1927 - | Naissance: | Arrestation: , | Résidence: , ,

Denise HOLSTEIN

Denise HOLSTEIN naît à Rouen, le 6 février 1927. Sa famille comprend son père, Bernard HOLSTEIN, né à Kovno (Kaunas) en Lituanie, qui est chirurgien-dentiste, Juliette, sa mère, née Cohen, à Paris et son frère Jean, né le 26 juillet 1924.

Denise fréquente les petites classes du lycée Corneille, puis le lycée Jeanne d’Arc.

1938 : la famille acquiert l’immeuble du 79, rue Jeanne d’Arc à Rouen et s’y installe. Le père transfère son cabinet à cette adresse.

1939 : Bernard HOLSTEIN est mobilisé en septembre, comme lieutenant, à l’hôpital de Rouen.

1940 : Après la déroute, c’est l’exode vers le sud. Juliette, la mère de Denise, s’engage comme conductrice d’ambulance et suit son mari, ils seront frappés par un bombardement, dont ils garderont des séquelles.

Denise et son frère Jean fuient avec leurs grand-mère et arrière-grand-mère maternelle, par Vierzon. La famille se retrouve en Avignon, où Bernard décline l’offre qui lui est faite, de reprendre le cabinet dentaire de son frère, récemment décédé.

Octobre, la famille revient à Rouen en zone occupée et Denise entre au lycée Corneille.

Bernard HOLSTEIN, dans le cadre des lois raciales du régime de Vichy, est le seul Juif autorisé à exercer le métier de dentiste, sur la rive droite de la Seine, à Rouen.

1942 : le 6 mai, Bernard HOLSTEIN est raflé, comme 76 autres hommes, reconnus comme Juifs, pour être interné au camp de transit de Drancy, aujourd’hui en Seine St Denis.

En juin, Jean, avant ses 18 ans, est mis à l’abri à Avignon, dans sa famille ; malade, il est envoyé à la montagne, à Villard-de-Lans (Isère).

8 août, Bernard HOLSTEIN et une autre victime de la rafle sont les seuls à rentrer.

1943 : le 15 janvier, à 9 heures du soir, Denise et ses parents sont arrêtés, à leur domicile, dans la rafle de tous les Juifs de Rouen et du département (Seine Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime). Ils sont conduits au camp de Drancy dès le lendemain matin.

Le 5 mars, Denise est envoyée, depuis le camp de Drancy, à l’hôpital Claude Bernard, pour y faire soigner diphtérie et oreillons. Elle recevra encore des nouvelles de ses parents par sa grand-mère maternelle, mais ne les reverra plus.

31 mars : Denise HOLSTEIN, à sa sortie de l’hôpital est placée à Paris, dans des maisons d’enfants juifs orphelins de parents déportés (centres de l’Union Générale des Israélites de France). Elle poursuit ses études au lycée Lamartine (9ème arrondissement).

Début de l’été 43, Denise est conduite au centre de l’UGIF de Louveciennes (aujourd’hui dans les Yvelines, à proximité de Versailles) ; elle continue ses études et devient monitrice d’un groupe d’enfants.

Avril : Denise reçoit la visite clandestine de sa grand-mère maternelle et de sa camarade Christiane Le Rouxel, qui prend quelques photos.

1er Novembre : Denise revient à Louveciennes, après une opération de l’appendicite.

20 Novembre : les parents de Denise sont déportés vers Auschwitz II – Birkenau, où ils sont immédiatement assassinés.

1944 : 22 juillet, arrestation des enfants du centre de Louveciennes, avec leurs monitrices, dans le cadre d’une rafle plus large.
31 juillet, déportation dans le convoi n°77 des raflés de Louveciennes. De la chambrée de Denise, deux enfants seulement survivront : l’un, déporté à Bergen-Belsen comme fils de prisonnier de guerre, Samuel Przemisliawski, et Paulette Sklarz, qui était à l’hôpital de St Germain au moment de la rafle. Parmi les autres enfants du Centre UGIF de Louveciennes survivront Pierre, Josette et François Nelson, ainsi que les deux autres enfants Przemisliawski, Régine et Maurice, déportés à Bergen-Belsen, du fait du statut de prisonnier de guerre de leurs pères.

Nuit du 2 au 3 août : arrivée à Birkenau, grâce aux indications d’un Français membre du kommando Canada (déportés « facilitant » le déchargement des wagons de déportés) Denise lâche la main des enfants et est sélectionnée pour le travail. Elle survit dans différents kommandos et fait deux passages au Revier (infirmerie).

