Jeanne HAAS, née Ulmann
photo ci-contre provenant du fonds du Mémorial de la Shoah
Introduction
Avez-vous déjà eu l’envie de faire avancer le temps ? Pour notre classe, la réponse est, sans hésiter : oui. Cela nous arrivait constamment en cours d’histoire. Nous avions traité beaucoup de sujets, l’Antiquité, le Moyen Âge, les Temps Modernes, mais aucun de ces thèmes n’avait réussi à nous enlever notre sentiment d’ennui pour cette matière. Cela est resté ainsi jusqu’au jour où M. Tschopp, notre enseignant d’histoire, nous a exposé le projet « Convoi 77 ». Quand il nous a expliqué en quoi il consistait, toute notre classe a tout de suite été motivée. Nous y avons alors pris part.
Dans ce convoi se trouvaient des personnes originaires de Suisse et cela nous a beaucoup interpellés. Le plus étonnant, pour nous, est qu’une passagère venait comme nous de Delémont, ville et région où nous vivons. Notre choix s’est tout de suite porté sur cette Delémontaine : Jeanne Haas née Ulmann.
La Suisse étant un pays neutre, nous avions toujours imaginé jusqu’ici que le peuple suisse avait été épargné, que la guerre s’était arrêtée à nos frontières. Nous n’avions jamais réfléchi plus loin. Grâce à ce projet, nous avons ouvert les yeux. Nous avons ainsi compris que ces guerres ne s’appellent pas guerres mondiales pour rien. Quelles que soient notre origine, notre langue maternelle, notre couleur de peau et notre religion, nous avons été tous touchés de près ou de loin par ce tragique évènement.
Toutes les victimes de cette guerre sont mortes sans raison valable à nos yeux. Sans aucune protection, elles n’étaient en sécurité nulle part. Constamment sous la menace de la mort, elles attendaient simplement que le temps passe, que les jours s’écoulent, que les années se succèdent, et qu’enfin la guerre cesse.
Aujourd’hui, notre génération accorde beaucoup d’importance à ses propres problèmes, bien souvent futiles, qui sont incomparables à ceux qu’une partie de l’humanité a rencontrés. Nous n’avons jamais ressenti ce sentiment d’attente et de peur. Écrire cette biographie nous a permis de nous en rendre compte.
Il nous est difficile d’imaginer que de telles atrocités ont pu être commises sur cette planète. Comment avons-nous pu en arriver là ? Nous n’avons pas trouvé de réponses à cette question, nous ne savons pas si nous en trouverons un jour. Tous les humains se partagent la même planète. Nous vivons ensemble. Ceci devrait être suffisant pour que personne n’ose faire de mal à qui que ce soit.
Nous espérons qu’en écrivant ces lignes nous arriverons à honorer la mémoire de toutes les femmes et de tous les hommes morts injustement pendant la guerre. Personne ne doit les oublier. Il n’y aura bientôt plus de survivants de cette époque, alors il est notre devoir de partager leurs histoires. Rendre hommage à ces personnes qui sont nos ancêtres, nos familles, ces gens qui ont vécu le pire nous semble aujourd’hui une évidence. Tous les historiens se sont intéressés aux événements importants, aux illustres personnages, mais peu se sont préoccupés d’une personne qui n’avait rien de spécial et qui a pourtant subi ces malheureux événements. Et c’est exactement ce que permet ce projet. En écrivant la biographie de Jeanne Haas, nous nous sommes intéressés à quelqu’un d’ordinaire. Cette femme n’a pas changé le cours de l’histoire. Elle n’était pas à la tête de la révolte, ni soldat dans l’armée. Mais elle était quand même là, elle vivait pendant la guerre. Elle a vécu toutes ces choses horribles. Nous avons souvent parlé à la troisième personne du pluriel car Jeanne et sa fille Éliane ont vécu, on peut l’imaginer, tous ces événements de manière unie et parfois d’un seul corps.
Ces mois de recherche ont été incroyables. Toute la classe a travaillé dur afin d’atteindre nos objectifs et achever la biographie de Jeanne Haas. Chaque camarade a en effet été utile à sa manière. Nous avons passé des moments inoubliables, des soirées extraordinaires, nous en passerons d’autres, c’est certain. Ces recherches nous ont fait grandir. Nous avons abordé l’Histoire différemment. Nous n’étions pas devant notre cours et notre livre, mais nous avons travaillé comme des historiens, nous avons déchiffré des archives, nous avons essayé de faire des liens ou des recoupements, nous nous sommes parfois lancés sur de mauvaises pistes, c’était aussi un travail de détective. Nous avons dû accepter des refus. Et surtout nous avons dû apprendre à travailler en équipe. Nous vous livrons donc une biographie encore perfectible car nous n’avons pas réussi à faire parler tous les documents, il subsiste quelques zones d’ombre sur la vie de Jeanne Haas, mais nous pouvons vous assurer que nous y avons mis tout notre cœur.
Comme le disait Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la Lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. » Alors nous visons la Lune, nous voulons donner encore plus de relief à ce projet et prolonger l’histoire sous différentes formes à coups de rencontres, de voyages et autres. Avec un peu de chance, nous pourrons peut-être nous rendre à Paris. Mais peu importe l’issue car nous aurons eu la chance de participer à ce projet, d’apprendre à connaître et retracer la vie de Jeanne Haas.
