Josiane HALIMI
Les Halimi, de l’Algérie à Auschwitz
Itinéraire d’une famille dans la Shoah
Les élèves de 3ème2
Collège Michel-Richard Delalande
Athis-Mons
Préface
Pour la quatrième année consécutive, une classe de 3e du collège Michel-Richard Delalande s’est engagée dans le projet européen Convoi 77 qui a pour objectif de rédiger les biographies des 1310 personnes qui ont été déportées du camp de Drancy et de la gare de Bobigny vers Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944.
Toujours en s’appuyant sur l’approche individuelle et microhistorique[1], nous avons accompagné les élèves, tout au long de cette année scolaire, dans le processus les amenant à la rédaction des biographies d’Adolphe, de Fortunée, Claude, Jacques et Josiane Halimi.
Après une enquête historique s’appuyant sur de multiples documents d’archives, nos élèves ont rédigé l’histoire de cette famille originaire d’Algérie qui a été déportée vers l’enfer des camps nazis à l’été 1944.
L’écriture de cette page d’histoire, effectuée avec vingt-cinq élèves, n’a toutefois pas permis de répondre à toutes les questions soulevées au cours de l’enquête, l’histoire de la Shoah étant celle d’une destruction des témoins, des archives et des preuves. Points de suspension et traits d’union composent donc ce récit.
Parallèlement à ce travail de rédaction, les élèves ont conduit une réflexion sur les archives et se sont engagés dans une démarche artistique en produisant des boîtes d’archives et des capsules temporelles qui interrogent l’absence, la disparition et la destruction, celle des témoins, des archives et des preuves. En somme, ce travail permet de conduire une réflexion sur ce que le génocide a produit : des boîtes vides ou partiellement vides. De plus, cette approche, qui relève de la création plastique, vient donc compléter par l’imaginaire la démarche littéraire engagée depuis le début de l’année.
Tout au long de l’année scolaire, Michael Aymard – vidéaste – a effectué un suivi du travail entrepris par les élèves et il a réalisé plusieurs entretiens filmés afin de les questionner sur la manière dont ils perçoivent le projet et ses enjeux. Ces entretiens ont donné lieu à un premier épisode.
Un deuxième épisode a été consacré à la rencontre virtuelle avec Daniel Urbejtel, témoin et rescapé d’Auschwitz-Birkenau, que nous invitons au collège depuis trois ans mais qui n’a pas pu venir témoigner en classe cette année en raison du contexte sanitaire. Afin que les élèves puissent tout de même entendre ce témoignage exceptionnel, nous avons filmé Daniel Urbejtel et nous lui avons apporté, au format vidéo, les questions que les élèves souhaitaient lui poser.
Nous souhaitons ici remercier Daniel pour sa disponibilité, sa gentillesse et sa confiance. Nous lui témoignons toute notre amitié.
Nous remercions aussi Liliane Rehby qui nous a transmis de précieuses informations et des archives essentielles pour que les élèves puissent retracer le parcours de la famille Halimi.
Nos remerciements vont aussi à Georges Mayer, Serge Jacubert, Véronique Likforman, Laurence Klejman de l’association des amis et familles des déportés du convoi 77 et à notre collègue Claire Podetti pour leur indéfectible soutien.
Merci à l’Académie de Versailles et au Département de l’Essonne qui soutiennent ce projet.
Enfin, merci à Michael pour cette aventure partagée.
Clément Huguet et Déborah Le Pogam, professeurs encadrants
Introduction
Nous sommes les élèves de 3e2 et nous sommes fiers d’avoir participé au projet Convoi 77 qui a pour but de nous faire étudier l’histoire et de nous faire réfléchir aux dangers du racisme, de l’antisémitisme et de la haine de l’autre.
Depuis le début de l’année, nous travaillons sur l’histoire d’Adolphe, de Fortunée, Claude, Jacques et Josiane Halimi, une famille originaire d’Algérie qui vivait à Lyon au moment du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Cette période de l’histoire et l’horreur de la Shoah vont faire basculer à jamais leurs vies. Comme plus de 1300 autres personnes, ils sont déportés vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n°77, le 31 juillet 1944.
Les nazis ont voulu, avec le génocide, les faire disparaître définitivement. Alors, pour qu’ils ne soient pas oubliés, nous avons écrit leur histoire que vous tenez entre vos mains.
Pour nous tous, ce travail, constitué de l’enquête historique sur les documents d’archives et de l’écriture des biographies, a été très important. Raconter ce qui s’est produit dans l’histoire doit nous permettre de ne pas oublier les erreurs du passé.
Malheureusement, le racisme et l’antisémitisme existent toujours aujourd’hui. Alors, c’est à nous tous de nous mobiliser pour les faire disparaître des consciences.
