Gaston SECNASI, 1901 – 1944
Gerlys ne dansera plus, il n’a pas retenu sa vie[1]
Danielle Laguillon Hentati
Gaston Secnazi[2]
Auschwitz ! Auschwitz ! Ô syllabes sanglantes !
Ici l’on vit, ici l’on meurt à petit feu.
On appelle cela l’extermination lente.
Une part de nos cœurs y périt peu à peu
Limites de la faim, limites de la force :
Ni le Christ n’a connu ce terrible chemin
Ni cet interminable et déchirant divorce
De l’âme humaine avec l’univers inhumain…[3]
Il est là sur scène, le vieux Tzigane[4]. C’est un danseur. Quelques pas… et soudain il est transformé. Il retrouve sa jeunesse, sa souplesse d’antan, il saute, frappe des pieds avec une véhémence juvénile. Guidant sa troupe avec une exigence sans faille pour perpétuer son art et la mémoire de son peuple, il chante et danse ses joies et ses souffrances. Les souvenirs s’entremêlent, il raconte la déportation, les camps, « l’holocauste oublié[5] » de son peuple, le souvenir de sa mère, avec le seul langage qu’il connaisse, celui de la danse.
Eva[6] aussi danse, elle raconte les camps, dit la mémoire des danseurs déportés et tombés dans l’anonymat[7].
Gaston Secnazi, lui, ne peut plus danser. Son parcours de vie s’est terminé un jour d’octobre 1944 dans ce « non-lieu de la mémoire »[8].
Nous avons essayé de retracer son parcours exceptionnel, grâce aux archives militaires, son dossier étant conservé à Caen[9], grâce aux témoignages de trois membres de sa famille : Corinne et Audrey Bacchetta, et Elie Drai[10], grâce aux journaux pour reconstituer – au moins en partie – sa carrière d’artiste.
De Tunis à Paris
Gaston naît à Tunis (en Tunisie), dans une famille tunisienne juive (twansa) qui vit au n°29 rue des Protestants (aujourd’hui rue Ahmed Bayram), entre les quartiers de la Hara (aujourd’hui quartier de Hafsia) et du Passage, c’est-à-dire à la limite entre le quartier juif et le nouveau quartier européen. La famille fait donc partie de ceux qui quittent le vieux quartier juif, sale et insalubre, signe d’une timide ascension sociale.
Vers la rue des Protestants[11]
Son père Joseph, né en 1869 à Tunis, est le fils d’Abraham et de Zaïra Saada sur lesquels nous n’avons pas d’informations. Leur mariage n’a pas été retrouvé en Tunisie[12]. Il a une sœur, Esther, qui se marie avec Menahim-Haï Henry Taïeb ; le couple a 4 filles : Julie, Emma, Marcelle et Georgette, et vit au n°16 avenue de Paris à Tunis, dans un bel immeuble du tout nouveau quartier européen.
Sa mère, Félicie Driay (déclarée Messaouda Drihy à sa naissance), voit le jour en 1873 à Tunis. Elle est la fille de Joseph, cordonnier qui exerçait des fonctions rabbiniques[13], décédé le 21 décembre 1887 au n°40 rue Zarkoun à Tunis[14], et de Léa Cohen, qui « ne parlait pas le français ; elle devait donc certainement parler l’arabe. Quoi qu’il en soit, pendant les quelques années pendant lesquelles Pierre a connu son arrière-grand-mère, celle-ci parlait la langue universelle, celle de l’arrière-grand-mère qui fait le bonheur de la famille par sa vivacité, ses gâteaux au miel et sa pâtisserie.[15] »
Joseph, qui est allé sans doute à la nouvelle école de l’Alliance israélite universelle rue Malta Srira[16], sait lire et écrire ; puis il apprend le métier de tailleur qu’il va exercer toute sa vie. Il épouse Félicie le 11 septembre 1894 à Tunis.
Félicie et Joseph Secnazi[17]
Le couple va avoir trois enfants, tous nés à Tunis : Albert, le 27 décembre 1895, qui prendra son rôle d’aîné au sérieux, puis Henry le 22 décembre 1898, et Gaston le 7 avril 1901, le benjamin.
Après la naissance de Gaston, la famille part s’installer à Paris où elle rejoint les Driay. Les raisons du départ ne nous sont pas connues. Mais il est permis de penser que l’installation à Paris des frères de Félicie, Charles et Félix Driay, en 1889 soit deux ans après le décès du père, a dû jouer un rôle. Petit à petit, la fratrie de Félicie va se recomposer dans la capitale française, autour de leur mère Léa, désormais veuve avec deux enfants en bas âge : Rachel et Félix.
La « migration familiale est l’une des caractéristiques du mouvement […]. Non seulement, les immigrants arrivent par familles restreintes, composées des parents et de leurs enfants, mais encore ils tendent à reconstituer, dans une certaine mesure, le groupe familial au sens large.[18]»
En 1909, les Secnazi vivent au n°1 rue de Damiette à Paris II°[19], ainsi que Félix Driay, frère de Félicie, graveur et doreur qui, plus tard, deviendra bijoutier.
Peu après, la famille déménage au 39 rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris X°, où elle va vivre durablement jusqu’au début des années 1950.
39 rue du Faubourg Saint-Martin
D’après les différents recensements consultés[20], entre 15 et 23 familles résident dans cet immeuble, dont les Secnazi et les Driay. Cette étroite cohabitation est restée dans la mémoire familiale[21]. Les trois fils de Joseph et de Félicie reçoivent une bonne éducation.
