Dans « Territoires vivants de la République »*, livre collectif conçu par Benoît Falaize qui présente un éclairage différent sur le « discours décliniste sur l’école », une partie est consacrée au projet Convoi 77.
Cet ouvrage entreprend de mettre en avant les « très belles réussites pédagogiques qui ne se disent pas », en réaction à une croyance répandue selon laquelle il serait difficile, voire impossible, pour les enseignants d’exercer leur métier dans les quartiers déshérités en France.
Dans une partie intitulée « La Shoah, un enseignement impossible ? », la parole est ainsi donnée à Anne Angles, professeure d’histoire-géographie basée à l’époque à Créteil, et à Claire Podetti, enseignante de la même discipline dans un collège de Palaiseau, dans l’Essonne. Toutes deux participent au projet Convoi 77.
« Le projet Convoi 77 vise à faire reconstituer par des classes de collégiens et de lycéens la biographie de [plus de 1 300 personnes] parties dans le dernier grand convoi de Drancy vers Auschwitz, le 31 juillet 1944. Il permet de replacer la Shoah dans une histoire européenne longue », écrivent-elles, étayant leur méthode de travail et l’impact de ces recherches sur leurs élèves de diverses origines.
« Chercher des sources, les croiser, les vérifier, les questionner, les mettre à distance, c’est cela faire de l’histoire. C’est également se heurter à l’absence de traces, de témoignages, d’images ou de possibilité d’identification et constater notre impuissance devant nos élèves », expliquent-elles. Un travail bénéfique et porteur, selon les deux professionnelles : « L’histoire de la Shoah devient l’histoire de tous nos élèves ».
* « Territoires vivants de la République » est paru en 2018 aux éditions La Découverte.