Chapitre 1
Adolphe Halimi est né le 2 avril 1899[2] et Fortunée Rehby est née le 3 février 1902[3] à Batna, une petite ville située dans le département de Constantine, en Algérie, un territoire alors colonisé par la France. Ils sont tous les deux issus de familles de tradition juive et ils sont de nationalité française.
L’origine des familles juives vivant en Algérie est très ancienne (leur installation date peut-être du VIIIe siècle av. J-C). L’histoire de leur présence est donc très longue mais un tournant important est marqué par le décret Crémieux, en 1870, car il accorde la citoyenneté française aux 35 000 Juifs qui vivent alors en Algérie.
Nous n’avons pas d’information sur la rencontre entre Fortunée et Adolphe mais nous savons qu’ils se sont mariés le 25 février 1931 à Batna[4]. Adolphe était alors « facteur des postes » et Fortunée était « sans emploi ».
Le registre de mariage indique aussi que Haï Halimi, le père d’Adolphe, était « écrivain public » et que Isaac Rehby, le père de Fortunée, était « principal clerc d’avoué ». La mère d’Adolphe, Messaouda Lévy et celle de Fortunée, Semah Péraï, étaient toutes deux sans profession. Ces informations sont importantes car elles nous permettent de penser que les familles d’Adolphe et de Fortunée étaient bien intégrées à la société.
Après leur mariage, Adolphe et Fortunée partent s’installer à Lyon, en France, peut-être la même année, c’est-à-dire en 1931. Toutefois, nous ne sommes pas certains de l’année de leur déménagement. A Lyon, ils habitent dans un appartement d’un petit immeuble situé au 5 place de la Baleine.
Le 30 novembre 1932, un an après leur installation, ils donnent naissance à leur premier enfant : Claude[5]. Il est suivi de Jacques, qui est né le 17 décembre 1935[6].
Le 22 mai 1938, Josiane vient au monde mais contrairement à ses frères, elle est née à Batna en Algérie[7]. Peut-être qu’à cette période de l’année, Adolphe et Fortunée étaient partis voir leurs familles en Algérie ou peut-être qu’ils ont souhaité qu’elle naisse en Algérie. Nous ne le savons pas précisément.
A Lyon, Claude, Jacques et Josiane allaient à l’école élémentaire Gerson. Sur une photo de classe prise en 1943-1944, Claude se situe au second rang. Il a l’air heureux et fier d’être à l’école avec ses camarades. Il prend la pose et affiche un grand sourire.
Photographie de classe, prise au cours de l’année scolaire 1943-1944. Claude Halimi est au 2e rang, 4e place en partant de la gauche. Source : Centre de documentation sur la déportation des enfants juifs de Lyon.
Claude était dans une classe de garçons à l’école élémentaire alors que sa petite soeur Josiane était dans une classe mixte, à l’école maternelle.
Sur une autre photo de classe, prise également en 1943-1944, nous pouvons voir Josiane Halimi. Elle affiche un sourire, fixe le photographe et elle est coiffée avec un petit noeud dans ses cheveux, comme plusieurs autres petites filles.
A sa droite se trouve sa copine de classe Josiane Navarro qui a livré son témoignage au Centre de documentation sur la déportation des enfants juifs de Lyon (CDDEJ) en 2020[8].
Photographie de classe, prise au cours de l’année scolaire 1943-1944. Josiane Halimi est au 4e rang, 3e place en partant de la droite (indiquée par une flèche). Source : Josiane Navarro / Centre de documentation sur la déportation des enfants juifs de Lyon.
Dans ce témoignage, elle explique que Josiane Halimi était sa « petite copine préférée de maternelle » et se rappelle de sa déception lorsqu’à la rentrée de septembre 1944 en CP, elle n’a pas retrouvé sa camarade. Elle la décrit comme une petite fille joyeuse qui lui apprenait de nouvelles chansons qui lui venaient de ses frères, Claude et Jacques.
Elle explique aussi que Fortunée Halimi a tellement aimé son prénom, Josiane, lors de sa naissance, en avril 1938, qu’elle a souhaité appeler sa fille par le même prénom, un mois plus tard.
En effet, Madame Navarro nous apprend aussi que dans le quartier Saint-Jean, que l’on appelle désormais le Vieux-Lyon, il y avait une vie de quartier très importante et que toutes les familles se connaissaient.
Les registres scolaires de l’école Gerson nous apportent des renseignements intéressants à propos des parents, Adolphe et Fortunée[9]. Sur le registre de Claude en 1938-1939 et sur celui de Jacques en 1941-1942, Adolphe Halimi semble être « facteur des PTT » alors que sur le registre de l’année scolaire de Claude en 1943-1944, il est désigné comme « employé de pharmacie ». Il a très certainement été révoqué à cause des lois antisémites du régime de Vichy et il a donc dû être obligé de changer de métier. Concernant Fortunée, nous savons qu’elle est femme au foyer durant toute cette période : les registres indiquent tous qu’elle est « sans emploi ».