La fratrie : Albert (assis), Gaston et Henry[22]
Incorporé en 1914, dans l’infanterie, puis dans l’aviation de l’Armée d’Orient, en tant que soldat de 2ème classe, Albert est démobilisé en octobre 1919[23] ; il revient au domicile familial, bardé de décorations : Médaille de la Victoire, Médaille commémorative française de la Grande Guerre, Médaille Interalliés, Médaille d’Orient, Croix du Combattant volontaire. Il reprend son métier d’imprimeur, appris sans doute auprès de son oncle maternel, Maurice Driay (Tunis 1875 – Paris 1958), imprimeur typographe. En 1922, il épouse Renée Esther Narboni (Paris 1899 – Draveil 1990), dactylographe ; le couple aura un fils, Joseph Jacques (Paris 1926 – Arpajon 2001).
Quant à Henry, il est voyageur de commerce ; célibataire, il vit chez ses parents lorsqu’il est à Paris. Il meurt brusquement le 27 juillet 1934 à la gare de Dol-de-Bretagne[24] (Ile-et-Vilaine). C’est Albert qui s’occupe des formalités et des obsèques.
Un fils artiste
Vraisemblablement, Gaston est allé à l’école primaire de son quartier. Était-il différent des autres enfants ? Plus sensible ? Plus introverti ? Par quels desseins secrets du destin s’est-il intéressé à la danse ? Par la musique qui l’incitait à se mouvoir pour s’exprimer ?
A-t-il été influencé par des voisins musiciens ? Dans son immeuble, ont vécu des artistes lyriques[25] : Victor Pignolet (Reims 1882 – Paris 1953[26]), compositeur[27] notamment de La Déesse en Folie, opérette en 3 actes créée à l’Excelsior Concert en 1922[28], ou encore d’Antoine et son cochon, créée en 1930 ; Eugène Edmond Génin (La Chaux de Fonds, Suisse, 1871[29]), Louis Julien Augustin Digoudé dit Diodet Digoudé[30] (Constantine, Algérie, 1867 – Paris 1947), chef d’orchestre, compositeur et aussi éditeur de musique.
Celui-ci apparaît dans le recensement de 1936, quand la population de l’immeuble devient beaucoup plus cosmopolite, avec l’arrivée de familles originaires d’Algérie, de Tunisie, de Russie, d’Allemagne, de Grèce, de Pologne et de Suisse.
« La danse est le premier-né des arts. La musique et la poésie s’écoulent dans le temps ; les arts plastiques et l’architecture modèlent l’espace. Mais la danse vit à la fois dans l’espace et le temps. Avant de confier ses émotions à la pierre, au verbe, au son, l’homme se sert de son propre corps pour organiser l’espace et pour rythmer le temps. »[31]
Si dans la culture tunisienne, aussi bien musulmane que juive, la danse est omniprésente, elle n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude générale, mais seulement de rares articles sur des périodes précises : l’antiquité, la Tunisie précoloniale, les débuts du protectorat, la période contemporaine[32]. De ces écrits, il ressort que les activités physiques traditionnelles à caractères hiératique, religieux et mystique (dont la danse), professionnel ou militaire, ou bien à fonction ludique, concernaient essentiellement les hommes musulmans. Une culture corporelle traditionnelle pré-existait donc à l’irruption et à l’installation des activités physiques et sportives occidentales en Tunisie, en particulier la danse classique dont l’enseignement a concerné essentiellement les Européens[33], les filles plus que les garçons. Car la danse était jugée trop féminine par la société tunisienne et portait atteinte à la virilité masculine.
Pourtant, un homme va oser danser dans les années 1920, androgyne travesti en femme. Ouled Jellaba est stigmatisé, exclu, « doublement sanctionné par une société conservatrice qui néglige totalement la dimension créative de ses spectacles. [34]»
Vraisemblablement, le milieu familial a été étranger à ce goût pour la danse, faute de traditions culturelles en Tunisie, trop préoccupé par les contingences matérielles. Mais il ne s’y est pas opposé non plus. La profonde affection qui liait les membres de cette famille a permis le développement des dispositions naturelles de Gaston, l’éclosion de son talent.
A-t-il étudié la danse classique ? Rien ne permet de l’affirmer. Cependant, en 1925, un chroniqueur écrit : « Le jeune danseur Gaston Gerlys a commencé sa carrière à l’Opéra-Comique[35] ; il a reçu le précieux enseignement de la regrettée Mariquita et il sait à l’occasion s’en souvenir. »[36] Ce qui laisse entendre qu’il a suivi des cours à l’Opéra-Comique où il a fait ses débuts.
Marie-Thérèse Gamalery dite Madame Mariquita, (Alger 1838/1840 – Paris 1922) était une danseuse espagnole, restée célèbre comme chorégraphe et maîtresse de ballet de 1898 à 1920[37] à l’Opéra-Comique. Jules Massenet la qualifia de « la plus artiste de toutes les maitresses de ballet »[38]
Gerlys
Danseur, artiste chorégraphique[39], Gaston Secnazi va exercer son art sous le pseudonyme de Gaston Gerlys, peut-être pour ne pas heurter les susceptibilités familiales, pour ne pas contrevenir à l’honorabilité d’une famille connue, mais aussi probablement pour avoir un « nom de scène ».