Afin de rendre cette biographie encore plus réaliste, nous avons comme but de partir sur les pas de Jeanne Haas et ainsi revivre sa vie, soit de partir de Delémont pour arriver à Auschwitz. L’expérience serait sans aucun doute inoubliable. De plus, nous avons fait des démarches afin qu’une rue à Delémont soit nommée « rue Jeanne Ulmann-Haas ». Nous voudrions aussi faire venir dans notre école une personne qui a vécu cette période pour qu’elle témoigne devant des élèves. Et pour terminer, nous aimerions illustrer la biographie dans son ensemble par un artiste de notre région ou par des élèves. Et d’autres projets vont peut-être encore germer dans nos esprits…
Peut-être que tous ces projets n’aboutiront pas mais nous avons à cœur d’en accomplir le plus possible pour être certains que Jeanne Ulmann-Haas ne soit jamais oubliée.
Nous sommes fiers de vous présenter la biographie de Jeanne Ulmann-Haas.
Les élèves de la classe 11e2 du Collège de Delémont
« Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons. »
Paul Eluard
L’enfance en Suisse
Tout commence en 1874 quand Isaac Ulmann, fils de Daniel Ulmann et Eve Ulmann, part de l’Alsace pour Delémont, dans le canton de Berne en Suisse (aujourd’hui Delémont est le chef-lieu du canton du Jura). Il est de religion juive.
Dès 1850, le nombre de personnes juives augmentent à Delémont. Avant la création de la synagogue à Delémont, les Juifs se retrouvaient à l’Orangerie, située dans les jardins du Château. En 1850, on comptait environ 36 Juifs dans la région.
En 1911, lors de sa création, la synagogue accueillait une septantaine de Juifs avant tout d’origine alsacienne, essentiellement des tailleurs, des commerçants dans le textile, et des marchands de bétail. Depuis 1970, le culte religieux n’y est plus possible car il n’y a plus assez d’hommes pour le mener.
En juin 1999, une Fondation pour la sauvegarde de la synagogue de Delémont est fondée grâce à sept personnes, dont des représentants communaux et des Églises de Delémont.
La synagogue de Delémont continue à faire parler d’elle par sa présence dans la ville jurassienne et à travers les images du réalisateur Franz Rickenbach, « A synagogue in the Hills », un documentaire qui rend hommage à cette communauté qui a marqué l’Histoire de notre cité.
« Synagogue Delémont 1900, Musée Chappuis-Fähndrich, Develier »
« Synagogue de Delémont aujourd’hui, photo personnelle »
À son arrivée à Delémont, Isaac a comme objectif d’ouvrir une filiale du magasin de son père « les Fils de Daniel Ulmann ». Il s’agit d’un commerce de denrées alimentaires, de tissus et d’étoffes. Il ouvre les portes de son commerce le 1er septembre 1874, dans la rue du Cheval Blanc.
« Rue du Cheval Blanc aujourd’hui, photos personnelles »
En l’an 1876, Isaac Ulmann se marie avec Fanny Goetschel, fille de Joseph Goetschel et Marie-Anne Goetschel. De cette union naît Jeanne Ulmann. Elle voit le jour le 1er avril 1879 à Delémont. Elle est de religion juive (ou israélite, terme employé dans les archives), comme toute sa famille.
« Jeanne Ulmann-Haas, Mémorial de la Shoah »
Cette femme est née à Delémont. Elle a foulé les mêmes endroits que nous, elle a vu les mêmes bâtiments et marché dans les mêmes rues que nous. Elle n’a juste pas eu la destinée qu’elle méritait. Elle aurait pu vivre une existence normale, si elle avait vu le jour à une autre période.
Balade à Delémont
Jeanne,
Tu habitais à Delémont comme la plupart des gens de cette classe. Et c’est ce qui me pousse aujourd’hui à t’écrire cette petite lettre. En contemplant les rues de Delémont aujourd’hui, mes pensées se focalisent sur tes pas dans ces mêmes rues.
Tu as probablement parcouru la Rue du 23-Juin et tu es passée devant l’Hôtel de ville comme j’y passe parfois en vélo. Tu as peut-être eu, toi aussi, la possibilité d’entrer dans le Château de Delémont, mon ancienne école.
Malheureusement tu n’es pas restée très longtemps à Delémont car tu es très vite allée à la Chaux-de-Fonds, puis en Alsace. Mais je suis sûr que tu as pu admirer notre belle vieille ville et toute sa splendeur.
« Texte réalisé par Luc Koller, élève de notre classe à destination de Jeanne Haas »
Elle aura deux frères, Adolphe naît en 1883 et Sylvain en 1888. Selon nos recherches, la famille habitait rue de Fer au centre de la vieille ville de Delémont.