Nous disposons d’une seule photographie de la famille réunie. Elle n’est pas datée mais elle a été prise à l’extérieur, devant un jardin, peut-être à Lyon. Les trois enfants se trouvent devant leurs parents. Les expressions des visages sont très différentes : Adolphe semble sérieux, fixe le photographe et pose ses mains sur les épaules de Claude alors que Fortunée semble plus fermée, peut-être plus inquiète. Les enfants sourient et semblent malicieux. Josiane est vêtue d’une petite robe et Jacques porte une marinière.
Au dos de cette photographie on peut lire l’inscription « Baisers de votre soeur. Fortunée ». Cela veut sûrement dire que Fortunée l’a envoyée à sa famille restée en Algérie. Elle était peut-être destinée à son frère, Maurice Rehby, qui vient d’ailleurs s’installer en France ensuite, plus précisément à Bourg-le-Comte (Saône-et-Loire), en tant qu’instituteur à partir de 1936[10].
Au verso, on peut lire, en haut à droite, « Baisers de votre sœur. Fortunée ». Les autres écritures ont été ajoutées plus tard.
Photographie d’Adolphe, Fortunée, Claude, Jacques et Josiane Halimi. Date et lieu inconnus.
Au verso, on peut lire, en haut à droite, « Baisers de votre soeur. Fortunée ». Les autres écritures ont été ajoutées plus tard.
Source : Archives familiales Rehby.
Chapitre 2
Le mois de mai 1940 marque le début de l’attaque de la France par l’Allemagne nazie, après plusieurs mois de guerre passés sans aucun combat (la « drôle de guerre »). Assez rapidement, la France est envahie par l’armée allemande et, après avoir été nommé chef du gouvernement, le maréchal Philippe Pétain annonce qu’il demande l’armistice dans un message diffusé à la radio le 17 juin 1940. L’armistice est finalement signé le 22 juin 1940 et, seulement quelques jours après, Philippe Pétain transforme la France en dictature : c’est la naissance de l’Etat français.
Quelques mois plus tard, le 24 octobre 1940, Philippe Pétain et Adolf Hitler se retrouvent à Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher) pour une entrevue. Cette rencontre est le symbole de la collaboration d’Etat que le maréchal Pétain met alors en place avec l’Allemagne nazie.
C’est aussi en octobre 1940 que le « premier statut des Juifs » est rédigé et appliqué en France. Cette loi, inspirée directement des lois de Nuremberg votées en 1935 par le régime nazi, définit les Juifs d’un point de vue racial : toute personne ayant au moins trois grands-parents juifs est elle-même juive.
Cette loi retire aussi aux Juifs de nombreuses libertés. Elle leur interdit d’entrer dans certains lieux publics et d’exercer plusieurs métiers, comme par exemple les métiers de la fonction publique.
A partir du 2 juin 1941, le recensement de toutes les personnes juives devient obligatoire partout en France et cela permet à la police d’obtenir des informations sur la composition des familles et leurs adresses.
C’est ainsi que Maurice Rehby, le frère de Fortunée Halimi, rédige une « déclaration de race juive » dans laquelle il déclare « être regardé comme de race juive, d’après la loi du 2 juin 1941 » mais précise qu’il « était catholique avant le 25 juin 1940 », qu’il est « marié à une non-juive » et qu’il a « deux enfants non-juifs »[11].
Ce document nous apprend aussi que Maurice Rehby était instituteur mais que, suite au « premier statut des Juifs », il a été relevé de ses fonctions le 20 décembre 1940. Il ne pouvait donc plus faire cours à ses élèves parce qu’il était considéré comme juif. Cette information est confirmée par son état de services d’instituteur conservé aux Archives départementales de Saône-et-Loire[12].
La publication de la 8e ordonnance allemande du 29 mai 1942 rend obligatoire le port de l’étoile jaune pour tous les Juifs âgés de plus de six ans se trouvant dans la zone nord. Ce signe a pour but de distinguer les Juifs des autres personnes afin de mieux les discriminer.
Sur les photographies de la famille Halimi que nous avons étudiées, nous n’avons pas vu d’étoile jaune. En effet, la ville de Lyon se trouvant dans la zone sud, le port de l’étoile jaune n’y est alors pas obligatoire. En revanche, le tampon « Juif » doit être obligatoirement apposé sur les cartes d’identité (loi du 11 décembre 1942). Nous ne savons pas si les cartes d’identité de la famille Halimi comportent alors ce tampon et il est très difficile de retracer précisément leur histoire au cours de cette période.