En 1916, alors qu’il n’a que quinze ans, Gerlys se fait remarquer dans des ballets[40]. Très rapidement, il est à l’affiche dans des revues à Paris, puis la célébrité venant, il est appelé dans des music-hall en province. En septembre 1919 à Marseille, on annonce la participation de « Gaston Gerlys, le plus élégant des compères, danseur admirable, qui vient de triompher aux Folies-Bergère de Paris », à la « grande revue locale d’Antonin Bossy.[41] »
Les années 1920 sont les Années folles, période d’intense activité sociale, culturelle et artistique, en réaction aux horreurs de la Première Guerre mondiale qui, croyait-on, serait « la der des der ». Une génération nouvelle rêve d’un monde nouveau et proclame « Plus jamais ça ! ». On s’empresse de lui proposer de nouvelles griseries sur fond de musique. Venu des États-Unis avec les Alliés, le jazz fait son apparition mais également la danse qui introduit la danse de couple (social, compétition ou spectacle), la radio et les sports, sur fond de très forte croissance économique.
C’est aussi la période où le music-hall remplace définitivement le café-concert. On va au Casino de Paris ou au Concert Mayol[42] comme on va au théâtre : les spectateurs, les attractions et les chansons se succèdent à un rythme rapide. Les décors et les costumes fantaisistes des artistes sont dessinés par des peintres en vogue.
Et c’est au Concert Mayol que, de retour à Paris, Gaston Gerlys danse dans Tout à l’amour ![43], puis aux Ambassadeurs dans La Revue légère, où il est qualifié d’«extraordinaire » dans la scène « La taxe d’amour » qu’il joue avec Peggy-Vère[44]. Désormais, son nom sera associé à celui de ses partenaires avec lesquelles il danse en couple.
Cette même année, un journaliste note : « Gaston Gerlys le jeune danseur dont nous avons tant apprécié le talent au dernier spectacle des Ambassadeurs, hésite entre Londres et Paris, où de fastueux impresari se le disputent à prix d’or ».[45]
En effet, en novembre 1920, Gaston Gerlys commence une carrière internationale à Bruxelles : « On nous signale l’éclatant succès remporté par le danseur Gaston Gerlys et sa partenaire Loulou Hegoburu[46] dans la nouvelle revue de l’Alhambra. »[47]
En avril 1921, il obtient un vif succès à La Gaîté-Rochechouart à Paris dans la nouvelle revue Ça t’étonne ! de Saint-Granier et Briquet, deux jeunes auteurs. Le compte-rendu de Géo London est particulièrement élogieux.
Géo London, ʺÇa t’étonne ! de Saint-Granier et Briquetʺ[48]
Puis il est à Biarritz au cours de l’été 1921. Il danse avec Jeanne Peyroux dite Mona Païva, c’est sa première collaboration avec une danseuse étoile.
En octobre, le couple se produit à l’Opéra-Comique dans « […] un ballet de Jean Huré, Au Bois Sacré, que Louise Stichel nommée maîtresse de ballet régla avec son “imagination inépuisable”. D’une formule nouvelle avec choeurs et récits, Sonia [Pavlova] si expressive en nymphe, fut longuement applaudie, ainsi que Jeanne Peyrouix, dite Mona Païva et Gaston Gerlys, nouvellement recrutés. »[49]
En 1923, nommé premier danseur de l’Opéra-Comique, il se produit sur de nombreuses scènes. « Parmi les vedettes engagées dans la prochaine revue En pleine folie, il convient de citer le nom de M. Gaston Gerlys, premier danseur de l’Opéra-Comique qui fera, dans ce spectacle, plusieurs intéressantes créations au cours desquelles il affirmera une fois de plus ses qualités de composition chorégraphique et sa technique sûre si appréciée de la Salle Favart.[50] » Sa partenaire est alors Lydia Johnson[51] que Gerlys aura l’occasion de retrouver dans d’autres distributions. Les critiques ne tarissent pas d’éloges, le qualifiant de danseur « splendidement allural »[52], d’«un de nos plus merveilleux danseurs »… « Dans la plupart des scènes, le danseur Gaston Gerlys, prêté par l’Opéra-Comique, se montra véritablement d’une classe très supérieure. »[53] On écrit aussi qu’il est un « danseur remarquable de grâce, de force et de souplesse » [54]
En 1924, il se produit avec une autre danseuse aux Ambassadeurs dans la revue C’est d’un chic ! « M. Gaston Gerlys est le parfait partenaire de Mlle Napierkowska, avec laquelle il a partagé les bravos enthousiastes du public. Souple et bondissant, nerveux et fort, d’une plastique impeccable, M Gaston Gerlys danse avec une adresse, une précision et une sûreté remarquables. Ses progrès sont constants et rapides, ils viennent de s’affirmer encore sur la scène des Ambassadeurs. »[55]
Le succès lui offre de nouvelles opportunités. C’est ainsi qu’il fait partie de la distribution qui va jouer la nouvelle comédie musicale de Sacha Guitry et Reynaldo Hahn, Mozart, créée au Théâtre Edouard VII le 1er décembre 1925, aux côtés de Sacha Guitry lui-même et d’Yvonne Printemps[56].
Affiche de Mozart[57]
Toujours aussi actif, Gaston Gerlys enchaîne les spectacles avec sa nouvelle partenaire : Diane Belli.