« Rue de Fer Delémont 1900, Musée Chappuis-Fähndrich, Develier »
« Rue de Fer Delémont aujourd’hui, photo personnelle »
Elle vit une grande partie de son enfance en Suisse, puisque après Delémont, la famille s’établit quelque temps à la Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel). À la fin du 19e siècle, probablement avant 1890, elle part pour Mulhouse. Elle se marie avec Paul Haas, fils de Lazare Edouard Haas et Rosine Dreyfus Haas. Elle devient donc Jeanne Ulmann-Haas. Nous ne savons pas s’ils se marient en Suisse, ou bien par la suite en Alsace.
« La Chaux-de-Fonds 1900, CdF-bibliotheque Ne »
« La Chaux-de-Fonds aujourd’hui, Rtn »
La vie en Alsace
Quand la famille Haas arrive en Alsace, la région est allemande ; en effet, depuis la guerre franco-allemande de 1870, l’Alsace a intégré l’Empire allemand.
« Mulhouse 1900, la vie à Mulhouse » « Mulhouse aujourd’hui, survol de la France »
On y parlait l’allemand comme langue officielle, avec la permission d’utiliser le français comme langue d’administration. Paul et Jeanne Haas habitent au 24 de la Schulstrasse (aujourd’hui rue Henriette).
« Rue Henriette Mulhouse 1900, Ebay » « Rue Henriette, Mulhouse aujourd’hui, la vie à Mulhouse »
Ils auront trois enfants : Susanna, Andrea et Éliane. L’aînée de la fratrie, Susanna, née en 1900, se mariera avec un certain Julien Dreyfus. Par la suite, avec Armand Guggenheim en 1924. De sa première union naîtra Robert Dreyfus. Ce dernier déposera à la fin de la guerre une demande de recherche pour sa grand-mère, Jeanne Haas.
Andrea vient au monde en 1905, alors que la famille a déménagé au 51 de la rue des Trois-Rois. Enfin Éliane naît en 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, quatre mois avant l’armistice.
« Eliane Haas, Mémorial de la Shoah »
Le traité de Versailles, le 28 juin 1919, stipule que les Alsaciens-Mosellans sont réintégrés de plein droit dans la nationalité française. La famille Haas vit donc dans l’Alsace redevenue française.
« Rue des Trois-Rois, Mulhouse aujourd’hui, photos personnelles »
« Rue des Trois-Rois 51 Mulhouse, dessin de Jules Gigandet, élève de notre classe »
« Essai de reconstitution de l’arbre généalogique de la famille Haas, myheritage »
Paul Haas, le mari de Jeanne, possède un commerce de chaussures « Au caprice Paul Haas ». Jeanne Haas renommera la boutique « Les chaussures Paul Haas » à la mort de son époux. La famille était dans le commerce de chaussures depuis 1868. C’est dans ce magasin que Jeanne travaillera une bonne partie de sa vie. Même s’il a changé d’adresse, l’établissement est apparemment toujours existant. Il semblerait bien qu’il y ait un lien de famille entre les propriétaires actuels, et la famille de Paul Haas. Il appartient maintenant au présumé petit-neveu de Jeanne Haas, Monsieur Gros. Après la guerre, le magasin est repris par Rosine Haas-Lévy, la sœur de Paul Haas. Cette femme a eu quatre enfants, dont Jeanne Lévy-Gros, qui reprendra à son tour le magasin avec son mari, jusqu’en 1990.
« Le magasin Paul Haas Mulhouse, avec probablement Jeanne Haas (en haut à gauche) et ses collègues 1921, lavieamulhouse »
« Magasin Paul Haas aujourd’hui, vitrines demulhouse.com » « Magasin Paul Haas, lalsace »
« Magasin Paul Haas 1900, lalsace »
La famille vivait une existence assez aisée à Mulhouse, c’était une famille de notables. Paul Haas était en effet Conseiller municipal du parti socialiste, ce qui lui procurait un certain statut social.
Arrive la période de l’Entre-deux-guerres qui est principalement ponctuée par l’avènement de nouveaux régimes «totalitaires» ; ces régimes sont le stalinisme dans l’URSS communiste sous Staline, le fascisme en Italie sous Mussolini et le nazisme en Allemagne sous Hitler. La démocratie est mise à mal. Ces nouveaux régimes se basent sur la terreur, l’oppression est permanente et partout, les opposants sont arrêtés et envoyés dans des camps. Ces régimes sont aussi axés sur le fait qu’il y a un culte des dirigeants, des statues et des lieux sont construits en l’honneur de ces personnes. Enfin, la propagande et la censure sont utilisées à une large échelle.
En Allemagne, Hitler est au pouvoir dès 1933. Il a été nommé au poste de Chancelier par le Président Hindenburg. Il arrive tel un sauveur après des années très difficiles du point de vue économique et social, la crise de 1929 n’ayant fait qu’aggraver la situation en Allemagne. Adolf Hitler est né en 1889 en Autriche et après quelques années d’errance, il s’engage en 1914 comme volontaire dans l’armée allemande. En 1920, il rejoint un parti nationaliste marginal et le nombre d’adhérents augmente très vite. Il tente de prendre le pouvoir par un coup d’Etat mais il sera arrêté et envoyé en prison. Il y passera une année qui lui permettra d’élaborer sa stratégie pour son futur retour en politique. Dès son arrivée au pouvoir, il pointe les Juifs du doigt, ils sont responsables de tous les malheurs de l’Allemagne, ce sont ses boucs-émissaires. À peu près six millions de Juifs seront assassinés pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le 30 avril 1945, alors que l’Allemagne doit concéder sa défaite, Adolf Hitler se suicide dans son bunker.