Toutefois, nous savons que Maurice Rehby a été engagé dans la Résistance, plus précisément dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) de Saône-et-Loire (Maquis de Marcigny), de février 1944 à septembre 1944. Un certificat d’appartenance aux FFI est rédigé en septembre 1949[13].
Nous ne savons pas si Fortunée était au courant des activités de résistant de son frère. Peut-être qu’il ne pouvait pas lui dire pour ne pas la mettre en danger.
Photographie de Maurice Rehby, prise vers 1949 et conservée dans son dossier d’appartenance aux FFI.
Source : Service Historique de la Défense (Vincennes).
Par ailleurs, Fortunée et Adolphe Halimi ont demandé l’aide de la Croix Rouge Suisse – Secours aux enfants afin que l’un de leurs enfants soit parrainé. Ainsi, nous savons que Claude a été parrainé en mai et en juin 1944 (la somme de 250 francs a été versée à chaque fois) : un courrier reçu par Fortunée le confirme ainsi qu’une carte de parrainage[14]. Cela montre que, malgré les difficultés et les persécutions, les parents ont cherché des solutions pour rendre la vie de leurs enfants un peu plus facile.
Chapitre 3
Le 20 janvier 1942, les nazis décident d’appliquer, partout en Europe, la « solution finale à la question juive » lors de la conférence de Wannsee. C’est la décision de l’extermination systématique de tous les Juifs d’Europe.
Dès le mois de juillet 1942, les rafles, des arrestations massives qui se déroulent parfois à l’échelle de tout un quartier, sont de plus en plus fréquentes en France. Par exemple, le 16 et le 17 juillet 1942, une immense rafle est organisée à Paris par le régime de Vichy, à la demande de l’Allemagne nazie, avec plus de 9 000 policiers et gendarmes français. 13 152 personnes (dont plus de 4 000 enfants) sont arrêtées et détenues au Vélodrome d’Hiver dans des conditions désastreuses pendant plusieurs jours avant d’être envoyées vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau en Pologne.
A Lyon, comme dans d’autres grandes villes françaises, des arrestations sont aussi régulièrement organisées à partir de 1942. Par exemple, le 9 février 1943, 86 personnes sont arrêtées par la Gestapo, la police politique nazie, lors de la rafle de la rue Sainte-Catherine.
D’autres arrestations massives ont lieu dans la région lyonnaise, par exemple à Izieu, le 6 avril 1944 : 44 enfants et 7 adultes sont alors arrêtés. Il y a aussi, tout au long de cette période, beaucoup d’arrestations qui visent une seule ou plusieurs familles et qui se déroulent dans les villes et les villages.
Le 8 juillet 1944, la famille Halimi bascule dans l’horreur. Dans un témoignage écrit adressé à un commissaire de police en 1950, Maurice Rehby raconte cette journée du 8 juillet[15]. Adolphe Halimi, sa femme Fortunée et leurs trois enfants, Claude, Jacques et Josiane, se trouvent au domicile familial situé au 5 place de la Baleine à Lyon. La police pénètre dans le petit immeuble, frappe à leur porte et leur demande de les suivre immédiatement : ils sont arrêtés. Nous ne savons pas si la famille est alors visée directement par l’arrestation ou si la police cherche une ou plusieurs autres familles dans l’immeuble ou dans le quartier.
Ce jour-là, un petit garçon âgé de 6 ans et né au Luxembourg se trouve au domicile de la famille Halimi : c’est Edmund Sandmann.
Sa mère Hena et son père Moses ont été arrêtés quelques mois après leur arrivée en France, en 1941. Internés tous les deux au camp de Rivesaltes (Pyrénées Orientales), Hena est déportée en septembre 1942 et nous ne savons pas ce que devient Moses[16].
D’abord interné lui aussi à Rivesaltes, Edmund est ensuite placé dans des maisons d’enfants de l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE), notamment au château de Chabannes à Saint-Pierre-de-Fursac (Creuse) puis dans des familles d’accueil[17].
Il est arrivé la veille de l’arrestation à Lyon et ne devait rester qu’une seule nuit avec les Halimi car il devait ensuite être transféré clandestinement en Suisse[18].
Malheureusement, il est arrêté en même temps que la famille Halimi, ce que confirme le témoignage de René Allouche[19], un voisin et ami, qui précise qu’ « un enfant confié » a été arrêté en même temps que la famille. Plusieurs autres documents administratifs précisent aussi parfois que la famille Halimi est composée de quatre enfants.
Adolphe et Fortunée étaient-ils en contact avec un réseau qui permettait de faire passer des enfants en Suisse ou ont-ils simplement accepté d’aider une fois un petit garçon orphelin ? Nous ne le savons pas précisément.