« Mais à ce nouveau programme de l’Empire […] ne figureront plus les danseurs Gaston Gerlys et Diane Belli, dont le numéro vaut d’être signalé pour sa présentation, son esthétique, ses costumes, son « nu » (il est plus facile de porter le costume que le nu), son travail et ses recherches personnelles. Sans doute, de nombreux rôles de danseur dans les revues des Folies-Bergère, des Ambassadeurs, de Mayol, après ses débuts éclatants à l’Opéra-Comique avaient permis à Gaston Gerlys de donner sa mesure chorégraphique, de nous montrer sa plastique, de dégager aussi cette nervosité sympathique qui anime son jeu. »[58]
Affiche Diane Belli et Gaston Gerlys[59]
À la suite de ses nombreux succès, Gaston Gerlys va faire une carrière à l’international. Il commence par l’Allemagne. « De Munich – On signale le très vif succès remporté dans la revue du Deutsches Theater par le charmant couple de danseurs français Gaston Gerlys et Lysia. »[60], puis on le retrouve à Berlin et à Francfort. En 1929, il est en Espagne, en 1930 à Londres, en 1931 à Alger, puis à Buenos-Ayres en Argentine.
« De Buenos-Ayres. – Toute l’élite de la société argentine et les membres de la colonie française ont assisté aux sensationnels débuts des danseurs Gaston Gerlys et Lysia à l’occasion de la réouverture de l’Armenonville. Le succès des deux réputés artistes a été triomphal. »[61]
De retour en Europe en 1932, il est en Scandinavie. Puis en 1935 de nouveau à Londres. « De Londres. – Les danseurs français Gaston Gerlys et Lydia, qui viennent d’effectuer avec un grand succès une tournée dans les théâtres Paramount, viennent de conclure un important contrat pour l’Australie et s’embarqueront le 27 de ce mois. »[62]
Gaston Gerlys et Lydia[63]
Lorsqu’il est en France, entre deux voyages, il continue à danser dans différents spectacles. Ainsi, en septembre 1936 : « Au Trianon-music-hall qui chaque semaine nous restitue une ou plusieurs de nos vedettes préférées, Gaston Gerlys et son exquise partenaire, après Londres et les Amériques, ont fait une rentrée particulièrement applaudie. Leur numéro, où la finesse de l’observation le dispute à l’audace acrobatique et l’audace à la science chorégraphique, est de ceux que les Anglais préfèrent. Nous aussi. »[64]
Sa notoriété le conduit à mener également une vie mondaine : il est vu lors de la Course des Six Jours[65] ; il prête son concours à « La Grande nuit des Vedettes », avec d’autres artistes dont Michel Simon, organisée par le journal « Holahée ! » au profit de la Caisse de secours de l’Association générale des étudiants de Paris le vendredi 18 mai 1934, dans les salons Monceau[66] ; ou encore, en été, il séjourne « Chez Nine, la fameuse restauratrice de la rue Victor-Massé qui tient un hôtel au Val d’Esquières, non loin de Toulon, pour ses habitués parisiens.[67] »
Ces entrefilets montrent bien l’intérêt des chroniqueurs pour celui qui a voué toute sa vie à la danse et dont la réputation a largement dépassé les frontières.
En novembre 1939, il participe à « La Revue des revues »[68] avec Lydia, dernier spectacle dont nous ayons connaissance par la presse. La guerre a éclaté, l’heure n’est plus aux réjouissances.
« Lorsque je danse je ne peux pas juger, je ne peux pas haïr, je ne peux me séparer de la vie. Je peux seulement être heureux et complet. C’est pourquoi je danse.[69] »
En 1941, Gaston est à Alger[70]
Les raisons de son séjour ne sont pas connues : pour participer à des spectacles ? Sans doute. Reste la question d’importance : pourquoi n’est-il pas resté à Alger ? Cela semble évident aujourd’hui parce que nous connaissons la suite de l’Histoire. Mais quand on se met à sa place, c’est plus compliqué. Rester à Alger ? Quitter ce qui le constitue ? Ceux qu’il aime, ceux qu’il a aimés, les rues de Paris, les amis ? Les revues, les théâtres, la belle vie entre deux spectacles, tout ce monde trépidant du music-hall ? Se déposséder de tout ? Il ne s’y résout pas.
Pourtant il y aurait bien l’alternative de la Tunisie, son pays natal, mais il n’y a plus aucune attache, ses parents ayant rompu les ponts après leur arrivée en France. De plus il ne pourrait plus exercer son métier, sa raison de vivre. Car le monde de la danse a changé à Tunis, désormais la mode est aux danseuses.
Bien sûr, il y a les lois édictées sur le statut des Juifs, faisant de ces derniers une catégorie à part de la population. L’article 9 du statut des Juifs d’octobre 1940, puis l’article 11 du statut de juin 1941 spécifient que « la présente loi est applicable à l’Algérie, aux colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat ». Mais il ne s’est jamais occupé de politique et ne se sent pas concerné. On lui a dit qu’en zone libre le régime différait selon la nationalité des personnes entre les ressortissants des pays annexés par le Reich, les simples étrangers et les Français.
À Alger, il reprend donc le bateau pour Marseille, puis le train pour Lyon. La ville, alors en zone libre, compte une communauté juive importante dont des natifs de Tunisie. Comme partout en France, la communauté juive se sent intégrée et ne pense pas qu’il soit nécessaire de partir. Sans doute, Gaston a-t-il imaginé qu’il y serait à l’abri, qu’il pourrait y trouver de l’aide. Ironie du sort, c’est par le biais d’une religion qu’il maintenait à distance qu’il espère s’en sortir.
De la lumière à l’ombre
À Lyon, il est domicilié au n°10 rue Dubois dans le 2ème arrondissement, à l’hôtel de Bretagne, vieil établissement[71] réputé, bien situé près de la gare et non loin de la place Belcourt où vivent des familles juives tunisiennes[72].
Gaston est arrêté à Lyon le 17 juillet 1944 pour motif « racial » : dans la rue ? ou bien à l’hôtel qui devait tenir à jour les registres de voyageurs? Il est alors emprisonné au Fort de Montluc. Aucune fiche n’est établie, il existe seulement une simple annotation sur un bout de papier[73].