Le mardi 21 août 1928, toujours durant cette période de l’Entre-deux-guerres, Paul Haas décède d’une maladie. Apparemment très considéré à Mulhouse, car tout le Conseil municipal de cette ville se réunit pour rendre hommage au défunt. Jeanne Haas est désormais veuve et elle doit s’occuper de sa dernière fille, Éliane, qui est âgée de dix ans lors du décès de son papa.
Après l’invasion brutale de la Pologne par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. L’Allemagne va ensuite s’en prendre successivement au Danemark, à la Norvège, au Luxembourg, à la Belgique, aux Pays-Bas, puis à la France dès mai 1940 après une période d’attente que l’on surnommera « la drôle de guerre ». Le 10 mai 1940, l’Allemagne attaque la France par l’ouest. Les commandements français et britanniques pensaient que l’armée allemande attaquerait par le centre de la Belgique (comme lors de la Première Guerre mondiale). « La Wehrmacht » commence son opération d’invasion en passant par les Ardennes, les blindés et l’infanterie allemands percent les lignes de défense française puis parviennent jusqu’à la côte Atlantique.
La France admet sa défaite, c’est la capitulation. Hitler a sa revanche sur la Première Guerre mondiale et l’humiliant traité de Versailles. L’Allemagne nazie va alors diviser la France en deux zones : la zone libre et la zone occupée.
Le nord de la France sera en zone occupée et le sud sera en zone libre.
Concernant l’Alsace, les Allemands affirment qu’elle leur appartient, elle fait donc partie du Troisième Reich et dès leur arrivée, elle va expulser « le peuple indésirable », surtout des Juifs.
En 1940, précisément le 15 juillet, Jeanne et Eliane Haas se font expulser de Mulhouse. Ainsi, mère et fille doivent quitter l’Alsace, elles ne doivent emporter que le strict nécessaire et 2000 francs d’argent liquide. Elles doivent tout quitter dans l’urgence après avoir investi beaucoup dans leur ville d’adoption. Tous les expulsés doivent également signer une déclaration dans laquelle ils s’engagent à ne pas retourner en Alsace (environ 45000 personnes ont été expulsées). Jeanne et Éliane Haas se sont donc rendues à Lyon qui était en zone libre, probablement parce qu’elles y avaient de la famille et/ou des amis.
L’Alsace est annexée par l’Allemagne nazie en 1940, à la suite de la bataille de France, en violation de la convention d’armistice du 22 juin, signée par la France et l’Allemagne. En 1940, la ville de Mulhouse, est comme le reste de l’Alsace, annexée au Troisième Reich. Le 18 juin 1940, vers 8 heures du matin, une trentaine d’hommes entre à Mulhouse déclarée ville ouverte. Le drapeau français de la mairie est remplacé par celui de la croix gammée : c’est le début de l’occupation. Le 20 juin les troupes d’Hitler entrent dans Mulhouse. L’Alsace est rattachée au pays de Bade. L’administration allemande est donc imposée. Cela se traduit par de nombreux changements : le parti nazi encadre, surveille et contrôle la population. La germanisation devient effective, soit l’interdiction de parler français, le port du béret est interdit, les livres français sont brûlés ; suivent la germanisation des noms, des prénoms et des lieux, ainsi que l’incorporation de force. Le 24 août 1942 est en effet instauré le service militaire obligatoire pour les Alsaciens, ceux que l’on appellera »les malgré-nous ».
L’exil à Lyon
Jeanne et Eliane Haas partent donc pour Lyon, la ville qui est en territoire libre à ce moment-là. Elles vivent quatre années là-bas, à l’adresse 212 Paul Bert. Éliane exerce alors la profession de vendeuse.
« Rue Paul Bert, Lyon 1900, Geneanet »
« Rue Paul Bert, Lyon aujourd’hui, Wikipedia »
Durant la Seconde Guerre mondiale, Lyon joue un rôle important dans l’histoire française. Comme toutes les villes, Lyon se prépare à la guerre de 1939 à 1940.
Située en zone libre jusqu’en 1942 et très proche de la ligne de démarcation, Lyon devient un foyer de résistance important et accueille donc de nombreux réfugiés. Après le 11 novembre 1942, et l’invasion de la zone sud par les Allemands, Lyon subit une répression importante due à l’importance des mouvements résistants locaux et parce que c’est un chef-lieu régional pour la Gestapo, les SS et la Feldgendarmerie qui sont des organes de répression allemands, et pour la Milice française. Il y a eu aussi de nombreuses rafles. À la fin de 1942, la population a perdu confiance dans le gouvernement de Vichy et connaît près de deux ans de privations sévères jusqu’à la Libération. Les attentats et sabotages sont quotidiens au cours des années 1943-44.