Immédiatement après leur arrestation, les parents sont enfermés dans la prison de Montluc située dans le centre de Lyon. C’est un lieu de transit et la porte d’entrée vers l’univers concentrationnaire. Les cellules sont petites : elles mesurent seulement 4m2 chacune et les repas sont rares. Au fur et à mesure, de plus en plus de personnes sont emmenées à Montluc : 1 300 y sont enfermées au début de l’année 1944. Toutes les autres pièces, au-delà des cellules, sont donc progressivement transformées en lieu d’enfermement : les douches, les toilettes et les ateliers. Une baraque en bois située dans la cour de la prison est appelée « baraque aux Juifs » et elle est utilisée afin d’enfermer en majorité les hommes juifs de plus de 15 ans[20].
Montluc étant surpeuplée, les enfants Halimi et Edmund Sandmann sont quant à eux internés, sans leurs parents, à l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon qui est transformé en lieu d’enfermement pour les enfants juifs raflés par la Gestapo et ses collaborateurs français à partir de février 1944.
Nous ne pouvons qu’imaginer à quel point c’est un déchirement pour les parents car ils sont séparés de leurs enfants et qu’ils ne savent pas s’ils vont les retrouver. A l’hôpital de l’Antiquaille, des assistantes sociales de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) s’occupent des enfants. C’est par exemple le cas d’Irène Cahen qui a tenu un registre, sous la forme d’un petit cahier, dans lequel elle a noté les noms des 75 enfants dont elle a eu à s’occuper du 4 février 1944 au 17 août 1944. Les noms de Claude, Jacques, Josiane et Edmund y apparaissent et nous avons donc la preuve que les enfants étaient bien dans cet hôpital du 8 juillet 1944 au 22 juillet 1944[21].
Dans un autre registre de l’hôpital de l’Antiquaille, un point bleu est placé à côté de leurs noms : cela signifie qu’ils étaient placés là en attendant leur déportation.
Entre le 22 et le 24 juillet 1944, les parents, les trois enfants et Edmund Sandmann sont emmenés en région parisienne et sont internés au camp de Drancy. Là, ils découvrent une cité en forme de U qui en cours de construction car elle est restée inachevée avant la guerre. Transformé en camp d’internement, ce lieu est surveillé par des gendarmes français et il est entouré de barbelés, de miradors et de clôtures. Les conditions de vie sont très difficiles car il n’y a aucun aménagement à l’intérieur du bâtiment et un seul point d’eau est accessible[22].
Lorsqu’ils arrivent au camp, ils sont dirigés vers la baraque à fouille située dans la cour de la cité. C’est alors qu’ils sont enregistrés et que des fiches d’internement sont rédigées, comportant un numéro d’identification, de 25.824 à 25.829 pour la famille Halimi et le petit Edmund[23].
Leurs affaires personnelles sont aussi confisquées, notamment celles de valeur. De l’argent, des bijoux et quelques objets sont ainsi pris à Fortunée et Adolphe, d’après les fiches des carnets de fouille conservées au Mémorial de la Shoah. Ils les avaient sûrement emportés avec eux au moment de leur arrestation à Lyon.
Dans le camp, Adolphe est d’abord placé escalier 9, chambrée 3 puis escalier 5, chambrée 4. Quant à Fortunée, Claude, Jacques, Josiane et Edmund, ils sont d’abord placés escalier 5, chambrée 1. Puis, tous sont placés escalier 4, chambrée 3.
Chapitre 4
Le 31 juillet 1944, la famille Halimi et Edmund Sandmann sont déportés par le convoi n°77 depuis Drancy-Bobigny[24]. Le convoi a été rassemblé la veille de la déportation puis, tôt le matin, des autobus viennent au camp de Drancy et emmènent les internés à la gare de Bobigny.
Là, ce sont 1310 personnes qui sont entassées dans des wagons à bestiaux en direction du centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau situé en Pologne. Des enfants pleurent et crient. Certains internés ont du mal à monter dans les wagons car les marches sont très hautes[25].
Le trajet dure plusieurs jours et les conditions sont extrêmement difficiles. C’est l’été et il fait très chaud cette année-là. Ils sont si nombreux qu’ils doivent se mettre dans des positions douloureuses, les wagons ont des fenêtres grillagées de fils barbelés, les aérations sont réduites au maximum et un seul seau d’eau est placé au fond du wagon. Le train s’arrête régulièrement mais, après plusieurs jours, les portes s’ouvrent enfin. C’est le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau que les déportés découvrent alors. Ils ne savent pas où ils se trouvent.
Adolphe, Fortunée, Claude, Jacques, Josiane et Edmund se trouvent dans une atmosphère chaotique : ils entendent des cris, des hurlements, des ordres agressifs que les nazis hurlent, en plus des aboiements des chiens. Il faut faire vite et laisser toutes les affaires dans les wagons. L’environnement est effrayant.