Il est transféré quelques jours plus tard à Drancy où il arrive le 24 juillet 1944 et interné sous le matricule n°25.745. D’après le Carnet de fouille n°157[74], il possède 1.875 francs. Lui, le danseur fin et sensible, qui avait mené « une vie riche en plaisirs », est confronté à des conditions épouvantables : promiscuité, manque d’hygiène, faim, soif. Dans quel état d’esprit se retrouve-t-il ?
Le 31 juillet 1944, il monte dans le dernier grand convoi emmenant des juifs de Drancy à Auschwitz. Car en France, comme ailleurs, le concours des chemins de fer a été indispensable pour la mise en œuvre de la “Solution finale de la question juive en Europe”.[75]
Carte du réseau des chemins de fer en Europe[76]
Pendant quatre longs jours et trois longues nuits, les wagons plombés roulent, sans air, sans lumière, sans nourriture et très peu d’eau. Avec la chaleur suffocante, les odeurs deviennent pestilentielles. Comment Gaston essaye-t-il d’échapper à cette atmosphère irrespirable ? Voit-il des images de sa vie défiler devant ses yeux ? Entend-il la musique des ballets et des revues ? Sait-il que ses vieux parents ont été épargnés ? A-t-il imaginé que l’Allemagne si cultivée, l’Allemagne de la philosophie et de la musique, l’Allemagne qui l’avait accueilli et tant applaudi, avait subi « une rupture dans la civilisation[77] » ? Sûrement pas.
Le 3 août 1944, enfin, le train s’arrête dans un bruit strident. Puis il entend le fracas des portières, la clameur des gens qui se ruent hors du train. Il est arrivé. Étant encore jeune et en bonne santé, on le met dans la file de ceux qui pourront travailler. Aussitôt, les étapes de la déshumanisation se succèdent : la confiscation des quelques biens et effets personnels, la nudité, la tonte des cheveux, le tatouage sur le bras gauche B 3920, les vêtements, trop grands ou trop petits car récupérés sur les morts. Il ne reste rien de la « vie d’avant ». Puis il est conduit dans la baraque où il retrouve deux cousins du côté maternel : Victor et Jacques Driay[78].
De même que ses cousins, il est affecté au Kommando Petersen Kanalisation pour creuser des tranchées à l’extérieur du camp. Comme tous les autres, Gaston travaille dans des conditions extrêmement difficiles, dès le lever du jour, après l’appel du matin sur la place. Le travail est éreintant, ceux qui s’arrêtent sont battus, quelquefois à mort. Le déjeuner se compose d’une soupe.
Mi-septembre, Gaston est très mal en point. Malgré « un caractère fort et volontaire », il ne résiste pas à ces conditions de vie abominables. Il se sent broyé par la brutalité et l’inhumanité, la terreur l’envahit. Démuni face à une situation à jamais incompréhensible, désespéré, il ne réussit plus à résister.
« De la postérité je n’ai plus de souci,
Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,
Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient.[79] »
Un soir, il est sélectionné. « Le soir du 2 Octobre, un appel a lieu, sans prévenir. Tous les bagnards sont mis nus devant un officier, qui prend note des matricules de ceux qui doivent être gazés. […] Gaston a été noté. […]»[80]
L’appel (Roll-call 1941/1942) de Wincenty Gawron[81]
Gaston est conduit, avec les autres « sélectionnés », à Birkenau. « Deux jours après, 800 Juifs passent au crématoire. Gaston en est. »
En tant qu’« ancien camarade de captivité », Victor Driay témoignera après la guerre :
« Je pus constater tous les signes extérieurs qui accompagnaient les exterminations tels que : fumée et flammes sortant des fours, odeur de chair brûlée qui se répandait à une grande distance, retour au camp des vêtements des prisonniers. »[82]
La douleur infinie
Vraisemblablement, ses parents et son frère Albert se sont mis très tôt à la recherche de Gaston ; en effet, dès le 12 octobre 1944, Le Directeur des Services Fichiers et Statistiques du Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés atteste que, d’après ses archives, Gaston a été arrêté à Lyon, interné au Camp de Drancy du 24 juillet 1944 au 31 juillet 1944, date de sa déportation.
Après la guerre, Victor et Jacques Driay, qui ont survécu, ont informé la famille de Gaston. Comment dire « l’indicible » ? Quels mots ont-ils pu utiliser ? Qu’ont-ils dit et qu’ont-ils tu ?
Courageusement, Joseph Secnazi va faire les démarches nécessaires pour obtenir le certificat modèle ʺMʺ n°18.083 qui lui est remis le 21 mars 1946.
À la suite de la déclaration de Victor Driay : « Vu les faits sus exposés, je peux donc certifier sous la foi du serment que mon cousin porté disparu à ce jour, est décédé dans les circonstances que j’ai relatées. »[83], l’acte de décès de Gaston est établi le 7 janvier 1947, puis transcrit le 10 novembre 1947 dans les registres de l’état civil du 10ème arrondissement de Paris. À la demande de son père, la mention « Mort pour la France » est inscrite sur son acte de décès le 13 janvier 1948.
En avril 1951, le certificat « pour l’application de l’exemption du droit de mutation par décès en faveur des successions de victimes de guerre par les articles 10 et 12 de la loi du 31 décembre 1939 » avec mention Cause du décès : « Extermination dans un camp de DÉPORTATION » est délivré à la famille.