Les mouvements résistants protègent la ville et subissent en retour de nombreuses pertes, dont l’arrestation de personnalités majeures des mouvements de résistance comme Jean Moulin. La ville est ensuite libérée le 3 septembre 1944 par l’armée américaine et les forces françaises, qui ont débarqué en Provence le 15 août 1944.
Jeanne et Éliane Haas vivront donc dans une atmosphère teintée de peur et d’espoir durant leurs années lyonnaises et elles ne seront arrêtées qu’un mois et demi avant la libération de la ville.
Expulsées de chez elles, éloignées de leur famille, de leur maison, sans que personne ne leur demande leur avis, Jeanne et Éliane Haas sont désormais captives des Allemands nazis.
Je fus étonnée d’apprendre l’histoire de ta vie
Et pour notre biographie nous t’avons choisie
Avoir vécu cela n’est sûrement pas facile
Nous avons trouvé les membres de ta famille
Nous avons retracé ton parcours
Et j’ai écrit ta vie
Poème composé par Thalia Sommer, élève de notre classe
La déportation
Le 13 juillet 1944 Jeanne et Éliane Haas sont arrêtées à leur domicile par la Gestapo, pour seul crime d’être de religion juive.
La Gestapo, acronyme tiré de l’allemand qui signifie «Police secrète», était la police politique du Troisième Reich. Elle fut synonyme de terreur et d’arbitraire suite à ses actions. Elle joua un rôle essentiel dans l’extermination des Juifs d’Europe. Elle fut condamnée en tant qu’organisation criminelle lors du procès de Nuremberg.
Elles sont emmenées à la prison de Montluc, située dans le 3e arrondissement de Lyon. Elles y resteront une dizaine de jours. Peut-être y croiseront-elles « le bourreau de Lyon », Klaus Barbie, qui sera jugé et emprisonné pour tous ses crimes en 1987, après avoir été appréhendé en Amérique du Sud, là où il s’était réfugié à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Prison Montluc 1900, linflux »
« Intérieur Prison Montluc Aujourd’hui, Franceinter »
Les deux femmes sont ensuite envoyées dans le camp de Drancy le 24 juillet 1944. Elles y séjourneront une semaine, avant leur départ pour le camp d’extermination d’Auschwitz.
Le camp de Drancy a été créé en août 1941, il est situé au nord-est de Paris dans la ville de Drancy et a été fermé trois ans plus tard en 1944.
Le camp de Drancy est pendant trois ans le principal lieu d’internement vers les camps d’extermination nazis, principalement Auschwitz.
Neuf Juifs de France déportés sur dix passent par le camp de Drancy lors de la Shoah.
Avant d’être un camp, Drancy était une cité de logements bon marché. C’est après, en 1940 qu’il devient un camp d’internement.
Le bâtiment a été réquisitionné par les Allemands le 14 juin 1940, afin de servir de lieu d’internement pour des prisonniers de guerre.
À partir de 1941, le camp d’internement devient un camp d’internement et de représailles. Ce changement intervient suite à la grande rafle réalisée à Paris le 20 août 1941. 4230 hommes au total sont transférés au camp de Drancy.
À l’automne 1941, les premiers prisonniers du camp souffrent de famine. Fin octobre, on dénombre 40 morts.
En guise de nourriture, les prisonniers n’ont que de la soupe, servie dans de grandes marmites distribuées dans les chambres.
L’hygiène est déplorable. Les enfants ont des poux. Un service de lavage du linge est mis en place, mais les internés préfèrent garder leurs vêtements de rechange de peur d’être déportés sans leurs affaires.
Les sanitaires se trouvent à l’entrée du camp, dans un local en briques rouges, surnommé le « château rouge ». Les Juifs ne peuvent se rendre aux toilettes qu’à heures fixes. C’est dans le château rouge que les prisonniers se retrouvent et échangent sur les dernières rumeurs. En 1942, une vague de suicides emporte des internés. À l’arrivée des SS en juin 1943, la terreur s’installe mais le camp se modernise. Les conditions de vie s’améliorent quelque peu. En réalité, ces travaux n’ont qu’un seul but : mieux organiser la déportation des Juifs vers l’Est.
Toujours sous l’autorité française, le camp devient une immense gare de triage, des wagons de détenus sont envoyés à Auschwitz.
Au début de l’été 1944, devant la progression des forces alliées, des milliers de Juifs sont acheminés à Drancy depuis les villes du Sud pour être déportés. Les déportés sont emmenés à la gare de Bobigny. C’est le nazi Aloïs Brunner qui est à la direction du camp depuis un an. En partant, ses hommes brûlent les archives du camp. Mais deux internés parviennent à sauver le fichier des noms. Le camp est alors confié à la Résistance. Le 20 août, les derniers internés sont libérés.
Drancy tombe dans l’oubli jusqu’à ce qu’un photographe américain découvre des cachots et des salles de torture dans les sous-sols (ce qui permet de classer Drancy comme monument historique).
Découverts fortuitement en 1989, au cours de travaux de rénovation de logements, des graffitis du conduit de cheminée et des « caves-prisons » provenant autant de suspects de collaboration que de Juifs de France se côtoient. Ces derniers témoignent à leur tour de leur internement en inscrivant leur nom et prénom, la date de leur détention (au crayon, à la craie), sur les structures en béton et les briques des caves-prisons. Enfants, femmes et hommes seuls, familles, beaucoup ont voulu laisser une trace personnelle, leur nom, un poème, un dessin « pour mémoire ».