Sur la rampe, les nazis effectuent une sélection des déportés. Ils regardent rapidement leurs caractéristiques physiques et les jugent aptes ou non au travail forcé. Ils créent donc deux files distinctes. Les adultes, surtout les hommes en bonne santé, sont généralement choisis pour le travail forcé mais ce n’est pas toujours aussi évident.
Daniel Urbejtel, qui a été déporté dans le même convoi, est par exemple jugé apte au travail alors qu’il n’a alors que 13 ans. « Mon frère a été envoyé du côté des hommes. Et, contre toute attente, j’ai aussi été envoyé du côté des hommes. Ce qui est sûr c’est que si j’avais eu la liberté de choisir ma file, j’aurais alors choisi celle des enfants. »[26]
C’est à ce moment-là, sur la rampe d’Auschwitz, que les membres de la famille Halimi sont définitivement séparés.
Fortunée et les enfants sont envoyés du côté des déportés inaptes au travail. Leur sort est scellé : ils vont être assassinés le jour même dans les chambres à gaz situées à l’arrière du camp. Ils sont dirigés vers un lieu qui ressemble à des salles de douche collective. Mais, lorsque les portes se ferment, c’est un gaz mortel, le zyklon B, qui est diffusé dans la pièce. Tous les déportés meurent alors asphyxiés. Ce sont ensuite d’autres déportés, les Sonderkommandos, qui déplacent les corps pour les brûler dans des fours crématoires.
Sur la rampe d’Auschwitz-Birkenau, Adolphe est, quant à lui, sélectionné pour le travail. Pendant plusieurs mois, les conditions sont atroces. La quantité de nourriture est insuffisante et très basique : du pain et de l’eau. Les vêtements ne sont pas adaptés au travail et à l’hiver qui peut pourtant être très froid en Europe de l’Est. L’hygiène est aussi très faible, les déportés sont presque toujours couverts de boue, de terre, de sueur. Cet environnement donne des maladies qui se développent facilement. Lorsqu’ils sont autorisés à prendre des douches, ils sont très inquiets car ils craignent que ce soient des chambres à gaz. Le temps de repos est court et le travail est quasi permanent, toujours très difficile et consiste par exemple à réaliser des travaux de terrassement.
Parfois, il est complètement inutile et a pour seul but de blesser psychologiquement les déportés.
Adolphe subit ces conditions très difficiles pendant plusieurs mois, d’abord à Auschwitz-Birkenau, puis dans d’autres camps. Les nazis décident en effet de le transférer, comme de nombreux autres déportés, pour faire face à l’avancée de l’armée soviétique vers l’ouest en 1944 et 1945. Il est ainsi emmené au camp du Stutthof (près de Dantzig, en Pologne), puis il est transféré au camp du Struthof à Natzweiler, près de Strasbourg[27].
En novembre 1944, il se trouve au camp annexe d’Echterdingen (Allemagne) et son dernier transfert s’effectue au camp annexe de Vaihingen (Allemagne). Les conditions de travail et de vie sont épouvantables et les maladies se répandent rapidement. Adolphe meurt d’épuisement généralisé le 15 mars 1945 dans ce dernier camp, selon les registres que nous avons étudiés[28].
Le 19 décembre 1945, une voisine de la famille Halimi à Lyon, mademoiselle Demay, envoie une lettre à la femme de Maurice Rehby, le frère de Fortunée, qui était à la recherche d’informations. Dans cette lettre, elle écrit ces mots : « Les personnes déportées en même temps que Madame Halimi se sont, de même qu’elle, évanouies sans trace de leur passage sur la terre. Il est à croire qu’une trappe immense s’est ouverte dans les entrailles de la terre et a englouti toutes ces vies humaines, pour que seuls subsistent le souvenir et le regret dans les coeurs qui les pleurent »[29].
Postface
En parallèle du travail d’enquête historique et de rédaction que nous avons commencé au tout début de l’année scolaire, nous avons réalisé des capsules temporelles en nous appuyant sur des boîtes d’archives et des bocaux en verre.
Avant la réalisation de ce travail, notre professeur nous a présenté un livre qui nous a étonnés et impressionnés : il s’agit de Notre combat dirigé par Linda Ellia et publié en 2007.
Dans ce livre, des artistes et des anonymes ont utilisé Mein Kampf (« Mon combat »), le livre écrit par Adolf Hitler, comme support à de nombreuses œuvres qui sont toutes différentes les unes des autres. Le texte d’origine n’est plus lisible et il a été utilisé comme support à des oeuvres qui contestent, effacent et transforment les idées nazies écrites au départ.
Nous avons tous été très surpris par la démarche et par la quantité incroyable de dessins et de productions qui sont présents dans le livre.