Félicie ne verra pas l’aboutissement du dossier. Elle est anéantie par la mort de son fils dans des conditions qu’elle ne comprend pas mais dont elle appréhende le côté effroyable. L’absence de tombe ne lui permet pas d’aller se recueillir, ni de faire son deuil peu à peu. Elle meurt le 10 février 1950.
Joseph est accablé, écrasé de douleur à la suite de ces décès successifs. Les démarches administratives pour que la mort de son fils soit inscrite en décès, avec les mots justes et la reconnaissance y afférente, ne comblent pas l’absence, le vide est de plus en plus profond. Il s’éteint le 7 février 1953.
C’est donc Albert qui reprend le dossier. En novembre 1953, il fait la demande d’attribution du titre de « Déporté politique » pour son frère Gaston, qu’il reçoit le 19 décembre 1955, mettant fin à onze années de procédures administratives. Ne restait plus que le souvenir d’un frère aimé, disparu tragiquement.
[1] Ce titre prend sa source dans les récits d’anciens déportés. Quand un des leurs était malade, on lui disait « Retiens ta vie ».
[2] Portrait publié sur le site de Yad Vashem : https://yvng.yadvashem.org/index.html?language=fr&s_id=&s_lastName=SECNAZI&s_firstName=&s_place=&s_dateOfBirth=&cluster=true
[3] Aragon (François la Colère), « Musée Grévin », 16 octobre 1943. S.n. (Les éditions de minuit & La Bibliothèque Française), s.n. (Paris & Saint-Flour) s.d. (1943).
[4]Spectacle intitulé ʺMémoires d’un vieux tziganeʺ, compte-rendu de Nicole Bourbon : https://www.regarts.org/Danse/memoires-dun-vieux-tzigane.htm
[5] Expression de Sabine Forero Mendoza, ʺ « Et nous, nous sommes les porteurs. » Ceija Stojka et la mémoire du génocide tsiganeʺ, in Presses Universitaires de France, Ethnologie française, XLVIII, 2018/4, p. 699-706.
[6] Il s’agit de Eva Fahidi (née en 1925 en Hongrie), écrivaine hongroise rescapée d’Auschwitz. Noémie Halioua, ʺÀ 90 ans, une rescapée d’Auschwitz danse pour témoignerʺ : https://www.lefigaro.fr/culture/2016/01/25/03004-20160125ARTFIG00234–90-ans-une-rescapee-d-auschwitz-danse-pour-temoigner.php
[7] Aucune recherche n’a été faite sur les danseurs et les danseuses déportés. Deux noms seulement sont passés à la postérité : celui de Franciszka Mann (1917-1943) et celui de Maria Rubinstein (1914-1942) que son frère jumeau, Sylvin Rubinstein (1914-2011) vengea, « danseur de flamenco qui se déguisait en femme pour tuer des nazis ».
[8] Référence à l’ouvrage de Jacques Hassoun, Non Lieu de la Mémoire. La cassure d’Auschwitz, Paris, Bibliophane, 1990.
[9]Dossier SECNAZI Gaston DAVCC 21 P 537 750.
[10] Je les en remercie bien sincèrement.
[11] Collection privée de Alfa Souika.
[12] Le rabbin Moché Uzan a effectué des recherches dans les archives de la communauté juive de Tunisie. Je saisis cette occasion pour l’en remercier vivement. Par ailleurs, il faut souligner que le patronyme SECNAZI a plusieurs orthographes en Algérie et en Tunisie : Eskenazi / Skenadji / Seknagi / Esquinazi / Askinazi, ce qui complique les recherches.
[13] Elie Drai, La déportation de la famille Driay, p. 10. https://fr.calameo.com/books/005017555e32fcda840a8
[14] Acte de décès transmis aimablement par Moché Uzan, rabbin à Tunis.
[15] Elie Drai, La déportation de la famille Driay, p. 10.
[16] Jean-Claude Kuperminc, ʺLe regard des premiers instituteurs de l’Alliance israélite sur les Juifs de Tunisieʺ, in Cohen-Tannoudji Denis, Entre Orient et Occident. Juifs et Musulmans en Tunisie, Éditions de l’Éclat, Collection Bibliothèque des fondations, 2007, p. 347-356.
[17] Collection privée de Corinne Bacchetta.
[18] Doris Bensimon-Donath, L’Intégration des Juifs nord-africains en France. Nice : Institut d’études et de recherches interethniques et interculturelles, 1971, (p. 3-263), p. 40.
[19] Archives de Paris X°, acte de mariage du 14 août 1909 : Joseph est témoin au mariage de sa belle-soeur Rachel Driay avec David Berrebi.
[20] Archives de Paris X°, recensements de 1926, 1931 et 1936. Il convient de préciser que les recensements ne commencent à Paris qu’en 1926, contrairement aux autres communes françaises.
[21] Corinne Bacchetta, témoignage oral du 26 avril 2021.
[22] Collection privée de Corinne Bacchetta
[23] SECNAZI Albert, Archives de Paris, fiche matricule n°734
[24] L’Ouest-Éclair (Rennes) – 1934/07/29 (Numéro 13779), p. 11.
[25] Archives de Paris X°, quartier Porte Saint-Martin, recensement de 1926, vues 239/661 et 240/661. Archives de Paris X°, quartier Porte Saint-Martin, recensement de 1931, vues 219/629 et 220/629. Archives de Paris X°, quartier Porte Saint-Martin, recensement de 1936, vue 219/314.
[26] Archives de la Marne, classe 1902, fiche matricule n°1148 ; Archives de Paris XVI° acte de décès n°165.