Jeanne Haas y laissera une trace émouvante en compagnie de deux autres « déportés » (voir photo ci-dessous).
« Camp de Drancy, Swissinfo »
« Camp de Drancy, Tripadvisor »
« Graffiti retrouvé à l’intérieur d’un bâtiment de Drancy, Archives Nationales France – Pierrefite »
Le 31 juillet 1944, les deux femmes quittent Drancy, à bord du Convoi 77, pour le tristement célèbre camp d’Auschwitz. Elles font partie des 986 femmes et hommes, accompagnés des 324 enfants, tous déportés par ce dernier grand convoi qui quitte Drancy pour Auschwitz.
Elles voyagent probablement entassées avec d’autres déportés, pendant trois jours, dans des wagons à bestiaux. Privées d’eau et de nourriture, elles sont debout durant pratiquement tout le voyage. Elles arrivent probablement à Auschwitz-Birkenau entre le 3 et le 5 août, certains n’ont pas survécu au trajet. Les déportés sont séparés en deux colonnes. Une colonne part pour le travail forcé, l’autre pour la mort immédiate dans les chambres à gaz … On ne sait pas exactement ce qu’il adviendra de Jeanne et sa fille à leur arrivée au camp, puisqu’un document des archives fait état d’une dernière apparition le 10 novembre 1944. Peut-être mourront-elles de maladie, de faim, de fatigue ou de mauvais traitements infligés par leurs tortionnaires. En tout cas, le décès de Jeanne Haas est officiellement reconnu par décision d’un tribunal de Mulhouse en 1949 (le tribunal ayant constaté son non-retour) après une demande adressée par son petit-fils, Robert Dreyfus. La date de sa mort est alors fixée au 4 ou au 5 août 1944 (les documents officiels divergent), cinq jours après le départ du camp de Drancy, à l’arrivée du convoi, quelques heures après ou plus tard encore, on ne le saura peut-être jamais. Quant aux deux sœurs de Jeanne, elles ne connaîtront pas le même sort funeste, elles seront heureusement épargnées par toutes ces atrocités.
Le camp d’Auschwitz est le plus grand camp de concentration du Troisième Reich. Il est ouvert le 27 avril 1940 par Heinrich Himmler. Il s’étend sur plus de 55 kilomètres carré. Il était composé de trois camps. Le premier, Auschwitz I, ouvert le 20 mai 1940, est le camp principal. Le camp abritait, au début des prisonniers de guerre et des opposants politiques polonais et soviétiques; ensuite des Juifs et des résistants de toutes nationalités.
C’est dans ce camp qu’en 1941 le gaz zyklon-B est testé sur les prisonniers. Le camp contenait une chambre à gaz et un crématorium, composé de trois fours. C’est aussi ici que les médecins nazis ont mené de terribles expériences « médicales ». Le deuxième camp, Auschwitz II ou Auschwitz-Birkenau, ouvre le 8 octobre 1941. Il est utilisé pour exterminer les Juifs et les Tsiganes. Pour y parvenir, les nazis ont construit quatre chambres gaz-crématoires, où plus d’un million de personnes ont été tuées. Le troisième camp, Auschwitz III ou Auschwitz-Monowitz, ouvre le 31 mai 1942, il est utilisé pour le travail des prisonniers.
Les chances de survie dans ces camps étaient presque nulles. Les déportés arrivaient par trains, 900 000 personnes sont tuées dès le premier jour, à l’arrivée. En plus des moyens utilisés par les nazis, les prisonniers mouraient de maladies ou de malnutrition à cause de la situation sanitaire.
Auschwitz a été finalement libéré le 27 janvier 1945 par l’Armée rouge. Au total, plus d’un million cent mille hommes, femmes et enfants meurent à Auschwitz.
« Auschwitz aujourd’hui, Tribune de Genève»
« Auschwitz 1940, lexpress »
Le mot de la fin
C’est ainsi que se termine la vie de Jeanne Haas et, par conséquent, notre travail aussi.
Nous espérons que la lecture de cette biographie reflète l’engouement et l’intérêt que nous en avons eus à l’écrire. Quelle chance inouïe que de participer à cette aventure ! Avec un peu fierté mais beaucoup d’humilité, le projet « Convoi 77 » nous place comme représentants uniques actuellement en Suisse. Toutefois nos regards restent tourner vers cet hommage rendu à cette Jurassienne de naissance, Jeanne Haas. Bien que des zones d’ombre dans son histoire personnelle subsistent, nous avons tenté de retracer au mieux sa vie. Nous avons vécu d’une certaine manière un peu avec elle, à travers elle. Nous espérons que Jeanne Haas nous regarde, où qu’elle soit, avec des yeux émus d’un petit bonheur.
