadre de l’organisation Todt à l’usine souterraine de Cravant dans l’Yonne à la carrière de Palotte, où sont réparés les avions de chasse allemands endommagés au combat (4).
Jacques s’évade le 7 juin 1944. Arrêté de nouveau, il est transféré le 26 juillet à Drançy où il reçoit le matricule n° 25977.
Il est déporté le 31 juillet de Drançy à Auschwitz. Sélectionné pour le travail, il est évacué d’Auschwitz vers Dachau où il arrive le 28 janvier 1945. Il y reçoit le matricule 139268 sous le prénom de Charles. D’après le fichier de Drançy adultes (copie au Mémorial de la Shoah) Jacques était instituteur et domicilié à Vichy lors de son arrestation et en possession de 199 francs français (carnet de fouille).
D’après le Bulletin individuel du 3/7/42 du recensement des activités professionnelles, modèle spécial destiné aux prisonniers rapatriés, Jacques s’est déclaré instituteur public donnant des cours privés à domicile.
Le 16/08/1994 le regretté rabbin Daniel Gottlieb, fils de Blanche – sœur de Jacques – a rempli une feuille de témoignage à Yad Vachem à la mémoire de son oncle Jacques.
Le 20/03/1997 M.Henri Cahen, président honoraire de l’Association cultuelle israélite de Troyes a également rempli une feuille de témoignage.
Jacques est décédé à Dachau aux environs de février 1945 (5). Daniel Gottlieb a précisé la date du 12 février dans sa feuille de témoignage à Yad Vashem.
La tradition familiale (peut-être témoignage d’un déporté survivant) a retenu que Jacques était mort du typhus comme de nombreux déportés à Dachau.
Biographie rédigée par Alexis Blum, Grand Rabbin, neveu de Jacques Gugenheim