1902 - 1944 | Naissance: | Arrestation: | Résidence: , , , ,

Albert MARX

La photographie en exergue provient des archives familiales, Albert Marx y est photographié en 1944. Une seconde photographie de famille montre Albert en compagnie de sa sœur Madeleine, en 1923 (voir ci-dessous).

Albert Marx est né le 22 avril 1902 à Mulhouse.

Sa mère, Florentine LOEB, appelée couramment Florence est la fille de Aron LOEB, marchand d’étoffes et originaire de Reichshoffen en Alsace. Après un premier mariage avec Sophie Kauffmann qui décède en 1856 et avec qui il a 3 enfants, il épouse en secondes noces, le 7 février 1865 Françoise (ou Fanny dans les actes allemands) HEMMERDINGER, originaire de Fegersheim (Alsace). Ils vivent à Niederbronn (Alsace). Ils ont 5 filles. Florence est la dernière. Elle naît le 21 novembre 1876 à Niederbronn-les-Bains. Elle se marie à 24 ans le 8 juillet 1901 à Niederbronn-les-Bains avec Simon MARX, 31 ans, né à Mulhouse le 28 septembre 1869 (2eme d’une fratrie de 4 enfants). Le couple vit à Mulhouse. Ils y ont 2 enfants, Albert né en 1902 et Madeleine en 1905 (seule survivante de l’Holocauste).

Simon, qui a fait les Beaux-Arts à Mulhouse est dessinateur sur étoffe et représentant. Il travaille pour la maison LENTZ frères. Il voyage à travers l’Europe centrale, les Balkans, les pays scandinaves et va jusqu’en Algérie.

Éprise de littérature, sa femme Florence fréquentait les cercles intellectuels et mondains de Mulhouse. Elle avait même écrit quelques articles publiés dans le journal de Genève où vivait une de ses sœurs. Ce qui ne l’empêchait pas par ailleurs d’être une pâtissière hors pair.

Ils déménagent à Strasbourg avant 1920. On ne se sait pas exactement à partir de quand mais Albert, l’aîné fera ses études secondaires au Lycée Kléber de Strasbourg et Madeleine étudie d’abord la littérature à Genève en 1920 puis elle fait l’école Pigier à Strasbourg en 1921.

En 1920, la ville publie un annuaire où figure Simon Marx déjà présent au 19 boulevard Clemenceau, dernière adresse connue avant leur départ en 1939.

Il prépare ensuite l’école des Tabacs. Il part faire son service militaire. On retrouve une photo de lui en militaire en 1923 en Rhénanie. En effet, suite à la défaite de l’Allemagne en 1918, les Alliés occupent la Ruhr. Il est en contact avec la population allemande qu’il essaye de comprendre et de juger avec impartialité. Albert est un homme qui aime les arts, la musique, la peinture et la littérature. Il a eu pour ami Wilheim Weyler qui deviendra le réalisateur de Ben-Hur sous le nom de William Wyler et aussi entre autres de Charles Walch, artiste peintre et graveur. Il aime aussi les voyages qu’il documente avec bon nombre de photographies. Elles nous renseignent aisément sur ces déplacements et ces lieux de passage. A partir de 1924, il part à Alger pour l’Administration des Tabacs. Son père Simon lui rend visite vers 1926.

Albert et sa sœur Madeleine en 1923, archives familiales

Il reste à Alger puis traverse le Canal de Suez pour se rendre à partir de 1927 à Madagascar où il est nommé Directeur des Tabacs.

L’île est encore sauvage et chaque voyage prend l’allure d’expédition, tant les moyens de communication et de transports sont encore précaires. Ces déplacements, au milieu de ses porteurs indigènes correspondent bien à son tempérament un peu sauvage et un peu secret.

Cet alsacien, renfermé, assez peu expansif et démonstratif parlait avec tendresse de la grande île de l’hémisphère austral, avec émotion des rudes randonnées dans la brousse qui contrastaient si étonnamment avec la vie facile du fonctionnaire colonial d’alors.