A notre tour, nous nous sommes questionnés sur les archives que nous avons utilisées lors de notre enquête historique et sur la manière de les déconstruire ou de les mettre en valeur.
Le travail s’est organisé selon les mêmes groupes que ceux de l’enquête historique afin que chacun puisse s’inspirer au mieux des documents d’archives étudiés.
Nous avons commencé par chercher des idées et par réfléchir aux procédés que nous souhaitions utiliser. Puis, au cours de plusieurs séances de travail, nous avons réalisé nos œuvres.
C’était une expérience très intéressante car c’était pour nous une manière différente de réfléchir à l’utilisation des archives. Nous sommes heureux que nos réalisations puissent trouver leur place dans ce livre.
Devant et intérieur de la boîte.
Notre boîte d’archives représente un appareil photo à l’intérieur duquel nous avons recréé un studio photographique dans lequel sont accrochées les photos d’Adolphe, Fortunée, Claude, Jacques et Josiane Halimi sur lesquelles nous avons travaillé. C’était très important pour nous de mettre en avant ces photos car elles montrent la vie de la famille Halimi avant la guerre et avant la Shoah.
LUNA, FATOUMATA, WAIL ET ABDELMALEK
Pour réaliser notre capsule temporelle, nous avons choisi de travailler avec un bocal en verre.
A l’intérieur, nous avons placé, au fond et en suspension grâce à des fils transparents, des étoiles jaunes qui représentent pour nous le symbole de la persécution et des discriminations dont les Juifs ont été victimes au cours de la Shoah.
Sur les parois du bocal, nous avons collé des extraits de la « déclaration de race juive » de Maurice Rehby, le frère de Fortunée Halimi. C’est un document qui nous a beaucoup touchés lors de notre enquête et qui est, pour nous, le symbole de l’idéologie raciste et antisémite appliquée par le régime de Vichy en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
SHANEL, HAKIMA, CRISTIANO, ANISS ET ALMAMI
Pour notre deuxième production, nous avons choisi de travailler sur une boîte d’archives. Nous avons tout d’abord utilisé la première page de la loi du 3 octobre 1940 que l’on appelle aussi « Premier statut des Juifs ». L’article premier de cette loi utilise la même définition raciale pour définir les Juifs que celle utilisée par les nazis dans les lois de Nuremberg de 1935.
Nous l’avons collée dans la boîte mais nous l’avons déchirée en laissant seulement le haut lisible (le titre et l’article premier). Puis, nous avons placé en dessous l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme pour laisser apparaître un message d’espoir et pour rappeler que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».
Enfin, nous avons écrit les mots « Liberté », « Egalité », « Fraternité » et « Respect » sur des feuilles de couleur et nous les avons collés dans la boîte.
SHANEL, HAKIMA, CRISTIANO, ANISS ET ALMAMI
Dans cette boîte d’archives, nous avons voulu rappeler que, après leur arrestation à Lyon en juillet 1944, les parents et les enfants Halimi ont été séparés : les parents ont été enfermés à la prison de Montluc alors que les enfants ont été emmenés à l’hôpital de l’Antiquaille, alors en partie transformé en lieu d’enfermement.
Pour montrer cette séparation, nous avons divisé la boîte en deux. A gauche, nous avons collé une photographie de la prison de Montluc et, devant elle, nous avons placé la photographie de la famille sur laquelle nous avons grisé les enfants. A droite, nous avons collé un extrait du registre qui prouve que les enfants ont été emmenés à l’hôpital de l’Antiquaille. Devant, nous avons placé la même photographie de la famille Halimi mais cette fois nous avons grisé les parents.
Enfin, nous avons utilisé un morceau de fil barbelé qui est, pour nous, le symbole de l’enfermement de la famille Halimi et nous avons recréé les mots « Montluc » et « Antiquaille » avec du fil de fer.
SHAYNA, CHAD, KAILYS, BEATRIZ ET VALENTIN
Dans ce bocal, nous avons voulu montrer la déportation de la famille Halimi vers Auschwitz-Birkenau. Des rails, que nous avons fabriqués, ont été placés au fond du bocal et nous avons fait pendre les noms de plusieurs déportés du convoi n°77. Sur les bords du bocal, nous avons collé la photographie de la famille Halimi et en haut nous avons collé du coton qui symbolise les nuages, le ciel et donc la mort car aucun des membres de la famille n’est revenu des camps.