31 décembre : Denise est évacuée en train au camp de Bergen-Belsen (actuellement dans le Land de Basse-Saxe, Allemagne).

1945 : 15 avril, libération par les soldats britanniques. Denise, qui a le typhus, est mise en quarantaine.

8 mai, fin de la guerre en Europe.

Fin mai, retour à Paris. Denise retrouve, 53 rue de Châteaudun (9ème arrondissement) sa grand-mère et son arrière-grand-mère maternelles, son frère Jean et ses cousins.

Juin : voyage à Rouen.

Juillet et août : séjour à Brighton, un hameau de la commune de Cayeux-sur-Mer (Somme), chez les Sanson, des amis très proches de ses parents. Elle retrouve son amie Isabelle. Rédaction du manuscrit transcrit dans le livre publié aux éditions « Le manuscrit » sous le titre : « Le Manuscrit de Cayeux ». Ce manuscrit a été rédigé très tôt après la guerre, ce qui en fait un témoignage rare et de grande valeur.

1947 : 10 février, mariage avec Jean Samuel à la mairie du 9ème et à la synagogue de Chasseloup-Laubat, 15ème. Le couple s’installe à Boulogne-Billancourt.

1948 : naissance de Patrick, qui décède à l’âge de deux mois et demi.

1949 : naissance de Catherine.

1951 : Denise participe à l’inauguration de la nouvelle synagogue de Rouen et de la plaque commémorative de la déportation.

1953 : naissance de Marie-Hélène.

1955 : Denise entame une carrière de représentante commerciale dans la confection de luxe pour enfants.

1966 : Denise divorce.

1983 : Denise s’installe dans les Alpes Maritimes.

1990 : sur invitation de Serge Klarsfeld, Denise participe à l’inauguration d’une plaque commémorative à Louveciennes.

1992 : Denise témoigne, pour la première fois, de sa déportation au Collège de la Rostagne à Antibes, c’est pour elle une révélation et elle ne pense plus qu’à témoigner.
Denise prépare et enregistre une cassette audio de son témoignage et prend contact avec des associations locales de résistants et de déportés pour diffuser son message dans les écoles.
Juin : Denise revient dans sa ville natale pour parler au Collège Barbey-d’Aurevilly, où elle a un impact considérable sur les élèves.

1993 et 1994 : Denise multiplie les interventions dans les académies de Rouen et de Nice, puis sillonne la France pour porter son témoignage et même au lycée français de Londres.

1995 : en janvier, Denise participe à l’émission « la marche du siècle » à l’occasion du 50ème anniversaire de la libération des camps, alors que sort son témoignage de déportation aux éditions n°1 (Hachette, Paris) sous le titre « je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz …»

En mai, Denise fait le « voyage-retour » à Auschwitz-Birkenau avec des élèves du collège Barbey-d’Aurevilly. Cinq autres voyages suivront, dont trois filmés par le Centre Départemental de Documentation Pédagogique (CDDP) de l’Eure en 1996, par FR3-Normandie en 1997 et FR3-Côte-d’Azur en 1999.

1997 : sortie de la vidéocassette  « Le passage du témoin » réalisée par le CDDP de l’Eure

2001 : 27 juin, Denise Holstein est élevée au rang de chevalier de l’ordre des Palmes académiques et décorée par le recteur de l’académie de Rouen.

2006 : 27 janvier, elle est faite chevalier de l’ordre de la légion d’honneur

2007 : 28 novembre, Denise est invitée à l’émission de France 3 « Droit d’Inventaire » consacrée à la fin de la seconde guerre mondiale.

2016 : 15 avril 2016, Denise est élevée par décret au grade d’officier de la légion d’honneur, distinction qui lui est remise le 4 juillet 2016.

Contributeur(s)

Serge JACUBERT

References

  • Article Wikipedia
  • Livre de Denise Holstein « Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz… » publié en 1995 aux éditions n°1 (Hachette, Paris)
  • Livre de Denise Holstein « Le Manuscrit de Cayeux-sur-Mer, juillet-août 1945 » aux éditions Le Manuscrit, 2008
  • Article d’Annette Lévy-Willard paru dans le quotidien Libération, le 18 janvier 1995, sous le titre « Denise Holstein, une voix de la mémoire, parle aux collégiens », lien réservé abonnés
  • Témoignage audio, enregistré par Denise Holstein, pour qu’elle ne reprenne pas cette restitution à chaque nouveau témoignage devant une classe (douleur de revivre les événements à chaque fois qu’elle les redit).