[27] BNF Data : https://data.bnf.fr/fr/16568717/victor_pignolet/
[28] https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Cinquante%20ans%20-%20operette.html
[29] Archives du Doubs, recrutement de Besançon, classe 1891 fiche matricule n°1033
[30] Arbre généalogique de Jean-Claude Gosselin : https://gw.geneanet.org/sjc0328?n=digoude&oc=&p=louis+julien+augustin
[31] Curt Sachs, Introduction à l’Histoire de la danse, Gallimard, 1938, p. 7.
[32] Bertholon Dr., ʺEssai sur la religion des Libyensʺ, Revue Tunisienne, 1909, T. XVI. Erraïs Borhane, Ben Larbi Mohamed. ʺEthnographie des pratiques corporelles dans la Tunisie précolonialeʺ, Cahiers de la Méditerranée, Numéro thématique Les Maghrébins et la culture du corps, n°32, 1, 1986, p. 3-24. Étienne Deyrolle, ʺLes Danseurs Tunisiensʺ, in Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, VI° Série. Tome 2, 1911, p. 262-267. Maud Nicolas, ʺDu divertissement au loisir à Tunis : le cas de la danseʺ, in Anna Madœuf, Robert Beck, Divertissements et loisirs dans les sociétés urbaines à l’époque moderne et contemporaine. Actes du colloque Divertissements et loisirs dans les sociétés urbaines, une approche comparative monde occidental-monde musulman, Université François-Rabelais de Tours, 15-17 mai 2003, Presses universitaires François-Rabelais, 2005, p. 133-144.
[33] Parmi les professeurs, citons Eugénie Antoinette Staats (Paris 1875 – Tunis 1939), maîtresse du corps de ballet à l’Opéra National à Paris, puis au Théâtre municipal de Tunis. Elle fut également professeur de danse et de culture physique à l’École Normale et l’École Paul Cambon. Son enseignement lui valut les Palmes académiques (1929). Elle était la sœur du célèbre danseur Léo Staats (1877-1952) qui fut maître de ballet de l’Opéra de Paris (1908-1928). Source : Danielle Laguillon Hentati, Les Palmes académiques en Tunisie (1881-1956) – ouvrage en préparation.
[34] Rim Benrjeb, ʺOuled Jellaba, une métamorphose d’un corps sexuéʺ : http://www.misk.art/lire/ouled-jellaba-une-m%C3%A9tamorphose-d%E2%80%99un-corps-sexu%C3%A9
[35] Ses principaux rôles créés : GERLYS crée Polyphème (Dieu Pan), Au Beau Jardin de France (Vertumnus), Au Bois sacré (le Satyre).
[36] Le Petit Journal, 25 juillet 1925, p. 4.
[37] https://www.artlyriquefr.fr/dicos/Danse%20Opera-Comique.html
[38] Thierry Malandain and Hélène Marquié, “Dans les pas de Mariquita”, Recherches en danse [Online], 3 | 2015, Online since 19 January 2015, connection on 06 June 2021. URL: http://journals.openedition.org/danse/922; DOI: https://doi.org/10.4000/danse.922
[39] Dossier SECNAZI Gaston ; Yad Vashem : https://yvng.yadvashem.org/index.html?language=fr&s_id=&s_lastName=SECNAZI&s_firstName=Gaston&s_place=&s_dateOfBirth=&cluster=true
[40] Corinne Bacchetta, témoignage oral du 26 avril 2021.
[41] Le Petit Marseillais, 7 septembre 1919, p. 3.
[42] Le Concert-Parisien, devenu Concert Mayol en 1909, était alors situé rue de L’Échiquier (Paris X°), près du domicile familial.
[43] L’Homme libre (Paris. 1913) – 1920/01/09 (Année 8, N°1267)
[44] La Rampe 11 juillet 1920, p. 14. – Peggy Vere était une artiste de music-hall britannique, danseuse et chanteuse, également comédienne et actrice de cinéma. Elle se produisit en France de 1913 à 1940.
[45] Les Potins de Paris, 15 juillet 1920 (Paris. 1918) – 1920/07/15 (Année 4, N°172), p. 16.
[46] Marie-Louise Hégoburu (Bordeaux 1898 – La Celle-Saint-Cloud 1947) était une artiste de music-hall, danseuse, meneuse de revue, chanteuse et actrice de cinéma française.
[47] Le Figaro, 10 novembre 1920, p. 5.
[48] Extrait de : Géo London, ʺÇa t’étonne ! de Saint-Granier et Briquetʺ, L’œuvre, 1er avril 1921, p. 4.
[49] Journal d’information du Centre chorégraphique national de Nouvelle-Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques, Malandain Ballet Biarritz, Numéro 82, avril/juin 2019, p. 19.
[50] Le Figaro, 3 mars 1923, p. 4.
[51] Lydia Johnson (Rostov, Russie, 1896 – Naples, Italie, 1969) était une danseuse et actrice russe. Après des études de danse classique à l’école de danse de A. Nelidov, elle débuta au Théâtre Mamontov de Moscou où elle fut la partenaire du danseur anglais Albert Johnson ; le couple se maria et eut une fille qui allait mener une carrière d’actrice en Italie sous le nom de Lucie d’Albret. Après la Révolution d’Octobre, Lydia se réfugia en Italie ; elle eut une longue carrière entre France et Italie. Source : http://www.russinintalia.it/dettaglio.php?id=812
[52] Louis Lemarchand, ʺCe qu’est une « super-revue »ʺ, in Le Journal, 10 mars 1923, p. 4.
[53] G. de Pawlowski, ʺPremière aux Folies-Bergère “En pleine folie”ʺ, in Le Journal, 11 mars 1923, p. 5.