Les voyages pour la France étaient longs et Albert ne rentrait pas souvent. Mais lorsqu’il venait, il restait au moins 6 mois. En 1930, on trouve dans son album de photographies, des souvenirs, d’Alsace, d’Allemagne, d’Italie et de Paris. On le retrouve à Constantine en Algérie en 1931 puis en juin- juillet à bord du « Jean Laborde » à destination de Madagascar. Il y reste jusqu’en 1934. Puis voyage à nouveau vers les Comores, Mayotte, Zanzibar, Beyrouth, Marseille, le Tyrol italien, les Dolomites puis Strasbourg. En 1935 il repart à Madagascar jusqu’en août 1938. Il est à bord de « l’explorateur Grandidier » et rentre en France pour ses congés. Il y croise selon ses dernières photographies un groupe « juifs du Yémen en transit pour la Palestine ».

À son retour en France, il est a priori nommé directeur des tabacs à Pont de Beauvoisin où il y a une grande administration des Tabacs.

Début 1939, avant la déclaration de la guerre, son beau-frère Robert BLUM, sa sœur Madeleine et leur fils Pierre partent s’installer au centre de la France, à Vichy. Avec l’évacuation de Strasbourg, leurs parents, Simon et Florence MARX les rejoignent dans l’appartement du 30 rue Mounin. Albert les suit.

En juillet 1940 le gouvernement français se transfère à Vichy. En juin 1941, la famille se sépare. Robert, Madeleine et Pierre partent à Valence, encore zone libre. Mais Simon et Florence, accompagnés de leur fils Albert suivent des amis de Mulhouse, la famille Uhlmann et partent se réfugier à Lapalisse. Ils se font recenser à Lapalisse en tant que juifs français conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l’Etat Français.

Sur ce document, Simon Marx est domicilié à l’hôpital des Sœurs de Lapalisse. Il y décèdera le 11 juin 1942. Madeleine, sa fille, à la fin de la guerre fera rapatrier son corps pour l’enterrer au cimetière juif de Cronenbourg à Strasbourg.

Florence et Albert sont domiciliés au Lieu-dit Petit Paris.

Source du document :Archives Départementales de l’Allier 996 W 778 W 112.

Un témoin a rapporté à Madeleine qu’a priori, lors de la rafle du 30 juin 1944, Albert est descendu voir ce qui se passait et s’est adressé à un nazi dans un allemand absolument parfait. Celui-ci lui a demandé ses papiers.

Ils n’ont pas de faux papiers et ils sont arrêtés lors de cette rafle organisée par le collaborateur Georges Jany Batissier, ex-commissaire de Police.

Le collaborateur Batissier alias Capitaine Schmidt constitue pour le chef de de la police nazi à Vichy, Hugo Geissler une brigade de 22 agents français. C’est comme chef de cette brigade et aux cotés des nazis qu’il débarque à Lapalisse le 30 juin 1944.

Ils sont internés à la Mal-coiffée, prison militaire allemande à Moulins et transférés le 15 juillet 1944 à Drancy où Albert reçoit le matricule N° 25146.

Ils sont déportés le 31 juillet 1944 de Drancy à Auschwitz par le convoi 77. Il est assassiné le 5 aout 1944 à Auschwitz. Sur certains actes, il est indiqué le 31 juillet 1944.

 

Source du document ci-dessus : Mémorial de la Shoah, C77_41

Fin août, Lapalisse devait être libérée.

Albert Marx nous a laissé deux romans, une pièce de théâtre et plusieurs nouvelles. Son premier roman date de 1919 Feu et lumière. Dans les Créneaux D’Ilion, écrit en 1933,Madagascar sert de cadre à un amour malheureux. Fidélité et Gertrude et le colombophile sont des nouvelles.

En 1938 à Madagascar, il collabore à la revue locale de Tananarive Du côté de chez Rakoto.

Femme de prisonnier est une pièce en trois actes écrite en 1942. L’écrivain communie avec les souffrances des prisonniers et exprime aussi l’espoir qu’un monde nouveau surgira de l’enfer dans lequel nous vivions alors et que la génération à venir connaîtra un avenir meilleur.

Son nom figure au Panthéon sur la liste des Écrivains morts pour la France.

Des stolpersteine au nom d’Albert et de Florentine, sa mère, ont été posées au 19 Boulevard Clémenceau à Strasbourg.

Robert, Madeleine, Alain et Pierre BLUM ont tous les 4 survécu à la Shoah. Pierre est mon père (Karine Benarroch). Ce document a été réalisé grâce aux souvenirs d’Alain et de Pierre ainsi que ceux de Madeleine qu’elle a transmis à ses petits-enfants et la biographie de notre cousine Andrée R. Picard, traductrice chez Gallimard.

 

Contributeur(s)

Karine Benarroch and Claude Blum, Albert’s great-nieces.

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