Grâce au projet « Convoi 77 », grâce à cette biographie, à Jeanne Haas et sa fille Eliane, cette période de travail a été très riche sous bien des aspects. Nous avons appris énormément de choses, nous allons peut-être voyager, mais surtout nous avons aimé les cours d’histoire. Nous n’aurions pas pu rêver mieux pour notre dernière année d’école obligatoire. Alors que nous nous dirigeons gentiment vers des formations de toutes sortes, cette expérience nous aura apporté connaissance, regard sur le passé, travail en équipe, solidarité, découverte d’horreurs inqualifiables mais dont nous héritons des conséquences. À nous de ne plus permettre cela, à petite ou grande échelle. C’est le plus beau cadeau que nous pouvions imaginer.
Merci à nos enseignants Julien Tschopp et Marilyn Fazio qui ont su nous pousser et nous motiver à aller plus loin. Ils n’ont jamais baissé les bras et tout cela n’aurait jamais été possible sans eux. Merci à tous les élèves de cette classe, merci à Amélie, Aymeline, Chloé, Elena, Gaëtan, Isabella, Jules, Jules, Kali, Kalyssa, Luc, Mathieu, Thalia, Timo et Zaira. Nous sommes fiers d’en être arrivés là.
Nos derniers mots sont adressés à Jeanne Haas : que notre travail puisse vous rendre hommage dignement, à la hauteur du courage dont vous avez dû faire preuve tout au long de votre vie.
Delémont, le 9 octobre 2020
Chère Jeanne,
Cela fait maintenant quelques semaines que nous avons appris à vous connaître, à retracer votre vie, malheureusement tragique et très touchante.
Votre naissance à Delémont puis votre départ à La Chaux-de-Fonds et ensuite votre vie en France qui pouvait faire penser à un avenir plus joyeux. Mais c’était sans compter sur l’horrible bouleversement que la communauté juive a connu. Nous ne pouvons qu’imaginer l’horreur, les moments terrifiants et l’angoisse de votre vie.
Ce que vous avez vécu, vous et toutes les autres personnes concernées, ne le méritiez pas.
En regardant votre photo nous avons ressenti dans un premier temps beaucoup de tristesse et de frustration. Nous savions l’horreur que vous aviez vécue…
Puis, l’attachement s’est fait presque naturellement. Chaque nouvelle information vous décrivant nous a permis de créer un lien d’une certaine manière avec vous. Ainsi, aujourd’hui, lorsque nous apercevons votre portrait, un sentiment de complicité et d’amabilité naît en nous. Vous avez l’air si chaleureuse, si gentille.
C’est en faisant ce projet, en s’intéressant au sujet que nous souhaitons vous rendre dignement hommage et raconter votre histoire au monde afin que vous ne soyez jamais oubliée, nous espérons en quelque sorte vous avoir redonné un peu de vie, pour ne plus jamais oublier.
En espérant que vous reposez maintenant paisiblement où que vous soyez…
Bien à vous,
Amélie, Aymeline, Chloé, Elena, Gaëtan, Isabella, Jules, Jules, Kali, Kalyssa, Luc, Mathieu, Thalia, Timo, Zaira
« Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons. »
Paul Eluard
Remerciements à:
– aux nombreux archivistes qui nous ont aidés dans nos recherches, particulièrement à Madame Michelon des archives de Mulhouse.
– aux généalogistes qui nous ont aussi accompagnés dans nos découvertes et qui nous ont parfois fait part de trouvailles importantes. Nous pensons aux membres du CGAEB, à Monsieur Etique et surtout à Madame Dapozzo pour ses différents apports dans toutes ses recherches.
– Claire Podetti pour nous avoir contactés et nous avoir convaincus de participer au projet, mais aussi pour ses explications réitérées et ses nombreux encouragements, ainsi qu’à Serge Jacubert pour son aide.
– la communauté juive du Haut-Rhin qui nous a donné des informations, des contacts et des pistes, ainsi que l’Association des Amis de la Synagogue de Delémont (Madame Becker)
– Madame Tridon, documentaliste au Lycée Lambert de Mulhouse, pour son travail avec des étudiants et pour ses différentes recherches.
Sources:
– « La communauté israélite de Delémont aux XIXe et XXe siècles », François Kohler, Fondation Synagogue de Delémont, Association des Amis de la Synagogue de Delémont.
– Différents articles de l’encyclopédie Wikipédia.
– http://www.crdp-strasbourg.fr/data/histoire/alsace-39-45a/retour_evacues.php?parent=10.
– http://www.memorialdelashoah.org/.
– Les nombreuses archives consultées, celles du Mémorial de la Shoah à Paris, de Yad Vashem en Israël, de Bad Arolsen en Allemagne, les archives régionales à Delémont, municipales à Mulhouse et à Lyon, départementales du Haut-Rhin et du Rhône, ainsi que celles de la prison de Montluc à Lyon.
– Certains sites en lien avec la généalogie et les recherches des membres du CGAEB, Cercle généalogique de l’ancien Evéché de Bâle.
– Travail réalisé par des étudiants du Lycée Lambert de Mulhouse en 2014 à propos de plusieurs familles juives de Mulhouse sous la direction de Mesdames Tridon, Gilles-Compagnon et Madenspracher.