[54] La République française, 26 mars 1923, p. 4.
[55] Le Figaro, 3 juin 1924, p. 3. – Stacia Napierkowska (Paris 1891 – 1945) était une danseuse française d’origine polonaise, et actrice à la très longue filmographie.
[56] Yvonne Printemps (Ermont-Eaubonne 1894 – Neuilly-sur-Seine 1977) était une soprano lyrique et actrice dramatique française qui connut un vif succès dans l’entre-deux-guerres.
[57] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90109740?rk=21459;2
[58] La Presse, 28 mars 1926, numéro 4060, p.2
[59] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90109740.item
[60] Le Journal, 15 mai 1928, p. 4.
[61] Le Journal, 17 novembre 1931, p. 6.
[62] Le Journal, 19 février 1935, p. 7.
[63] Photo faite d’après un film très court : https://youtu.be/OV_OVKVPo5Q?t=163. Je saisis cette occasion pour remercier Corinne Bacchetta qui m’a transmis le lien, ainsi que Sönke Fenzl et Rim Fenzl Hentati qui m’ont apporté une aide précieuse pour la réalisation de ces photos.
[64] Chronique ʺMusic-halls et Cabaretsʺ, signée de Marc Blanquet, ʺMireille à l’Alhambra ; le programme de l’Empire ; « Atout…au coucou » au Coucou ; la rentrée de Gerlysʺ, Le Journal, 27 septembre, 1936, p. 8.
[65] Paris-Soir, 8 avril 1932, p. 4. – Les courses de six jours (en abrégé les Six Jours pour une ville organisatrice donnée) étaient des compétitions de cyclisme sur piste composées d’un programme mêlant des épreuves cyclistes et des divertissements.
[66] Le Jour, 13 mai 1934, p. 7.
[67] Chanteclerc, 25 octobre 1934, p. 3.
[68] Paris-Soir, 29 novembre 1939, p. 2.
[69] Paroles de Hans Bos, danseur : https://balletmanilaarchives.com/home/2020/2/17/3mmf4j2c31i0m0yytvpi3tr2bivg3f
[70] Corinne Bacchetta, témoignage oral du 26 avril 2021.
[71] Contacté par téléphone le 19 juillet 2021, le réceptionniste nous a indiqué que cet hôtel était en activité depuis 200 ans, sans interruption.
[72] « Le voyage sans retour d’Abraham Albert Boucara », http://www.convoi77.org/deporte_bio/abraham-boucara/; « La vie brisée de Laure Cohen », http://convoi77.org/deporte_bio/laure-cohen-nee-taieb/; ʺEn mémoire de Dario Boccaraʺ, http://convoi77.org/deporte_bio/dario-boccara/; ʺLa vie inachevée d’Élie Gaston Setbonʺ, https://convoi77.org/deporte_bio/elie-setbon/.
[73] https://archives.rhone.fr/ark:/28729/cqh9183zt0n6/fe1ca081-026d-40eb-a981-e2afa2fd3168
[74]https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=identifiant_origine%3A%28FRMEMSH0408707130635%29
[75] Jochen Guckes, Le rôle des chemins de fer dans la déportation des Juifs de France, Centre de Documentation Juive Contemporaine, « Revue d’Histoire de la Shoah », 1999/1 N°165, p. 29-110.
[76] Source : https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/map/european-rail-system-1939?parent=fr%2F5789
[77] Expression utilisée par Jacques Hassoun, Non Lieu de la Mémoire. La cassure d’Auschwitz, op. cit.
[78] Attestation de Jacques Driay du 28 février 1946, Dossier SECNAZI Gaston.
[79] Joachim du Bellay, ʺLas, où est maintenant ce mépris de Fortuneʺ, Les regrets, (1558).
[80] Elie Drai, La déportation de la famille Driay, p. 30.
[81] L’appel (Roll-call 1941/1942) de Wincenty Gawron (1908-1991). Oil painting, plywood, 87 x 105 cm, USA 1964. Collections of the Auschwitz-Birkenau State Museum. https://historycollection.com/50-haunting-paintings-drawings-prisoners-auschwitz/2/
[82] Témoignage de Victor Driay du 31 mars 1946, Dossier SECNAZI Gaston.
[83] Témoignage de Victor Driay du 31 mars 1946. Dossier SECNAZI Gaston.
Quel travail !..Très intéressant et très touchant .
Félicitations Danielle.
J’ai passé un moment intense à vous lire.
Un grand merci au nom de nos disparus
Un bon travail, résultat de recherche intenses et minutieuses.HH
Merci Danielle pour ce beau texte. Pour ne jamais oublier.
super texte
je m’appelle JOSEPH SECNAZI……mon père s’appelais JACOB SECNAZI et mon grand père JOSEPH SECNAZI ……
LA SUITE SELON VOUS
CORDIALEMENT
JOSEPH SECNAZI
Bonjour
Je m’appelle Johan SECNAZI et suis originaire de Tunis. Je suis de la même famille que l’auteur du commentaire ci-avant le mien.
Mon père Charles. Son père, mon grand-père donc, Ange Mardochée né à Tunis en 1909 et donc frère de Jacob, et donc fils du même Joseph mentionné dans le message ci-avant le mien.
À vous lire.
Merci.
Bonjour à tous les descendants qui se sont manifestés sur cette page, de la part de l’équipe projet Convoi 77. Si vous souhaitez entrer en contact avec nous, il vous suffit d’utiliser le formulaire de contact, voire d’adhérer à Convoi 77.
Serge JACUBERT