Liens

9 commentaires
  1. Danneville 8 ans ago

    Merci pour ce travail, cette biographie m’a beaucoup émue. Nous ne devons jamais oublier ce passé. Vraiment j’en ai les larmes aux yeux. Merci aux professeurs et aux élèves.

  2. Serge Jacubert 7 ans ago

    Merci pour votre appréciation, qui conforte notre démarche. Si vous vous sentez concernée par nos efforts et nos résultats, n’hésitez à rejoindre notre association.
    Bien cordialement.
    Un fils de déportée du convoi 77, membre du Conseil d’Administration.
    Serge Jacubert

  3. IGLICKI Alain 7 ans ago

    Je viens de lire un article sur Denise Holstein dans la revue de l’association des membres de l’ordre national du mérite. Cet article m’a donné envie de voir si une biographie existait sur le site du convoi 77, pas lequel mon père a été également conduit de Drancy à Auschwitz.
    Merci infiniment pour ce témoignage. Du vivant de certains, dont mon père, il a été impossible de savoir quoi que ce soit. Aujourd’hui, nous sommes manifestement en recherche de tels témoignages, les uns et les autres.
    par curiosité, le besoin de savoir, mais aussi par respect, de nos anciens, de notre histoire, et pour que pareils évènements ne se reproduisent jamais.
    A nouveau mille merci.

  4. […] historienne, Françoise Bottois, que ces noms ont surgi des profondeurs. Elle avait rencontré Denise Holstein, une Rouennaise déportée le 22 juillet 1944 à Auschwitz, a été saisie par son témoignage, et […]

  5. Serge Jacubert 5 ans ago

    Cher Alain,
    nous vous remercions de votre message qui nous conforte dans notre action. Si vous vous sentez proche, vous et les vôtres de notre action et de notre engagement, n’hésitez pas à nous rejoindre dans l’association, si ce n’est déjà fait.
    Bien à vous
    Serge JACUBERT

  6. Anna 5 ans ago

    Cet après midi, une amie parisienne, qui est au courant du projet « convoi 77 », m’ informée que ce matin il y avait eu une émission sur Denise Holstein sur France Inter. Je viens d’écouter ce document. Ce document émouvant vu que je travaille avec mes élèeves sur deux autres déportés de Drancy. Peut-être ils s’étaient vus, connus avec Mme Holstein … https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-04-mars-2020
    Anna

  7. Serge Jacubert 5 ans ago

    Chère Professeure,
    votre commentaire, écrit dans notre langue par une enseignante polonaise nous touche et me touche particulièrement, parce que Denise et ma mère sont restées amies après la guerre. Votre participation à notre projet est une lueur d’espoir pour l’Europe toute entière.
    Si vous réussissez à venir à Paris, je tenterai d’organiser une rencontre avec un de nos déportés survivants.
    Bien à vous.
    Serge

  8. Bonsoir,
    J ai assisté cette apres midi à Rouen à l inauguration de la plaque square Verdrel en hommage à Mme Holstein dont je salue le courage et l engagement si nécessaire auprès des jeunes générations. Je découvre sa biographie et aimerai, si cela est possible, pouvoir correspondre avec elle par mail ou autre…En effet, ma grand mère maternelle à été arrêtée le 6 juin 1944 en Avignon ou elle résidait,( et j apprends que Mme Holstein y a habite aussi) puis envoyé à Drancy et de la à Auschwich Birkenau. Libérée par l Armée rouge après « les marches de la mort ». Peut etre se sont elles connues? Ma grand mère à fait des séjours au Revier, l infirmerie du camp. Elle en parle dans le livre qu elle à écrit ‘ Souvenirs d une rescapée ». Ainsi que de certaines déportées qu elle a connu la bas. Ma meilleure amie au lycee Aubanel en Avignon s appelait Nathalie HOlstein. Ont elles un lien de parenté? Merci de me dire si je peux joindre Mme Holstein et par quels moyens.
    Merci beaucoup
    Anne Françoise Pons

  9. klejman laurence 4 ans ago

    Une vie nous sépare, Un documentaire coréalisé par Baptiste Antignani et Raphaëlle Gosse-Gardet.
    Coproduit par Federation Entertainment (Myriam Weil, Serge Hayat) et France Télévisions

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/emissions/documentaires-2/quand-jeune-lyceen-part-traces-seule-rescapee-rouennaise-camps-mort-1789157.html?fbclid=IwAR1IVVp8-dOebazdh_EjF_TzQJQdcBjm8s2XVTsfVvnz8t4L30W00meA7Oo

    un film d’entretien avec Denis et Holstein et un lycéen, Baptiste Antignani, auteur aussi du livre
    « Une vie nous sépare », aux éditions Fayard.

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