Les médias parlent du projet:
- https://www.rfj.ch/rfj/Actualite/Region/20201009-Sur-les-traces-d-une-delemontaine-juive-deportee.html
- http://www.canalalpha.ch/actu/des-eleves-de-delemont-retracent-la-vie-de-deportees/
- et aussi dans la presse régionale, extrait du Quotidien Jurassien du 11 octobre 2020
Magnifique ! Votre travail est extraordinaire. L’idée de participer au projet est remarquable, vos recherches aussi, et le texte d’introduction poignant. L’histoire est fondamentale pour permettre (peut-être, il ne faut jamais être sûr de rien) de ne pas rééditer les erreurs du passé.
Merci à vous toutes et à vous tous. Le silence est une seconde mort. Vos travaux nous restituent la présence de Madame Haas et de sa fille, Eliane. Dans vos textes, elle revivent et ils ravivent leur souvenir. Deux victimes innocentes de la barbarie nazie, mortes assassinées, parmi des millions. Ne jamais oublier.
Bonjour, tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
Merci beaucoup pour ce travail. Cette famille fait partie de l’ascendance de mon gendre, il n’en connaissait pas l’existence.
Lorsque je lui ai transmis les liens, il est très vite allé consulter. Il en a appris plus en un temps de lecture que de toute sa vie. Pierre ULMANN est son grand-père maternel.
Je vous remercie toutes et tous pour ce formidable travail.
J’aime à citer quelques mots d’une chanson de Jean FERRAT dans Nuit et Brouillard:
» L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez »
Merci beaucoup.
Cher monsieur Nallet,
votre message nous réchauffe le cœur.
Bien à vous et meilleurs vœux à vous aussi et à ceux qui vous sont chers.
Chères et chers Amélie, Aymeline, Chloé, Elena, Gaëtan, Isabella, Jules, Jules, Kali, Kalyssa, Luc, Mathieu, Thalia, Timo, Zaira,
C’est avec beaucoup d’émotion et d’intérêt que nous avons lu votre magnifique travail. Vous vous souviendrez sans doute longtemps de cette plongée dans l’histoire du 20e siècle et de ses pages sombres. Vous aurez aussi des arguments solides pour répondre aux négationnistes qui sévissent jusqu’en Suisse. Jeanne vous accompagnera toute votre vie, la lettre bouleversante que vous lui adressez en témoigne.
Nos félicitations vont aussi à vos enseignants, en particulier à Julien Tschopp. Nous l’avions rencontré lorsque nous avions accompagné Noëlla Rouget, qu’il avait invitée à venir témoigner à Delémont. Noëlla Rouget était française et suissesse par mariage. Elle avait été résistante à Angers et déportée à Ravensbrück, d’où elle était heureusement revenue. Nous avons écrit sa biographie, parue en juin 2020 aux éditions Tallandier, sous le titre « Noëlla Rouget la déportée qui a fait gracier son bourreau ». Noëlla est décédée à Genève le 22 novembre dernier, elle avait presque 101 ans. Elle a marqué profondément notre vie, comme Jeanne a marqué les vôtres.
Chers tous , bravo pour cette histoire que j’aimerais publier avec votre autorisation dans le bulletin du cercle d’histoire de Hégenheim et environs ainsi que sur le site du Judaïsme en Alsace. Daniel et Eve Ulmann (née Ditisheim) viennent de deux communautés juives du Sundgau, Durmenach et Hégenheim. J’aimerai faire connaitre votre travail en rajoutant quelques notes. Merci
Merci pour votre message, vous avez notre autorisation pour publier notre travail.
Sinon, vous pouvez aussi prendre contact avec moi, via Convoi 77 ou le Collège de Delémont, peut-être aurez-vous des pistes pour nous permettre de retrouver des descendant-e-s de la famille qui pourraient assister à l’inauguration d’une rue Jeanne Hass-Ulmann prévue cet automne à Delémont. Merci.
Bonjour,
Je suis le petit fils de Pierre Ulmann et fils de Martine Ulmann sa fille.Je tenais à vous remercier pour votre travail de recherche sur une partie de mon histoire familiale jusqu’à ce jour méconnue pour moi.
Encore bravo et merci.
Nicolas
Bonjour, merci pour votre message, je transmettrai vos remerciements aux élèves. Sinon, serait-il possible de vous contacter personnellement, avez-vous un courriel ou un autre moyen pour entrer en contact, si bien sûr vous êtes d’accord? Merci.
Julien Tschopp
C’est avec émotions que j’ai lu le travail réalisé par votre classe.
Un vrai travail de mémoire dont vous pouvez tous être très fier.
Je vais le faire lire à mon petit-fils.
J’espère que notre Président de la République pourra renouveler son invitation du 27 janvier dernier.
Merci.
Jocelyne
[…] normale, si elle avait vu le jour à une autre période. » A l’âge de 65 ans, Jeanne Haas-Ulmann a été arrêtée à Lyon en 1944 puis déportée, avec sa fille Eliane, à Auschwitz. Baptiser une […]
[…] Tschopp et ses élèves du collège de Delémont, en Suisse ont travaillé sur la biographie de Jeanne Haas, arrêtée à Lyon à l’âge de 65 ans. Ce travail fait partie des onze projets européens […]