FAYROUZ, DIOGO, ROKIA, JOVANA ET ERICA
Cette boîte d’archives représente l’univers de la déportation vers Auschwitz-Birkenau. Nous avons décidé de peindre l’intérieur en noir afin de représenter la mort. En bas, nous avons placé, sur des rails, deux wagons de déportation sur lesquels nous avons collé des morceaux du registre du convoi n°77 sur lesquels on peut lire les noms d’Adolphe, Fortunée, Claude, Jacques et Josiane. En haut, nous avons collé la photographie de la famille, entourée de deux ampoules noires qui rappellent l’obscurité des wagons à bestiaux dans lesquels les déportés étaient emmenés à Auschwitz.
FAYROUZ, DIOGO, ROKIA, JOVANA ET ERICA
Projet réalisé avec le soutien de
C’est lors de l’été 1944 que les vies d’Adolphe, de Fortunée et de leurs trois enfants Claude, Jacques et Josiane basculent à jamais.
Originaires d’Algérie et installés à Lyon depuis les années 1930, ils sont arrêtés à leur domicile et sont déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau par le convoi n°77.
Ce livre retrace leur parcours et raconte leur histoire, pour qu’ils ne soient pas oubliés.
Wail, Shayna, Fayrouz, Diogo, Aniss, Fatoumata, Kailys, Shanel, Rokia, Almami, Erica, Lilko, Luna, Abdelmalek, Jovana, Inès, Nanding, Chad, Cristiano, Sydra, Beatriz, Hakima, Anrif, Valentin et Gaye
[1] Claire ZALC, Tal BRUTTMANN, Ivan ERMAKOFF et Nicolas MARIOT (dir.), Pour une micro histoire de la Shoah, Seuil, « Le genre humain », 2012.
[2] Extrait d’acte de naissance d’Adolphe Halimi. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.688, cote AC 21P 461270.
[3] Extrait d’acte de naissance de Fortunée Halimi. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.684, cote AC 21P 461275.
[4] Extrait du registre des actes de mariages de la commune de Batna. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.688, cote AC 21P 461270.
[5] Extrait d’acte de naissance de Claude Halimi. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.686, cote AC 21P 461272.
[6] Extrait d’acte de naissance de Jacques Halimi. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.685, cote AC 21P 461274.
[7] Extrait d’acte de naissance de Josiane Halimi. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.687, cote AC 21P 461276.
[8] Voir https://www.deportesdelyon.fr/les-archives-par-famille-a-m/enfants-halimi-2
[9] Registres d’inscription à l’école Gerson (Lyon). Archives municipales de Lyon, cote 2307W/2.
[10] Etat des services d’instituteur de Maurice Rehby. Archives départementales de Saône-et-Loire, cote 3T1177.
[11] « Déclaration de race juive » de Maurice Rehby. Archives départementales de Saône-et-Loire, cote 1W452.
[12] Etat des services d’instituteur de Maurice Rehby. Archives départementales de Saône-et-Loire, cote 3T1177.
[13] Certificat d’appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Service Historique de la Défense (Vincennes), cote GR 16P 503692.
[14] Archives familiales Rehby.
[15] Témoignage de Maurice Rehby en 1950. Service Historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier n°15.684, cote AC 21P 461275.
[16] D’après Laurent MOYSE, « La tragique odyssée du jeune Eddy », Die Warte, Luxemburger Wort, 13 juin 2019, pp. 6-7.
[17] D’après les archives du Mémorial de la Shoah.
[18] Lire la biographie complète d’Edmund Sandmann rédigée par Laurent Moyse sur https://convoi77.org/deporte_bio/edmund-sandmann/
[19] Feuille de témoignage de Yad Vashem (voir https://www.deportesdelyon.fr/les-archives-par-famille-a-m/enfants-halimi-2).
[20] Voir http://www.memorial-montluc.fr/
[21] Voir les extraits du cahier d’Irène Cahen : https://www.deportesdelyon.fr/les-archives-par-famille-a-m/enfants-halimi-2
[22] Voir Annette WIEVIORKA, Auschwitz expliqué à ma fille, Seuil, 1999, p.22.
[23] Fiches d’Adolphe, Fortunée, Claude, Jacques, Josiane Halimi et Edmund Sandmann dressées au camp de Drancy le 24 juillet 1944. Archives nationales / Mémorial de la Shoah. Fiches Drancy adultes F9/5699 et fiches Drancy enfants F9/5744.
[24] Extrait du registre de déportation du convoi n°77, Mémorial de la Shoah.
[25] Témoignage de Daniel Urbejtel, rescapé d’Auschwitz, recueilli en décembre 2020.
[26] Témoignage de Daniel Urbejtel, rescapé d’Auschwitz, recueilli en décembre 2020.
[27] Extrait du registre des prisonniers du camp de concentration de Natzweiler. Archives de Bad Arolsen – ITS.
[28] Extrait du registre des décès du sous-camp de Wiesengrund, près de Vaihingen. Archives de Bad Arolsen – ITS.
[29] Archives familiales Rehby.