Marine Lechat, Vincent Terrasson de Fougères et leurs élèves ont travaillé sur la biographie de la déportée Chasja Moinet, née en Lettonie et assassinée à l’âge de 37 ans. Ce travail fait partie des onze projets européens sélectionnés par le ministère de l’Education nationale.
Pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre classe ?
Nous sommes deux enseignants en histoire-géographie, niveaux collège et lycée, Vincent Terrasson de Fougères et moi-même. Nous enseignons depuis plus de 15 ans au Lycée Français Prins Henrik de Copenhague, au Danemark.
J’ai suivi toute la formation des universités d’été (Paris, Pologne, Israël et Berlin) proposées par le Mémorial de la Shoah et c’est dans ce cadre que j’ai rencontré Georges Mayer, initiateur du projet Convoi 77. Il m’a assuré que nous trouverions certainement un.e déporté.e du Convoi 77 lié.e au Danemark. Cela a été le cas et cela a fait l’objet de notre premier projet de recherche (sur Tauba Goldstein, née à Copenhague).
Quatre classes de seconde ont participé successivement au projet, en 2017-2018 et 2018-2019 : des groupes composés de 18 à 20 élèves âgés d’une quinzaine d’années, multiculturels et multilingues (francophone, anglophone, danophone, germanophone, hispanophone, russophone, …).
La classe qui a obtenu le prix présentait ces caractéristiques et, comme les autres classes, était composée d’élèves motivés d’un bon, voire excellent, niveau.
Comment avez-vous organisé ce travail collectif dans le cadre du projet Convoi 77 ?
L’Enseignement d’exploration (ici spécialité littérature et société) en seconde – supprimé par la réforme des lycées – était un cadre idéal pour ce type de projet car encadré par deux enseignants. Dans notre lycée, il se déroule en demi-groupe et est semestrialisé.
Nous avons donc suivi un groupe – à raison de deux heures par semaine – de septembre à janvier et un autre de janvier à juin ce qui nous a permis, avec une même classe, de mener à bien deux projets de recherche successifs sur deux déportés différents et ce, pendant deux ans.
En classe, le travail s’est d’abord centré sur le contexte de la déportation et des camps, puis sur les déportés à travers la « littérature de la déportation » par l’étude de témoignages écrits de déportés (Primo Levi, etc…). Ensuite nous avons lancé les élèves dans la recherche de renseignements sur le déporté concerné, chaque groupe étant responsable, d’une partie ou d’un aspect de sa vie (enfance, études et vie professionnelle, déportation, arbre généalogique, …).
Les élèves devaient écrire des messages électroniques et des lettres à toutes les institutions (associations de déportés ou descendants de déportés comme Fils et filles de déportés juifs de France, mémoriaux comme celui de la Shoah, de Drancy et de Yad Vashem, des écoles ou lieux de travail, etc.), ou aux personnes susceptibles de leur fournir des renseignements comme des membres de la famille des déportés. Les élèves devaient collecter ces informations et lister systématiquement leurs sources.
Quel a été l’impact de ce travail, d’un point de vue individuel (en ce qui vous concerne, en ce qui concerne les élèves…) mais aussi plus largement (au niveau de l’école, de la municipalité ou autres) ?
Dans le cadre du projet, nous avons réalisé un film avec les élèves et je pense qu’il répond bien à la question. (Cliquez ici pour le visionner.)
Votre travail a été sélectionné parmi les projets les plus remarqués, quel sentiment cela vous procure/cela procure aux élèves ?
Nous avons été surpris car l’annonce du prix est arrivée 18 mois après la fin du projet récompensé. Il y a eu une certaine fierté de la part des élèves qui malheureusement n’ont pas vraiment eu la possibilité d’apprécier la reconnaissance accordée à leur travail, en raison de la crise sanitaire et de l’annulation de la cérémonie au cours de laquelle le prix devait être remis.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à d’autres enseignants qui souhaiteraient participer au projet ?
Je conseille aux enseignants de présenter le projet comme une enquête dont on n’a pas le résultat. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses et surtout l’enseignant ne les connaît pas. Il faut pouvoir dégager une séance hebdomadaire régulière, se donner des objectifs précis, travailler par étapes et faire le point régulièrement sur les recherches.
Il faut également veiller de très près à ce que les élèves fassent la liste précise des sources consultées/utilisées, et limiter la durée du projet à quelques mois maximum. Aussi, veiller à arrêter les recherches à mi-parcours ou aux deux tiers pour commencer à rédiger.
Pour voir les différents projets menés par Marine Lechat et Vincent Terrasson de Fougères :
Année 2017-2018 :
Année 2018-2019 :